La partie d'échecs [Terminé]

Sujet: La partie d'échecs [Terminé] Sam 28 Mar - 6:00

- Hoho! Alors tu t'es décidé à déplacer l'un de tes cavaliers ? Intéressant...
Le vieil homme lisait sa longue barbe tout en réfléchissant avec un "mmm" méditatif. Il ne s'était visiblement pas attendu au dernier mouvement d'Accolon, son adversaire encapuchonné d'une longue pèlerine noire, lors d'une partie d'échecs sur une table reculée dans l'un des coins de l'Auberge Noire.

Des rumeurs couraient selon lesquelles le tournoi d'Irlande serait également ouvert aux Chevaliers de tous bords. Iseult était un avantage stratégique indéniable : avec elle, c'était tout le soutien de l'Irlande que l'on pouvait gagner. L'enjeu en valait la chandelle, mais d'un autre côté avec toute la Table Ronde hors de Camelot pendant le tournoi, le champs était libre pour la récupération des fragments de la massue de Dagda.
Accolon avait donc avancé un cavalier, tandis que l'autre restait en réserve.

Les échecs avaient toujours eu le don de lui faciliter la réflexion, et ses parties avec le vieil homme lui manquaient depuis qu'il était parti de Camelot. Accolon était un habitué de l'endroit depuis longtemps, il avait eu recours de nombreuses fois aux services de la "faune" qui traîne par ici déjà du temps où il servait Arthur. Si les clients habituels de l'Auberge n'avait en général que peu d'estime pour les Chevaliers, Accolon avait réussi à s'y faire une place, rendant des services à droite à gauche et n'hésitant pas à demander des faveurs en retour.
Et puis, maintenant au service de la Fée, il n'y avait qu'à l'Auberge Noire qu'Accolon, même à visage couvert, pouvait se permettre de séjourner dans l'enceinte même de Camelot.

- Mmm, tu me surprendras toujours autant vieillard... bouger ta tour à ce moment là...
- Flatteur ! Que c'est vil d'user de telles techniques sur un vieil homme comme moi. Tu avais prévu le coup, Accolon. Tu n'es pas mon meilleur adversaire pour rien... J'espère sincèrement que ta petite rébellion, la Fée Morgane et tout ça, ne te mèneront pas à ta perte plus tôt que prévu. Je m'ennuierai sans toi.
Accolon prenait le risque de venir à Camelot car, comme dans toute capitale, c'est là que l'on peut apprendre tous les bruits qui courent dans le royaume. Il avait surpris une conversation, il y a une demi-heure de cela, affirmant que la prise de contact d'Arthur avec les elfes serait couronée de succès. Une délégation peut-être ? Si tel était le cas, toute la question était : devait-il mener une embuscade avant ou après l'arrivée des Elfes à Camelot ?

Lorsqu'Accolon prit son fou en main, il pensa à Mélusine. Elle était en retard.
Ils s'étaient pourtant bien donnés rendez-vous à l'Auberge Noire (où diable Accolon aurait-il pu aller ? A la Galante ? Quelle blague !) pour que la demie Selkie lui fasse le compte rendu de sa chasse aux informations sur les fragments. Qu'importe, Mélusine n'était pas réputée pour être à l'heure et Accolon le savait pertinement. Espérons seulement qu'elle ne soit pas tombée sur un Chevalier un peu trop curieux.

- Hohoho! Aurais-tu bougé ton fou au hasard ?
Accolon eut un léger sourire, voyons voir si l'imprévisibilité de Mélusine pouvait servir à quelque chose.

