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 "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé)

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Gil-Galad Vorondwë

Gil-Galad Vorondwë

Délégation Elfique - Imprévisible Incarnation de la Magie Chaotique et Vagabonde

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MessageSujet: Re: "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé)   "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé) EmptyDim 18 Oct - 17:35

Il se promenait souvent, ses derniers temps. Plus souvent que de coutume. Il trouvait toujours la paix dans les bois entourant la Cité Eternelle, depuis sa petite enfance. C'était une des choses immuables de sa vie, cette sérénité qui courait entre les branches et les brindilles, la sève montant lentement et l'eau cascadant à toute vitesse, les insectes bruissants en tous sens et les animaux aux mouvements vifs. Cela lui avait toujours fait du bien et, ou tout du moins en était-il persuadé, cela lui ferait toujours beaucoup de bien. Même aujourd'hui. Même alors que les soucis tourbillonnaient dans sa tête au sujet du proche départ de la Délégation Elfique pour Caamelot... Ce n'était pas la première ambassade envoyée par son Peuple. Mais la première qui le concernait d'aussi prêt en tant que Magicien du Roi, oui. Pourtant, à marcher simplement sur le bois, la mousse, le terreau et la terre, il s'apaisait. Son souffle s'accordait au murmure du vent dans le feuillage, son coeur battait au rytme de celui de la Forêt Immortelle.

Ici, il était chez lui.

Ô douce certitude, qui apportait une pléinitude que seule la Magie pouvait égalée, une plénitude qu'il couplait si souvent à son Art, à ses Arcanes, qu'elle était devenue encore plus délicieuse, car elle les lui rappelaient. Les mots oubliées à nouveau découverts. Les sorts murmurés dans le silence de la nuit. La nuit dans cette même forêt, source de ses pouvoirs. Un sourire passa sur ses lèvres devant cette vérité qui n'en était pas vraiment une. Ses pouvoirs naissaient ici. Il le savait comme il savait le nom des plantes et des bêtes, comme il savait le flux des sortilèges, comme il savait son propre nom. Et pourtant, elle savait se nourrir ailleurs, dans d'autres bois, dans les plaines verdoyantes, partout où brillaient le Soleil et la Lune. Il était Gil-Galad. Et cette forêt était au coeur de son être comme de sa puissance... Oui. Voilà qui était bien. Très bien et très juste même. C'était vérité, et il sourit encore. Voilà que la Forêt lui apportait même une méditation tandis qu'il marchait en elle !

Avec une infinie douceur, sa main passait sur les troncs des grands arbres, les feuilles des plus jeunes, sur la verdure omniprésente. Et parfois, de ses lèvres qu'ornaient un sourire si léger qu'on aurait pu ne pas le percevoir et si constant qu'on aurait pu ne pas le remarquer, murmuraient un sortilège qui résobait une blessure, soignaient une infection, faisaient croître juste assez une branche pour qu'elle s'expose au soleil ou mille et une choses du genre. Dans ces moments-là, il était une part de cette Forêt qu'il aimait tant, presque autant que la Magie. Presque seulement, et presque était un mot mortel... Mais ici, il l'aimait de tout son coeur. Rien ne troublait la quiétude du lieu. La mort elle-même, bien présente ici comme ailleurs, car d'inombrables petites vies prenaient fin à tout instants, sous ses pas parfois, ne la gâchait pas, car elle faisait partie de l'ensemble. Toute chose devait mourire. Certaines plus vites que d'autres. Même ses jours auraient une fin, comme ceux du dernier des derniers des H...

Il n'eût pas le temps de porter cette seconde réflexion à son terme, car, soudain, à travers branches et rameaux, racines et feuilles, il perçu quelque chose. Quelque chose qui parvenait à déranger l'harmonie suprême des bois enchantés. Quelque chose d'étrange, et il s'arrêta en fronçant brièvement les sourcils à cette idée. Néanmoins, sa main touchait toujours l'écorce d'un arbre pluri-centenaire et la paix revint bien vite dans son esprit. Ce n'était pas Humain. Il en avait croisé suffisement ces derniers temps, de toutes sortes, pour en être sûr. Ce n'était pas plus Fomoires, oh non, pas cela, ni n'avait l'aura magique d'un être du Sidh. Ce n'était pas un Elfe, bien sûr. Sinon il ne l'eût pas remarqué : le Beau Peuple ne troublait pas la forêt, celle-ci moins qu'aucune autre. Tout en ce remetant en marche, vers l'endroit où se trouvait ce quelque chose, il examina les quelques autres possibilité. Ce n'était pas un Gris, cela n'avait pas leur aura. Ni un être en partie Elfique. Ni même un Selkie, car l'eau n'y chantait pas...

Ce qui faisait qu'il avait épuiser tous ces choix. Sauf un seul. Un choix que son esprit n'avait pas envisagé, mais qu'en se rapprochant, son don souffla à son oreille : un paria. Un de ceux qui étaient parti sans espoir de retour, mais qui n'avaient jamais été Gris. C'était quelque chose qui faisait plus que déranger l'harmonie de la forêt... C'était quelque chose qui l'intriguait, parce qu'il n'avait encore jamais rencontrer cet exact cas de figure. Donc il allait voir qui s'était et ce qu'il – ou elle – voulait. En y songeant, en écoutant cette mélodie qui se rapprochait de plus en plus, c'était bien « elle ». Une Elfe banie. Encore jeune. Plus que lui. Quelqu'un qu'il connaissait, en toute logique... Il n'y en avait pas tant que cela qui rentraient dans ces deux catégories : ceux qu'il avait connu et ceux qui étaient parti. Peu faisaient jamais ce choix et, rien qu'en songeant à tout ce qu'il impliquait, il réprima un frisson d'horreur, s'arrêtant un instant pour se réconforter au contact d'une fleur, que sa caresse déplaça à peine.

Et puis il se remit en marche. Parce qu'il était curieux. Il l'avait toujours été, tout bon Mage l'était. Et lui, n'était-il pas le meilleur des meilleurs, ne le deviendrait-il pas avec le temps s'il ne l'était pas encore tout à fait ? Mais aussi parce qu'il y avait de la souffrance, et que la forêt savait tout ce qu'il y avait en elle. Donc parce que, d'une étrange façon, la forêt souffrait un peu – juste un peu, mais c'était bien assez – pour celle qui l'avait rejeté. Or, la forêt ne devait pas souffrir, jamais. Celui qui la ferait souffrir, vraiment souffrir, verrait alors la colère de Gil-Galad. Et de bien d'autres, il n'en doutait pas un instant. Ses pensées revinrent au présent quand ses narines captèrent un parfum et que, au loin dans la végétation, ses yeux océaniques perçurent une tâche de feu. Le feu d'une chevelure. A n'en pas douté, son « intruse », qu'il pouvait à présent capter par ses sens. Elle aussi devait le sentir, mais il ne s'en inquiétait pas. Ici plus que nulle part ailleurs, il était le plus fort, définitivement. Il était chez lui. Pas elle. Plus elle.

Quand il fût plus proche encore, à moins de cinquante mètres, elle soupira – bruit parfaitement audible pour lui, surtout ici – puis se leva, « révélant » sa présence. Révélant, de façon plus réaliste, qu'elle l'avait vu. Si tant est qu'il ait besoin d'une telle révélation. Elle avait pleuré. C'était visible. Pendant un temps, ils restèrent immobiles, puis, chose surprenante, elle s'approcha. Prendre la fuite eût été plus indiqué pour une paria, qui avait renié son peuple... Le premier des peuples. Il n'y avait pas de colère dans ces pensées. La paix que lui inspirait la Forêt était trop présente en lui pour cela. Et sa nature profonde le fit rester silencieux. Longtemps. Il était patient, autant que curieux. C'était tout aussi indispensable dans ce qu'il faisait. La colère n'était pas une de ses caractéristiques, le mépris l'était plus, mais elle avait pleuré... Peut-être était-ce la pitié qui primait, en fait. Il ne savait pas vraiment, et s'en souciait peu. Le calme et l'harmonie revenaient naturellement... Dans ces circonstance, le silence lui suffisait.

Finalement, au terme d'une réflexion lente et clame comme la sève elle-même, il sourit. Sans même savoir pourquoi ou chercher à le savoir. Et son sourire était doux, en plus d'être beau. C'était autant le sien que celui de sa chère forêt. Il avait depuis un moment mit un nom sur ce visage : Maïsara Tande'Cérémon. Physiquement, elle n'avait pas vraiment changé. Les Elfes changeaient peu, de toute façon. Et elle n'était pas partie depuis si longtemps que cela. Quant à son sourire, il sembla ouvrir une vane chez son interlocutrice, qui parla soudainement, brisant le silence des bois, un silence tout relatif pour un Humain, mais bien présent pour lui...

« Je ne suis pas venue chercher querelle à mon…à ton peuple. Je n’essaierai pas d’entrer dans la cité d’Alfirin. Je suis…Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher. Je… »

Il était resté paisible pendant tout ce temps, écoutant ces phrases un peu incohérentes, au sens limpide, tout comme l'émotion qui se cachait derrière. Finalement, pour lui, se fût la pitié. Surtout quand elle éclata en larmes. Et puis, sans savoir exactement pourquoi, si ce n'était pour cette pitié qu'il ressentait, pour la paix et la sérénité qu'il aimait tant, qui étaient celles de la Nature – la Nature qui était bonne, au fond du fond... – il s'avença et la fit pleurer contre son épaule. Il passa une main dans ses cheveux et murmura des paroles d'apaisement jusqu'à ce qu'elle se calme enfin. Sans doutes n'aurait-il pas dû. Mais il était Gil-Galad, cela faisait longtemps qu'il avait laissé derrière lui les règles... Alors cela n'allait pas le retenir.

« Avez-vous fini, demoiselle ? »

De la paix, encore. Toujours dans ces lieux, ou presque toujours, tout du moins. Il l'écarta légèrement de lui et la regarda dans les yeux, d'un regard doux, comme le sourire, réconfortant, qui se dessina sur ses lèvres.
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Gil-Galad Vorondwë

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MessageSujet: Re: "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé)   "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé) EmptyVen 23 Oct - 23:13

Il l'avait laissé pleurer. Bien sûr. Il l'avait consolé, l'avait apuié contre son épaule, lui avait caressé les cheveux, murmurer des paroles de réconfort. Tout cela était moins évident, tout d'un coup. Pour la plupart des siens tout du moins. On n'apaisait pas une bannie. On l'ignorait, ou, mieux encore, on la chassait des Bois Elfique. Parce que les banis avaient fait leur choix. Ceux de cette sorte, en tous cas. Ils n'étaient pas « banis », pas vraiment. Ils étaient parti en exil, en exode. Ils avaient fait leur choix. Un choix fou – pour lui tout du moins – complètement dément, mais un choix tout de même. On ne revenait pas en arrière quand on avait abandonné la Forêt – ô souveraine Forêt Eternelle – pour le monde des Humains, pour l'amour d'un éphémère mortel. Gil-Galad pouvait à peine imagniner l'horreur qu'il ressentirait à vivre loin de cet endroit qui était son foyer, d'une façon si absolue qu'on ne pouvait le comprendre si on ne ressentait pas de pareilles émotions, mais, bien entendu, lui ne pourrait jamais l'abandonner.

Sauf pour la Magie.