L’Auberge Noire accueillait des clients de tous âges, toute apparence. Certains étaient des voyageurs sans histoire, d’autres se cachaient habilement dans un recoin sombre de la pièce, les derniers enfin venaient pour éviter la clientèle plus « brillante » de la Galante. Les soirs de grande animation étaient rares. Peut-être était-ce l’air peu avenant de l’aubergiste qui amenait les inconnus à conserver profil bas. Il avait une manière d’essuyer son comptoir… comme si son autre main tenait une machette, un gourdin, ou toute autre pièce de métal ou de bois pouvant vous fendre le crâne. Jamais d’esclandre, et ainsi la rumeur étouffée de l’endroit attirait des habitués d’un autre genre. Comme Accolon. Ceux qui ne pouvaient s’empêcher d’être attirés par la noirceur et le silence pesant des conspirateurs, ceux qui se sentaient parfaitement à l’aise dans le foyer confiné des traîtres.

La porte s’ouvrit en grinçant, à moitié seulement, une forme se glissa par l’embrasure. La capuche qui faisait du nouvel arrivant une ombre inquiétante fut sèchement tirée en arrière. Un visage pâle se découvrit. Les joues se creusèrent, tandis que les lèvres se crispaient, d’énervement semblait-il. Le regard clair et perçant de Mélusine balaya la pièce, s’attardant sur les coins d’ombre. Enfin, elle avisa Accolon, captivé par un jeu qui avait toujours su ridiculiser l’enchanteresse. Elle était bien trop impulsive, sûre d’elle et chaotique pour exceller dans ce genre d’exercice mental. L’autre chevalier, en revanche, ne s’en lassait pas. Le plus angoissant était sans doute qu’il savait jouer avec les êtres comme avec les pions du damier. L’idée d’être l’un de ces pions qu’il manipulait à sa guise était désagréable, mais inévitable. Son regard s’attarda sur un homme, près du bar, qui venait de commander quelque chose. Son air peu rassuré et ses coups d’œil fréquents à droite à gauche indiquaient qu’il n’était pas un habitué de l’endroit. Puis, enfin, les yeux du client, restèrent fixés sur la table d’Accolon, où se disputait la partie d’échecs. Bien loin de se douter que c’était le jeu qui intéressait l’homme, Mélusine prit cela pour… disons, de la surveillance. Il n’eut été aussi voyant qu’elle l’aurait pris pour un espion du roi (enfin, en y réfléchissant, Arthur enverrait plutôt des gardes armés jusqu’aux gencives que des espions).

Enfin, après s’être assurée qu’il n’y avait aucun autre personnage suspect dans les environs (aucun personnages plus suspect que la normale, j’entends), elle s’avança jusqu’à la table des deux joueurs d’échecs. Après avoir défait le nœud qui retenait sa cape, elle s’installa. Ses vêtements jusque là dissimulés étaient dans un état déplorable. S’était-elle battue, pour avoir pareille allure ? Elle avait courut, c’était certain et… le chiffon dans lequel s’agitaient ses mains, d’origine dans les tons ocres, était maculé de traces de sang. Elle laissa tomber l’étoffe par terre, après avoir inspecté ses mains, et n’envisagea pas une seconde d’expliquer la présence d’un bout de tissu hémorragique ni d'excuser son insolent retard. Au lieu de cela, ignorant le vieil homme comme s’il eut été une pièce du mobilier, elle se tourna vers Accolon, un coude appuyé sur la table.

_ Vous avez un spectateur.

Sa voix était calme, mais cependant d’une froideur qui laissait envisager le pire. Elle voulait surtout connaître l’avis du chevalier, avant de considérer Nathaniel (puisque c’était lui, ceux qui ne l’auraient pas encore compris sont priés de quitter les lieux immédiatement) autrement que comme un client au regard baladeur.

Visiblement, Accolon était en train de perdre. Ce n'était pas son jour, et finalement, s'être essayé à déplacer des pions au hasard l'avait plus perturbé lui-même que son adversaire. Quant on parlait du loup, Mélusine venait de s'assoir à la table. D'un simple coup d'oeil, le chevalier vit que l'enchanteresse était plus sérieuse que d'habitude, et ses paroles ne firent que confirmer cette impression.
Le vieil homme quant à lui ne se privait pas de détailler le jolie visage d'une petite jeunette, on en voyait pas souvent des comme ça à l'Auberge Noire.

- Situation difficilement surmontable pour moi, vieil homme, commenta Accolon, toujours concentré sur le jeu d'échecs. Il tenta d'avancer une tour pour lancer une offensive, tout en jetant un coup d'oeil discret à celui qui pouvait bien l'observer. Un léger rire perça de sous la capuche du Chevalier. Nathaniel, haha... c'est bien la dernière personne que j'aurai pensé trouver ici.Le traître sembla ne pas y prêter plus d'attention. Aucun soucis, il ne peut pas voir mon visage de là où il se trouve.

Accolon parlait à voix basse, et faisait bien attention à ce que son visage ne soit pas à découvert. Le vieil homme joua rapidement, et le sire de Boron fit une légère grimace.
- Je vais devoir t'accorder la victoire, vieil homme. Cela ne sert à rien de continuer cette partie, le résultat est joué d'avance. Le Chevalier pointa leur spectateur d'un doigt. Mais peut-être arriveras-tu à te trouver un autre adversaire pour la soirée.
- Tou à fait, jeunes gens. Je sens qu'il vaut mieux que je m'éclipse. Vous allez discuter manigances et secrets et complots. Très peu pour moi, je préfère ne rien savoir plutôt que de recevoir une dague dans mon dos pour assurer mon silence. Mes hommages. Le vieux joueur toussa quelque peu et parodia un semblant de salutation, avant de prendre le plateau de jeu et de se diriger vers Nathaniel.

Accolon invita Mélusine à prendre la place du vieil homme et s'assoir en face de lui. Il ne se préoccupa pas du retard ou des salutations et rentra directement dans le vif du sujet.
- Alors, ta visite en à l'intérieur de la ville a-t-elle porté ses fruits ? Tu es mes yeux et mes oreilles à l'intérieur de Camelot, beaucoup trop d'anciennes connaissances trainent dans les quartiers intérieurs pour que je puisse y enquêter aisément. Le traître à la Couronne désigna le tissu tâché de sang. Dois-je en déduire une nouvelle séance de torture ?

“La dernière personne susceptible d’être ici” hein ? Et ça ne le rendait pas plus méfiant que ça ? D’accord, le domestique ne semblait pas représenter une menace aussi orageuse que Merlin, mais tout de même… La partie d’échecs tourna court. Le vieil homme jusque là ignoré reçu un vague regard tandis qu’il rangeait les pions et reprenait son échiquier. Aussitôt éclipsé, elle prit sa place comme Accolon l’y avait invité. Bien sûr, ils devaient bien y arriver un jour…

_ Aucun résultat, se contenta-t-elle de répondre en haussant les épaules, sans donner plus de détails. Elle baissa les yeux vers une vieille tâche de vin qui s’était incrustée dans le bois de la table. Je vais de fausses pistes en impasses. Les abrutis qui espèrent gagner quelques pièces m’envoient même dans des pièges… Je commence à penser que Morgane nous a envoyé à la recherche de ces fragments seulement pour nous occuper.

A quelques mètres de là, un homme les observait en silence, sous couvert de la plus parfaite obscurité. Pendant ce temps, au comptoir, Nathaniel et le vieil homme avaient commencé leur partie d’échecs. En les regardant avancer leur pions à quelques longues secondes d’intervalles, elle hésita à continuer. En vérité, elle avait une piste. L’un des fragments lui tendait littéralement les bras, il lui suffisait d’attendre. Non, inutile d’en faire part à Accolon. Elle était en mesure de régler cette histoire qui ne demandait qu’un peu de patience et un couteau bien aiguisé. Prenant donc le partie de donner les nouvelles du château que son compagnon attendait, plus ou moins patiemment, elle continua.