Mais la Magie était Magie, et la jeune femme en face de lui, contre lui, à présent, ne lui laissait pas l'occasion de penser à ce sujet insondable. Se sujet qui l'occupait depuis des décénies. Et qui ne sesserait jamais de l'occuper. Véritablement jamais. Car il était Mage. Avant d'être Elfe. Avant d'être vivant, même. Avant tout et par dessus tout. Toutefois, ici, après que Maïsara ce fût calmée, alors qu'il la regardait avec calme, un doux sourire aux lèvres, il était surtout Gil-Galad. Gil-Galad, l'appui solide – si solide, en vérité ! – pour le Roi et pour tant, tant d'autres choses. Gil-Galad qui était en même temps imprévisible, sur d'autres points, bien d'autres points. Comme la Magie. Il était immuable, comme elle, comme l'était, à une moindre mesure, sa très chère Forêt. Toutes deux se modifiait. Un sort qui se créait, un mot qui sombrait dans l'oubli. Une fleur qui naissait sur un tapis d'herbe, un arbre millénaire qui s'écroulait sous l'action d'autres êtres vivants. Oui, changement. Variation. Incroyables parfois en apparence. Mais ne modifiant pas la profondeur de ce qu'elles étaient.

Tout cela pour dire que lui, lui il l'avait consolé. Sans cherché à savoir pourquoi. Tout simplement parce que c'était ainsi. Parce que cela lui semblait bien... Oui, voilà qui était bien. Le vent le murmurait dans les feuilles. Il n'était pas nécéssaire d'avoir tant de tristesse, et même une errante pouvait connaître la joie. La joie et la paix de la Forêt, de l'Eternelle, de l'Immortelle Forêt. Car le Forêt ne hait pas. Pas les bannis en tous cas, pas ceux-là. Et pas celle-là. Et lui, il écoutait ces Bois. Souvent. Pas toujours, certes, mais qui pourrait-il bien écouter toujours ? Sans compter qu'il en avait eu envie. Et que ça suffisait bien. A présent, il la regardait, calmement, pendant qu'elle le regardait, lui. Il la détaillait plus en avant tout en ce laissait détailler. Il y avait de la curiosité dans cette attente, toujours de la curiosité, et aussi de la douceur, tout aussi présente. Oh... Et puis la patience. Encore et encore. Maintenant et à jamais. Patience et curiosité, dualité de sa personnalité. Avec le calme et la douceur, en cette occasion.

Quand il l'avait apaisée, consolée, et maintenant, qu'il attendait avec la stabilité d'un arbre vénérable, semblant prêt à rester là des siècles et des siècles, il n'avait pas songé à l'amité. Cette réflexion était en lui, oui. Mais elle se développait encore. Il en allait souvent ainsi avec lui. Pour l'instant, il avait pensé à mille raisons, et à aucunes. Cela aussi lui était coutumier. Et elle, elle répondait, finalement...

« Ma peine est grande, et mon mal irréversible. Mais vous m’avez apporté plus de paix que je n’en ai jamais connue depuis… »

Ses paroles s'étranglèrent. Il pouvait le comprendre. Ou disons qu'il pouvait imaginer la compréhension. Car jamais il ne pourrait faire ce qu'elle avait fait. Et il restait calme, ses yeux semblables à deux mers sans fond, plein de douceur, la douceur d'un tronc couvert de mouse, ou transparaissait une force tranquille et stable. Il la laissait finir, la laisserait finir quel que soit le temps qu'il lui faudrait. N'avaient-ils pas l'éternité devant eux ?

« …depuis que j’ai été bannie. »

Triste. Et franc aussi. Voilà comment était son sourire. A elle. Le sien propre était toujours semblable à lui-même. Et puis il la laissa reprendre sa respiration, un peu laborieuse depuis qu'elle avait chercher en elle la force de nommer son état, qu'ils conaissaient tous les deux.

« Vous devez vous souvenir de moi, comme je me souviens de vous. Nous…les elfes oublient peu de choses. Vous devez connaître mon histoire, et vous devez savoir après m’avoir consolé que je regrette. Et vous devez savoir que jamais, sans doute, je ne redeviendrais celle que j’étais aux yeux de votre peuple. Et que ça me met littéralement dans un état pas possible…»

Elle s'arrêta. Bien sûr, il savait tout cela. Il se souvenait d'elle – en vérité sa mémoire vacillait rarement – et il connaissait le poid de son destin. Un poid terrible en vérité. Oh oui, elle regrettait sans doutes. Comment aurait-elle pu ne pas le faire ? Elle était jeune, plus que lui encore, et était plus jeune quand elle avait eu la folie de partir pour les beaux yeux d'un mortel. Une erreur de jeunesse, qu'elle devrait porter sur des siècles et des siècles. Car les Elfes ne pardonnaient pas. Non pas. Qui tournait le dos à son peuple, au premier Peuple, celui qui comptait véritablement, n'était jamais acceuillit à nouveau, même et surtout par sa propre famille. C'était ainsi. La Race Elfique était rencunière envers les traîtres et ses souvenirs étaient persistants. Lui n'aurait peut-être pas fixé toutes choses ainsi, mais, les dieux en soit remerciés s'il en existait toujours, il n'avait pas à décider de tout cela. Il était Mage et se préocupait de sa propre personne. De sa propre personne et de son Art. C'était bien suffisant.

Comme il l'avait dit à une Enfant du Vent dans la vaste plaine, il n'était pas coulé dans le monde de l'elfitude. Il était bien moins soucieux des lois. Il n'était « pas vraiment sociable ni sociabilisé », pour reprendre ses paroles exactes. C'était ainsi, et sans doutes n'eût-il pas été le Magicien qu'il était s'il n'avait-été comme il était. Aussi en était-il très content, car il aimait profondément ce qu'il était, il aimait profondément ses Arcanes insondables, ses très chères Arcanes.

« Je dois vous sembler tellement bête… »

Il n'y avait pas de joie dans le rire qui faisait trambler sa voix, ce qu'il déplora. Mais bien sûr, elle ne pouvait pas vraiment être joyeuse, dans sa situation. Le plus sage aurait été de repartir du bon bien, mais la sagesse aurait d'abord été de ne jamais partir... Du reste, il n'approuvait pas ses paroles, mais il ne dit rien. Le silence lui semblait le mieux pour l'aider, pour la laisser dire, pour lui permettre de dire, ce qu'elle avait, à son sens, besoin de dire...