_ Le roi d’Irlande vient tout juste d’accoster sur nos terres, mais il a apporté une garde efficace et enchanteur elfe, à ce que j'ai cru comprendre. Ils s’attendent sans aucun doute à des attaques sur la route de Carmarthen, et sur le lieu même du tournoi. J’ai eut quelques informations de la part d’un garçon des cuisines. Le château devrait se vider d’une partie de ses gardes pendant la durée des festivités. De plus, il y a un bruit qui courrait sur le fait qu’Arthur abandonnerait sa chère épée au château, afin de laisser une marque de son pouvoir dans les environs et que… tu sais, les révolutions soient étouffées dans l’œuf. C’est maigre, je sais. J’en saurais plus si nous avions un espion directement infiltré dans les murs. Pour l’instant, tout ce dont je dispose ce sont d’informations tièdes et peu fiables. Certains sont prêts à dire n’importe quoi pour… respirer.

Son regard glissa sur le sol, jusqu’au comptoir. Le vieil homme et Nathaniel y étaient toujours installés, absorbés par leur partie. Un sourire des plus explicites étira les lèvres de l’enchanteresse. Elle venait de reconnaître le type d’habits du domestique, et certains signes extérieurs de son appartenance au château.

_ Ce Nathaniel… il travaille au château, n’est-ce pas ?, demanda-t-elle d’une voix bien plus douce que tout à l’heure, à la manière d’un quelconque prédateur qui se tapirait sur le sol avant de sauter à la gorge de sa proie. Enfin, elle tourna lentement les yeux vers Accolon. Jusqu’où va sa loyauté ?

Peut-il être acheté ? Est-il stupide, influençable, faible ? A-t-il une déficience aisément exploitable ? Aime-t-il son roi plus que tous les autres plaisirs ? Toutes ces questions fondues en une seule et en un sourire simplement effrayant. La plupart de leurs contacts dans les environs disparaissaient depuis quelques temps. Certains s’enfuyaient, d’autres mettaient fin à leur tristes jours, les derniers enfin étaient découverts. Les missions que leur donnait Morgane les avaient empêchés jusque là de « renouveler » leurs espions, si bien que leur regard sur le château se faisait de plus en plus lointain.
Au moment où elle finissait sa phrase, une voix s'éleva de nul part. C'était assez que la présence de l'inconnu n'ait pas été notée jusque là, pour que l'enchanteresse saisisse la fine lame dissmulée dans les plis de son vêtement...

Alors qu'il allait commencer sa réponse, une voix se fit entendre dans l'ombre. Toute proche. Le visage d'Accolon se crispa d'un coup. Il déglutit et lança un regard très sérieux à Mélusine. La menace était extrêmement réelle cette fois-ci. Le chevalier avait remarqué que la voix qui avait parlée dans son dos était celle de Baal, protecteur (si cela n'avait tenu qu'à Accolon, il aurait directement été employé à la place comme assassin) du roi.
Le traître à la couronne serrait son poing de rage et sa mâchoire se crispait fortement sous l'effet de la colère. Mais il ne pouvait s'autoriser aucun geste brusque. Son esprit tournait à toute vitesse. A quelle distance se trouvait Baal ? Depuis combien de temps était-il là ? Avait-il le temps de faire un mouvement avant que le mercenaire ne lui ouvre la gorge ? Pourquoi diable était-il là au lieu d'être aurpès de ce stupide pantin d'Arthur et quelles étaient ses foutues intentions ? Calme-toi Accolon, réfléchis.

Si Baal était dans son dos, alors Mélusine devait le voir. Bien, Mélusine était le retenait en vie. Si Baal tentait quelque chose, Accolon était confiant que la demi-Selfkie pourrait le lui faire regreter amèerement. Le silence pesa un bon moment, Accolon pesait le pour et le contre. Baal n'agissait pas si on ne le payait pas, or Arthur tout plein d'honneur qu'il était n'aurait jamais autorisé Baal à une telle mission. Donc il était là de son propre chef. De plus, il avait ouvertement révélé sa présence...
Accolon se relaxa un petit peu.
Il frappa la table de sa lourde paume, faisant tanguer la carafe de vin et attirant le regard du tavernier et de quelques clients. Sa voix laissait transparaître la colère et la tension qu'il contenait.

- Baal... si tu viens pour parler, je ne le ferai que si je peux te voir et que tes mains soient bien en évidence sur la table.

Si des doutes subsistaient quant à la nature de leur nouvel hôte, ils disparurent au moment où celui-ci enleva sa capuche. Son visage parlait pour lui. Elfe, hybride, elfe gris, peu importait sa véritable nature, il était sans aucun doute un adversaire redoutable. Jusqu’ici, elle n’aurait pas hésité à l’attaquer au moindre geste suspect. C’était autant pour la survie d’Accolon que la sienne (le chevalier blessé ou mort, Morgane deviendrait autrement menaçante que Baal). A présent que Baal avait découvert son visage, elle n’était pas pour autant plus rassurée. Même si le traître, à ses côtés, s’était légèrement détendu. Ils échangèrent quelques vagues banalités, dans lesquelles Mélusine ne trouva pas son compte. Il lui était à présent impossible de partager la moindre information avec Accolon. Elle n’était pas non plus très à l’aise avec cet elfe si proche, assez proche pour l’égorger avant qu’elle eu le temps de s’en rendre compte. Ami ou ennemi, peu importe. Il n’avait d’ailleurs pas l’air de vouloir se placer clairement dans une catégorie plutôt que l’autre.

Elle ne lâcha pas le poignard en se levant, non plus en repassant la lourde cape sur ses épaules. La soirée avait déjà été rude sans qu’elle s’encombre de quelques heures de plus sur une chaise crasseuse à écouter Accolon parler politique et marchandages avec un elfe anonyme. De plus, si ce n’était pas déjà fait, les deux hommes lui demanderaient sans doute bientôt de partir. Poliment. Ou pas. Elle préférait donc s’éclipser, non sans une expression d’agacement qui n’aurait échappée à personne. La prochaine fois, c’est elle qui choisirait l’endroit du rendez-vous.

Messieurs, je vous laisse à vos petits secrets.

Parce que, en y réfléchissant, il suffisait de regarder Baal pour savoir que Accolon ne l’avait rencontré pendant une balade à la campagne ou à une soirée mondaine. Qu’il soit un traître, un mercenaire, ou simplement quelqu’un de peu fréquentable, ce qu’il dirait au chevalier ne la concernait pas. Ou, si certaines informations étaient utiles, Accolon les lui transmettrait, simplement. Pour le moment, je vous avouerais qu’une nuit de sommeil, dont elle manquait cruellement, n’était pas de refus. Elle avait encore une dernière piste à vérifier au sujet d’un des fragments, un peu à l’extérieur de la ville. Ensuite… maison (si on peut appeler maison le château spectral sombre, humide et glauque de Morgane).

Elle s’éloigna de la table, marchant vers la sortie. Au passage, elle ne manqua pas d’offrir à Nathaniel un charmant sourire. Autant faire preuve de prévoyance. Puisque le chevalier n’avait pas eut le temps de la renseigner sur le domestique, elle puiserait les informations à la source. Plus tard. Un jour, si besoin était, elle saurait retrouver le domestique et le tester à sa manière. On n’a jamais assez d’espion. Alors, sans attendre plus longtemps, elle sortit de l'auberge et disparut dans l'une des rues adjacentes

Le Chevalier de la Fée fut plutôt satisfait de voir l'elfe gris coopérait au lieu de lui trancher la gorge. Par contre, il pouvait dire adieu à son échange d'informations avec Mélusine. Pourquoi diable y avait-il tant de monde à l'Auberge Noire en cette soirée ?! Mélusine avait fait des remarques pour le moins pertinentes, et toutes ces réflexions étaient remises à plus tard.
Je prévois toujours, Elfe Gris. Je n'ai rien prévu pour ce soir ? Et puis quoi encore ? Je suis un Chevalier Traitre RECHERCHE aux quatre coins du Royaume, ai-je l'air de me BALADER au coeur de CAMELOT juste pour PRENDRE L'AIR ?!