« Je ne suis rien. J’ai tout perdu ce jour-là. Mais j’ai vécu quand même, contre tous. Vous m’avez manqué, vous m’avez manqué, vous les elfes. Mais, assez parlé de moi, que devient Alfirin après ces années qui m'ont parues si longues, et vous Gil-Galad Vorondwë, que devenez vous ? »

Finalement, elle éclata de rire. C'était un peu inatendu, mais bienvenu toutefois. Son rire, malgré son exil, s'accordait toujours avec la Forêt qui l'avait vue naître, elle aussi, tout comme lui en vérité. Il la laissa rire, son sourire se faisait un peu plus joyeux lui-même. Puis, finalement, elle se calma. Et le silence, tout relatif, peut-être, mais bien présent, de la Forêt reprit ses droits. Quelques instants. Leurs yeux se croisèrent de nouveau. Ses iris étaient des lacs gris, les siennes des océans sans limites. Et dans ce ballet de regards, il lu un message. Un message bien clair, qu'il comprit en un éclair, qui fit remonter à la surface une réflexion aussi lente et mûre que la sève des arbres. Une réflexion sur l'amitié, qui l'attendrit, un peu, car il pouvait être attendrit, même lui... Peut-être surtout lui, en vérité... Oh ! Et puis il parla, finalement...

« J'espère que ça va un peu mieux, à présent... Que t... hum... Que vous ne serez plus aussi triste. Pour un temps du moins. Et pas ici. Il est dommage d'être triste en ses lieux, même si je ne puis vous reprocher de l'avoir été, de part le fardeau de vos choix, que vous portez à présent... »

Le palier de la pitié avait été franchit. Il y avait de la compasion pour elle, dans sa voix mélodieuse et magnifique. Une compasion réelle, et profonde. Il avec presque de la peine pour elle, mais presque seulement et, comme il a été dit, « presque » est un mot mortel. Il n'y avait peu de peine, ici, pour lui, et jamais s'il pouvait l'éviter...

« Ensuite, sachez que vous... Hum, non... »

Il secoua sa tête en signe de négation, agitant par la même ses cheveux quelque peu désordonnés pour ceux d'un Elfe, tandis que son sourire se faisait désabusé.

« Je passe sans doutes trop de temps loin d'ici en ce moment, mais « vous » n'ira définitivement pas. Totalement pas. Se sera donc « tu »... J'espère que tu ne le prend pas mal ? »

La question était ironique, bien sûr, il l'était souvent, mais il n'y avait pas de méchanceté dans cette ironie, qui pétillait de sa malice coutumière, comme le ruisseau qui casquade entre les roches et les arbres plus vieux que nos deux protagonistes et gardant toute sa grâce cristaline.

« Tu, donc, tu ne me semble pas bête... Non. Grande ta perte et grande ton fardeau. A ta place, grands aussi seraient mes regrets... Si tant est que je puisse être à ta place, ce qui est bien sûr pure fantaisie. Cette forêt est une part de moi, et je ne puis vraiment la quitter... Pas totalement, même loin de ses branches... »

Oh, et bien entendu derrière la Magie. Comme toute chose. Mais là n'était pas son propos, non, pas ici. Vraiment pas.

« Je comprend aussi que nous t'aillons menqué. Comment pourrait-il en être autrement ? Mais si tu posais la question à la plupart de nos frères, ils te diraient que les regrets ne changent rien, et que pour les Elfes, il n'y a pas de pardon. »

Il disait « notre », car pour lui des gens tels qu'elle n'avaient pas sessés d'être membre de leur Race. Ils étaient loin d'eux, hors de leur Forêt-royaume pour leur plus grand malheur, mais c'étaient des Elfes, au fond du fond... Oh, et puis il avait dit « pour les Elfes »... La plupart, si on voulait être complet dans la sitation...

« Personnellement je crois à la rédemption... Mais je ne suis pas le Roi, bien sûr... »

Heureusement ! Quel plus terrible métier que celui d'un Roi ! Et dire que les Humains s'entre-déchiraient au sein d'une même famille de fous pour ça !

« Si les voeux d'un Mage entre les Mages peuvent t'aider, je te souhaite de tout coeur de t'amender un jour, et de trouver une nouvelle place, en même temps que la paix... »

Un sourire, de nouveau. Doux et rassurant. Sympatique, même, un peu. Et le silence, de nouveau. Parce qu'il aimait le silence... Et que, parfois, il était nécéssaire... Comme maintenant...
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Gil-Galad Vorondwë

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MessageSujet: Re: "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé)   "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé) EmptyLun 26 Oct - 21:08

Pendant qu'ils parlaient, le Soleil avait sombré derrière l'horizon, nimbant leur conversation d'un halo doré qui, de l'avis de Gil-Galad, était parfaitement approprié. Et, finalement, la nuit était tombée. Pour des Humains, cela aurait certes été un problème. Mais pas pour eux. Oh certes non, pas pour eux ! Ils étaient des Elfes, membres de la première de toutes les Races, du plus auguste de tous les Peuples. La douce lumière de la Lune et des étoiles leur suffisait amplement pour y voir. Pour sourire et pour contempler le sourire de l'autre. Et pour écouter. Pour savourer. Ecouter et savourer le silence qui s'étendait un moment entre eux. Pas un silence tendu ou gêné. Non, un silence délicieux, un silence juste. Un silence merveilleux, dans un sens... Mais un silence qu'il fallait rompre, bien sûr. Toujours, à un moment où à un autre.

« Gil-Galad…Ce que tu dis me touche au-delà de l’imaginable, il n’y a pas de mots pour te dire ce que je ressens. Et je sais que tu comprends. Je ne sais pas si tu as connu l’amour, mais c’est sans doute la meilleure et pire chose qui me sois jamais arrivée. Si la forêt est d’accord, et si tu l’est aussi, j’aimerai camper ici. Et si tu restes avec moi, je serais prête à te raconter, faute de pouvoir l’expliquer, comment un simple humain m’a fait quitter la meilleure vie qui soit. »

Il souriait encore, parce que cela lui semblait bon. Tout simplement. Il était homme de raison. Indubitablement. Et se fiait à son instinct avant tout. Paradoxe, oui, mais « paradoxe » aurait pu être son nom. Il suivait son coeur, son âme, réglés eux-mêmes sur la plus grande des règles. La plus belle des règles. La Magie...

« Je suis... Hum... Heureux. Oui, c'est le mot. »

Un instant, son sourire fût éblouissant, reflétant non seulement les éclats du ciel, mais aussi ceux de sa propre lumière. Celle qui veillait à l'intérieur de lui.

« Si j'ai pu atténué, fût-ce un peu, fût-ce pour quelques temps, le lourd fardeau que tu dois porté, si j'ai pu te mettre un peu de baume au coeur, alors j'en suis heureux. J'espère t'avoir un peu réconforter... »

Etait-ce le Gil-Galad qui pestait parfois contre son sort, était-ce le Gil-Galad qui avait pensé tuer un mourant qu'il pouvait sauvé, était-ce le Gil-Galad aussi enfantin et rafraichissant qu'une casquade d'eau vive et glacée ? Oui, oui, c'était ce Gil-Galad-là qui parlait ainsi, et non pas sans sincérité, une sincérité transparaissant dans sa voix comme dans son Chant. Mais il était si complexe ! Si complexe que parfois lui-même n'aurait pu exprimer sa compréhension avec des mots. Il n'était pas mauvais. Il était ce qu'il était, tout simplement.

« Quant à l'amour... Non, je ne l'ais jamais connu. Je crois... Oh, bien sûr, c'est toujours possible, mais je crois que j'aime trop mon Art pour cela. Je vis avant tout pour mes merveilleuses Arcanes... »

Tête secouée et haussement d'épaule. Il ne savait pas. Pas vraiment. Comment diable aurait-ce pu être le cas, après tout ?

« Je supose que seul l'avenir sait ce genre de chose. »

Sourire de nouveau, un brin ironique. Parce qu'il était souvent ironique. Mais cette ironie était toute entière dirigée contre lui-même, et contre nul autre.

« Mais je serais heureux de rester avec toi cette nuit, et de t'écouter, si cela peut te faire du bien. Non, en fait ce n'est pas honnête. Cela m'intéresse assez, à vrai dire. Je suis et je resterais toujours un éternel curieux. »

Mais c'était sa nature, après tout. Sa nature de Mage et sa nature d'être, ce qui, chez lui tout du moins, revenait exactement au même.

« Mon accord, tu l'as... Celui de la Forêt, et bien... Nous allons voir. »

Avec un rire éblouissant de joie pure à l'idée de ce qu'il allait faire, il se mit à chanter. Sans s'écarter d'elle. Car, de fait, pendant ce temps, ils ne s'étaient pas défaits plus que cela de l'étrinte réconfortante qu'il lui avait procurée. Sans doutes parce qu'ils n'y avaient pas pensé. Ce fût donc avec la bannie tout près de lui qu'il Chanta. Ce chant mérite bien une majuscule, même si ce n'était point un Chant des choses. C'était celui d'une gorge, mais une gorge elfique. La sienne. Et la voix de Gil-Galad s'éleva, s'éleva pour Chanter une Magie. Une Magie ancienne. Oh, oh beauté de ce chant ! Il Chantait comme nul autre, quand il chantait la Magie. Celle-ci disait les arbres, les pierres et les animaux. Elle disait l'air, le bourdonnement de la vie et le bruissement des choses. Elle disait le ruisseau, les rayons du Soleil comme de la Lune. Tout cela et bien plus encore, tellement plus en fait ! L'insecte né un instant plus tôt, devant mourir en un instant comme le géant pluri-centenaire. A travers se chant, elle disait la Forêt.

Et la Forêt répondit. Quand cette musique merveilleuse se tût, il sembla – il aurait semblé à des Humains – qu'un vent se levait. Les feuilles bruissaient, les rameaux s'agitaient. Un murmure se fit entendre, un murmure qui était né de partout et de nulle part autour d'eux. Un murmure qui reflétait bien des choses, bien plus de choses qu'aucun être n'aurait pu en dire, mais qui avait un sens. Un sens d'acceptation. Alors le Magicien sourit encore.

« Je crois qu'elle est d'accord avec moi. Bienvenue, donc, pour cette nuit. »

Il se détacha d'elle avec la souplesse qui était la leur, totalement inhumaine. Parce qu'ils n'étaient pas Humain. Et puis, parce qu'il avait toujours aimé la Nuit, ainsi, il murmura à son tour. Quelque chose qu'on ne pouvait transcrire avec des mots. Alors, doucement, il y eût la lueur. Lueur de l'herbe, des arbres autour d'eux. Une lueur légère, mais pleinement suffisante.