- Ai-je seulement le choix ? répondit ironiquement le Chevalier dans un demi sourire. Cela fait quoi... 3 ans que l'on ne s'est vu ? Héhé, toujours cette fascination pour se cacher dans les ombres on dirait.

Banalités... mais elles donnaient du temps à Accolon. Les mains de l'efle étaient bien en place, parfait. Celles du Chevalier l'étaient également. La situation est...calme. Nous sommes à égalité maitenant si un combat doit avoir lieu.
Il s'interrompit pour voir Mélusine s'excuser. Il hésita un instant, puis finit par la remercier de son départ d'un simple mais sincère hochement de tête.

Accolon reporta son attention sur Baal, si jamais on supposait qu'il avait diminué sa vigilance ne serait-ce qu'un instant. Il regarda l'elfe gris dans les yeux, tentant de cerner ses intentions. Lire sur le visage d'un homme qui a depuis toujours fermé son coeur est un exercise plutôt délicat. Accolon eut une légère moue de dépît.

- Mmm... je n'arrive pas à te cerner Baal. Qu'attends-tu de cette conversation ? La raison de ma présence ici ? Comme tu as sûrement pu le constater, je prenais grand plaisir à jouer aux échecs. Accolon ne faisait aucun effort pour se justifier. Baal, nous nous connaissons assez toi et moi. S'il te plait, ne me fais pas l'affront de me croire assez stupide pour laisser filtrer des informations dans une conversation.

Le ton était un peu moqueur mais paternaliste, celui qu'Accolon se permettait uniquement avec les gens qu'il connaissait et respectait, celui qu'il utilisait dans le temps avec Baal. La conversation se déroulait calmement, et le brouhaha ambiant empêcher toute oreille indiscrète d'écouter. Accolon, à la différence de Baal, avait pris soin garder sa capuche. A part aux yeux de Baal, le Chevalier apparaissait comme un simple client dans une longue pélerine noire. Aucunement plus suspect que le reste des traficants, petits voleurs ou grands bandits qui se trouvaient dans le reste de la salle.
- Nous sommes adversaires sur l'échéquier du Royaume maintenant. Il n'est un secret pour personne qu'Accolon de Boron a trahi Arthur, j'ai été plutôt clair sur le sujet en quittant Camelot. Je m'étonne d'ailleurs qu'il t'ait gardé à son service, sans moi pour te soutenir. Arthur n'a jamais aimé les compétences dont tu sais faire preuve. Il était évident qu'il t'a assigné à sa protection pour garder un oeil sur toi...mmm, ou plutôt pour m'empêcher de t'assigner à d'autres tâches plus...sales, dirons-nous. Dommage...

Accolon eut un léger sourire en se remémorant les plans qu'il avait concocté à l'époque où il était encore au service d'Arthur.
- Enfin, je devrai plutôt m'en réjouir en fait. Si je t'avais utilisé à ma guise, Arthur aurait une position encore plus forte maintenant. Mais bref, je n'ai pas envie ressasser nos souvenirs communs pour les entâcher avec cette conversation, et devoir y associer le fait que nous soyons maintenant ennemis. As-tu des demandes particulières ?

Accolon avait laissé son ancienne recrue parler à son tour. Baal devenait-il sentimental avec le temps ? C'est bien vrai qu'il s'il était une personne avec qui l'ombre du roi avait tissé quelques liens, c'était avec le chevalier, mais le Sieur de Boron ne s'était pas attendu à la soudaine nostalgie de son interlocuteur. Il est aussi vrai qu'il n'aurait jamais imaginé rencontrer Baal à l'improviste et en tête à tête, où Baal avait la possibilité d'être un personnage neutre et non un obstacle dans sa guerre contre Arthur.
Change de sujet un moment.
Accolon prit le temps de la réponse, regardant dans le vide pendant un moment.
Nathaniel avait eu l'air touché par la sortie de Mélusine. Etait-ce exploitable ? Il n'y avait pas plus loyal que Nathaniel, il servait ses maîtres comme un petit chien. Mais d'un côté, il se complaisait tellement dans son rôle de serviteur qu'il ne se permettait pas de réfléchir, on pouvait le manipuler à son insu. Oui. Oui, c'était possible.