« Alors, dis-moi, préfaires-tu passer la nuit dans les arbres, où sur la terre ferme ? »

Elle ne devait plus avoir l'habitude de vivre dans la voûte arboricole, aussi ne s'offusquerait-il pas si elle choisisait le sol. Après tout, l'herbe était moeleuse autour d'eux, parfaitement satisfaisante pour s'y endormir... Cela lui ferait de l'entraînement pour son voyage, en fait, même s'il préférait tout de même les arbres dans l'absolut.
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Gil-Galad Vorondwë

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MessageSujet: Re: "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé)   "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé) EmptySam 31 Oct - 0:12

Maïsara avait apprécié ce chant échangé avec la Forêt, il avait pu le lire dans son propre Chant, à elle, si tant est qu'il en soit besoin. C'était du reste parfaitement logique. Limpide. En cette nuit, il avait, tout du moins il le croyait vraiment, atténué quelque peu sa douleur par sa compagnie, par sa sympathie, par ses actions. Par son amitié ? La pensée un peu étrange, qui l'avait déjà effleurée, revint papillonner dans l'esprit du Mage tandis qu'il la laissait réfléchir à sa question. Pouvait-on le dire ami avec elle ? Oui, sans doutes, dans un certain sens... En s'inspectant un peu plus en avant, Gil-Galad découvrit qu'il éprouvait en effet un tel sentiment d'amitié naissante pour elle. Et aussi que cela ne le dérangeait pas le moins du monde. En fait, cela lui faisait plutôt plaisir, ce qui étonna un instant une certaine part de lui, la plus logique, la plus analytique. Il n'accordait pas son amitié si facilement que ça, d'ordinaire. Mais, il y avait cette donnée aléatoire et erratique : son instinct, profond, épanouis. Il en serait donc ainsi, parce qu'il en était ainsi, tout simplement.

Toujours était-il qu'elle avait donc pu se laisser porter par sa joie, par son chant et par la réponse des Bois Immortels. Et cela était bien, bon. Voilà à quoi il songeait, dans le nouveau silence enchanté de ce lieu qui l'était tellement, dans tous les sens du terme...

« Et bien…Cela fait bientôt 70 ans que je n’ai pas dormi dans un arbre. C’est sans doute la dernière fois que j’aurait l’occasion de le faire, alors ce sera les arbres. »

Elle sourit, et il sourit en réponse, devant la franchise de ses paroles. Lui-même n'était pas pressé de dormir sur le sol, même s'il devrait bien le faire – et bientôt encore. Ce serait le plus tard possible, toutefois. Aussi grimpèrent-ils tous les deux dans un grand arbre qui poussait au bord de la clairière, toujours entourés par cette lueur un peu irréelle, agréable sans être trop forte et qui ne troublait nullement la vie de la Forêt et de ses habitants. Le Magicien se plaça non loin de la bannie, sur une large branche proche de la sienne, assez éloignés pour qu'ils ne se gênent pas un instant et assez proche pour qu'ils soient encore près l'un de l'autre, pouvait même se toucher si nécéssaire. Il y eût encore un silence, puis la jeune femme se mit à raconter son histoire, tandis qu'il écoutait.

« Je me rappelle chaque détail de mon enfance, l’odeur du pain, l’odeur de l’arbre dans lequel nous vivions, je me rappelle chaque son qui a ponctué ma vie, jusqu’à mes 17 ans. J’étais heureuse de tout ses sons, j’étais heureuse d’entendre le matin la voix de ma mère calme et douce, j’entendais au loin danser une rivière. J’étais une petite fille belle et rousse, gracieuse et rieuse, peux-tu imaginer comment j’étais ? J’avais toujours sur moi un sourire espiègle et joyeux. J’étais tellement sûre de moi. Tu as sans doute vécu ça, cet éden qu’est l’enfance. »

Un Eden, l'enfance ? Oui, peut-être. Sans doutes. Mais, pour lui tout du moins, c'était un temps sans la Magie, même s'il avait également été délicieux, au milieu des voix des plantes et des animaux, ponctués par l'éducation donnée par diverses membres de la communauté au jeune orphelin dont les yeux étaient couleur d'océan...

« Pourtant, j’était différente de tout ces enfants de la Forêt qui n’ont jamais pensé à la quitter. Ca ne me suffisait pas, il me manquait une chaleur, il me manquait un but. Je voulais trouver une raison, de me lever le matin, une raison de vivre dans cet éden où j’étais si bien. Je voulais quelque chose de plus fort. Le bonheur, c’est superbe, mais c’est calme et linéaire, je voulais quelque chose qui viendrait pimenter ma vie, lui donner un sens. J’étais ingrate, sans doute, mais j’étais jeune. Ce que m’offrait la Forêt m’émerveillait plus chaque jour, mais ne me suffisait plus. »

Un fin sourire flottait sur ses lèvres, tandis qu'il se souvenait en parallèle, lui aussi. Il pouvait comprendre, il comprenait véritablement. Il avait vécu la même chose. Avant. Jadis. Quand il n'y avait pas les Aracanes. Et puis le Roi était venu, qui avait découvert son Art, donnant un sens au bonheur fluctuant d'un jeune Elfe un peu solitaire et à l'esprit éguisé.

« Alors, quand cette délégation du Roi Elfe est partie, l’été de mes 17 ans, j’ai sauté sur l’occasion. Je voulais voir le monde. Mon père m’avait dit qu’il était vaste et terrible, au fond de mon existence si belle et si tranquille, je n’attendais que ça, un monde vaste et terrible. J’étais déjà une jeune femme à l’époque, et les gens s’entendaient pour dire que j’étais plutôt jolie. Ma soif d’aventures n’avait pas changé avec la maturité. J’étais une petite fille dans le corps d’une adulte. Le voyage m’aurait fait le plus grand bien si tout n’avais pas dérapé. »

Et dire qu'aujourd'hui il maudissait le sort qui l'obligeait à faire comme elle, à intégrer la Délégation Elfique. Aurait-il fait pareille, si on n'avait vu ses dons ? En fait, c'était bien possible...

« Nous sommes arrivés au château, nous dormions dans des chambres, avec des lits. J’étais bien trop excitée pour dormir. Alors je me suis promenée. Je suis sortie du château, avec dans le cœur un battement de plus en plus rapide, il m’en fallait peu pour trouver ce piment qui manquait à ma jeunesse. Et c’est en me promenant, me cachant derrière les bottes de foins à chaque bruit que je l’ai rencontré. »

Il y avait de l'émotion dans sa voix, à présent, et lui, il écoutait plus attentivement que jamais l'histoire qu'elle lui racontait, son histoire à elle.