Le bruit du verre de vin se posant sur la table le fit revenir à son affaire immédiate. Il prit le verre en main, et le fit tourner un moment. Il lança un franc et large sourire carnassier à Baal, qu'il laissa planer un moment dans l'air avant de répondre avant de répondre.

- Non. Morgane me tuerait. La pensée sembla amuser le Chevalier qui ne put réprimé un un léger gloussement. Tout cela est bien plus complexe. S'il ne s'agissait que de tuer Arthur ou de détruire le Royaume, alors je ne serai pas ici mais en train de raser des fiefs, de rallier des barons par la parole ou par la force, et je rassemblerai un ost capable de marcher sur Camelot. Non, je ne souhaite pas que tu tues Arthur.

Accolon de Boron regardait Baal dans les yeux, et ne les quittait pas. Finalement, il renifla son vin et lança un léger "mmm" appréciatif. Il se reporta une nouvelle fois sur Baal.

- Par contre, cela ne veut pas dire que je ne souhaite pas tes services. Le chevalier eut un énième sourire. Quelque soit le prix d'Arthur, sache que je peux t'offrir plus que lui le moment venu. Non, ne me répond pas maintenant. Continue de servir le Roi, et si un jour je te demande de retourner ta veste, alors sache que cette possibilité existe. Je te respecte pour ton professionnalisme Baal et j'ai même de l'estime pour toi.

Le traitre leva son verre et invita Baal à trinquer.
- Que dis-tu d'une petite transaction ? Juste pour se remettre dans l'ambiance. Ton silence sur cette conversation contre disons... 10 pièces d'or ?

Accolon savait pertinement que ce marché n'était pas utile. Rien d'important n'avait été révélé ici, et il y avait de fortes chances pour que Baal ne parle pas de cette discussion, pièces d'or ou non. Mais le marché était tout de même là, innoncent en apparence mais en symbolisant un tout autre. Celui d'accepter de l'argent d'un traître.

Sujet: Re: La partie d'échecs [Terminé] Mer 1 Avr - 11:04

Les deux hommes à la table du fond continuait leur petit manège. Le Chevalier ne put s'empêcher de hausser un sourcil lorsque Baal lui demanda des nouvelles de Morgane.
- Elle va... bien, merci de ton attention. Accolon finit rapidement sa phrase en prenant une gorgée de vin.

Baal continua sa tirade en revenant vers le sujet du Roi et, vif comme l'éclair, il tira sa lame pour la poser contre la gorge d'Accolon. Encore une démonstration de ses compétences, comme il l'avait fait devant Arthur il y a plusieurs années ? Possible. En tout cas, personne au monde n'aimait sentir la froideur d'une lame contre sa gorge et le regard du traître se fit plus sévère, même s'il ne répliqua rien.

Baal lui laissait la dague en souvenir et mettait déjà sa veste et sa capuche. Accolon n'avait pas encore finit son verre et il ne semblait pas avoir l'intention de partir de la taverne dans l'instant. Il n'ajouta rien à la conversation et laissa l'ombre du Roi se diriger vers la sortie.
Il finit par héler Baal alors qu'il était à mi-chemin vers la porte de l'auberge. Le Chevalier de la Fée lui lança quelque chose, et l'Elfe Gris put découvrir une pièce d'or dans sa main.

- Souvenir, conclut-il lui aussi.

Accolon de Boron ne sortit pas avant de longues minutes après le mercenaire. Sur la table, il ne restait plus qu'une entaille là où autrefois il y avait un poignard. Le Chevalier demanda son destrier et il chevaucha les rues vers les portes de Camelot sans s'encombrer le moins du monde des manants qui étaient sur son chemin. Plus rien ne le retenait en ville.

Sujet: Re: La partie d'échecs [Terminé]

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