« Argan. Il était caché là, lui aussi, cherchant à échapper à je ne sais quelle routine, lui aussi, le souffle court, lui aussi. Mes yeux détaillaient son visage dans l’obscurité, il ne m’avait pas vue. Il n’était pas beau, du moins, pas comparé à un elfe. Mais son visage avait une force étonnante, on devinait à ses traits qu’il n’avait pas une vie facile, mais que malgré tout, il aimait la vie. Peu à peu, je me rendais compte que je ne pouvais pas détacher mes yeux de son visage imparfait. Et quand il se tourna vers moi, ignorant ma présence, j’eu un soupir de surprise qui me trahis. Il m’avait vu. Et il me regardait. J’aurais pu me noyer dans son regard. Il avait un vrai regard de quelqu’un qui a souffert, de quelqu’un qui s’accroche à la vie, un vrai regard de naufragé. »

Un autre souvenir vint papilloner dans un recoin de son esprit, mais il l'écarta rapidement, reportant toute son attention sur elle.

« C’est à cet instant que j’ai comprit que s’il fallait que j’échappe à mon sort, il fallait courir. Aller loin de lui. M’enfuir. Si je restais, je savais que je ne pourrais jamais vraiment sortir les yeux de ce regard. »

Elle eût un sourire, et il y répondit, qu'elle ait attendu une réponse ou non. Il y avait un certain réconfort, dans se sourire.

« Je me suis enfuie tu sais, j’ai résisté. J’ai couru. J’ai regagné ma chambre vide et froide, j’ai tremblé de tout mon corps, en repensant à cette vision nocturne. Mais il était trop tard. Il avait avalé mon âme dans son regard de feu. J’en était profondément amoureuse.»

L'amour... Il ne l'avait jamais connu, comme il l'avait dit, mais, avec tout ce qu'on lui en disait, il commençait à ce le représenté comme une variante de ce qu'il ressentait pour sa belle Magie.

« Jusqu’au bout, j’aurait essayé de lui échapper. J’aurais tout tenté. Le dernier jour, je m’étais persuadée de repartir quand même. Mais il avait tout compris. Le matin de mon départ, il est revenu. Cela faisait déjà quelques jours qu’il rôdait à ma fenêtre, poignardant mes rideaux entrouverts de son regard remplit d’amour. Déjà, il m’aimait. D’une force pure et simple, il m’aimait sans chichis, sans romantisme, il m’aimait comme on enterre un ennemi, une fatalité, triste, mais avec le gout de la victoire, il m’aimait comme il aimait l’aventure. Le matin de mon départ, il est revenu. Il n’a pas dit un mot, j’avais mon baluchon sur l’épaule. J’ai vacillé de le trouver si près de moi. Il connaissait les elfes, puisqu’il a su tout de suite que c’était pour l’amour de mon pays que je partais loin de lui. Alors il a coupé le dernier lien qui m’unissait à ma patrie. Il m’a embrassé. Je ne rêvais que de ça. Chancelante, j’ai répondu à son baiser, passionnément, devant la délégation entière. Et à partir de ce moment-là, je savais que je ne pourrais jamais rentrer chez moi. Je n’avais plus le choix. J’avais embrassé un humain, devant une centaine d’elfes. J’avais serré contre moi son visage imparfait, son corps triomphant. Jamais mes parents ne m’auraient laissé rentrer. J’ai gardé mon baluchon. J’ai pleuré, de joie, de rage et de douleur. Et je suis partie avec lui. Le pire et le meilleur jour de mon existence»

Un nouveau silence. Long. Avec une texture bien particulière, surtout dans cette Forêt, vivante entre toutes les autres. Mais les silences semblaient parfaitement normal, à présent, si jamais il y avait jamais vu le moindre problème, ce qui n'était point le cas. Et puis, finalement, après lui avoir laissé le temps de se remettre, posant un temps une main sur l'épaule qui pouvait atteindre. il parla de nouveau de la même voix calme et douce.

« Je crois... Que je comprend. Plusieurs choses à vrai dire. Déjà, tu me ressembles sur plus de points que je ne l'avais pensé tout d'abord. Ce qui explique certaines choses. »

Dans l'ombre, ses yeux brillaient légèrement, comme deux lueurs sous-marines, comme l'océan à la lumière de la pleine lune.

« Pourquoi j'ai eût autant de sympathie pour toi, dès le début, peut-être pourquoi j'ai décidé de te réconforter, sans même savoir vraiment la raison... Cela explique aussi pourquoi j'en viens si rapidement à te considérer comme une amie, ce que je fais rarement avec autant de rapidité. »

Il marqua une pose, et le silence prit une autre texture, non pas déplaisante pourtant, non, pas en cette nuit, entre toutes les autres.

« Si, toutefois, tu me permet de me dire ton ami... »

Ce n'était guère plus qu'un murmure qui s'était échapé de ses lèvres, mais il savait qu'il avait été parfaitement entendu par sa compagne de se soir. Pour une fois, il enchaîna aussitôt.

« Dans ma jeunesse, j'étais un peu comme toi. Je n'avais pas de parents, emportés qu'ils furent par le don de vie et le chagrin, certes, mais ce n'est qu'une différence mineure. Il me manquait aussi quelque chose dans le bonheur rectiligne que donne la Forêt à notre Peuple, quelque chose que j'ai longtemps cherché. Pendant des décénies... »

Sa voix était à présent chargée de souvenirs, des souvenirs de temps plus lointains et plus amers, alors insatisfait, d'un enfant et d'un jeune homme qui ne trouvait de vraie paix que dans les Bois, restant insatisfait au fond de lui, le reste du temps.

« Si je n'ais pas songé à quitter cette Forêt, alors, c'est sans doutes parce que mon instinct me poussait vers elle pour y puiser réconfort et savoir. Quand le Roi m'a montré que j'étais fait pour la Magie... Quand j'ai rencontré le premier Mage... »

Il secoua la tête dans la nuit luminescente, incapable de trouver les bons mots pour dire tout ce qu'il avait ressenti.

« Je n'y croyais pas, au début. Je ne pouvait pas y croire. Et puis j'ai lancé mon premier sort. C'était tout simple. Faire léviter une fichue pierre. Mais se que j'ai ressenti en le lançant, oh, c'était merveilleux. C'était la Magie dans toute sa splandeure. Qui me voyait, jusqu'au fond de moi, qui me jugeait et qui me déclarait sien, à jamais. »

Son ton était bas, pronfond, et en lui vibrait une émotion semblable à la sève immuable des grands arbres, dont les racines étaient enfuies bien loin.

« Mon coeur bat au rytme de la Forêt. Au rytme de celui de chacun des animaux qu'elle contient. Au rytme de la sève qui monte en chacune de ses plantes. Mon souffle se confont avec le vent qui joue dans ses branches, ses feuilles et ses rameaux. Nos attaches sont plantées dans le même sol profond. Et pourtant... »

Une autre pose. Pour le silence, le riche silence. Et aussi pour les mots. Pour les trouver au fond de son coeur.

« Pourtant, s'il m'avait fallu la quitter, ne jamais la revoir, pour poursuivre mon Art, je serais parti. L'âme saignante, mais quand même résolue. Je serais parti car j'avais été fait pour cela... Je te comprend. Je te comprend et je ne t'envie pas... »

Car sa passion, ce qui avait donné un sens à sa vie – et un bref instant, la vision d'une jeune femme dans la plaine s'imposa à lui avant de disparaître – avait été ici. Pas celle de Maïsara...

« Je ferais bien de surveiller mes arrières, lors de cette Délégation prochaine. Qu'en dis-tu, amie ? »

Il y avait un sourire dans cette question, un réconfort autant pour lui-même que pour elle, car telle était sa nature...
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Gil-Galad Vorondwë

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MessageSujet: Re: "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé)   "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé) EmptyMer 11 Nov - 23:50

Elle avait accepté, avec ses sourires, l'amitié qu'il lui offrait et, étrangement, il en fût heureux. Il avait peu d'amis. Surtout parce qu'il n'avait jamais été quelqu'un de très sociable. Il avait vécu d'abord en errant sans but, maussade, puis ensuite en Mage, tout entier, sans transition, ou presque, pour ses Arcanes et pour son Roi. Quiconque se dressait devant ces deux absoluts qu'étaient son devoir et son art devrait être écarté, voir détruit. Et au-dessus de tout, la beauté infinie de la Magie. Voilà comment il avait été forgé. Il était apprécier pour son efficasité et son dévouement, pas pour sa sympathie. Même si, quand les conditions s'y prêtaient, il pouvait être un excellent compagnon. Cette rencontre, cette soirée, était un bon exemple. Seulement il préférait ses études, il préférait sonder l'insondable, mettre des mots sur l'inqualifiable, découvrir les méandres des sortillèges. Arpenter, de cent façons différentes, mille peut-être, si ce n'était plus, les chemins cachés, les portes camouflées, de ce miracle qu'on appelait « Magie »...

Mais, en l'occurence, il considérait déjà Maïsara comme une amie, pour tout un tas de raisons, parfois un peu floue, et elle lui rendait la pareille. Tout comme elle l'avait fait en écoutant les quelques paroles qui disaient sa propre histoire, certes sans tous les détails, mais avec le sens. Le sens profond et inébranlable, aussi profond et aussi inébranlable que les racines de tous les arbres de cette Forêt bénie. Tissées ensemble. Et dont la source était dans son coeur, cet organe qu'avait façonné le Vent discontinu et chaotique qui rytmait les Arcanes. La Magie l'avait changé, à tous jamais, cela lui apparu encore une fois dans cette nuit luminescente. Transformé, refaçoné. Affirmé. Confirmé. Elle avait fait de lui un Mage parmi les mages, le Mage parmie les mages, elle avait fait de lui ce qu'il était, ce qu'il devait être depuis toujours, ce qu'il avait été destiné à être de toute éternité. Gil-Galad, le Magicien, l'Arcaniste, le Tisseur de Sorts. Le Mage Royal. Vivant pour la Magie et par la Magie.

Tout cela, cette réflexion juste et profonde, affirmation d'un fait évident et inaltérable, renforça le sourire sur ses lèvres, le rendit plus puissant, plus lourd de sens encore qu'il ne l'était déjà. Il aimait le silence nocture qui avait enveloppé ses pensées. Silence qui fût rompu, comme toujours, par sa nouvelle amie... Quoi de plus normal, puisqu'il lui avait posé une question ? Et puis, sa voix s'accordait bien avec celles, silencieuses et pourtant là, matérielles et immatérielles, de la Forêt, toute bannie qu'elle était...

« Oui, même si je pense que tu n’as pas à craindre l’amour. Ta Magie…Ta Magie…Si c’est elle ton unique et plus grand amour, si c’est elle ta vie, tu as trouvé la plus belle des compagnes. Argan m’a aimé, certes, il m’a rendue heureuse et comblée. Mais il m’a fait tant de mal aussi. Les elfes qui aiment les humains sont maudits. Parce que l’amour des elfes est infiniment plus grand. Argan ne pouvait même pas imaginer m’aimer comme je le faisais. Il m’a offert tellement moins que je lui donnais. Et il m’a fait beaucoup de mal. Je l’ai suivi parce que mon amour ne connaissait aucune frontière. Je crois que vers la fin, lorsque la sagesse l’a rattrapé, il a commencé à comprendre que si je le laissais faire, c’était par amour et non par faiblesse. Argan, vers ses soixante ans, la fin de sa vie donc, était le plus doux des hommes. Il avait commencé à ouvrir son cœur. Avant…Je crois que si je l’avais aimé moins, je n’aurais rien supporté. Il était odieux parfois, et parfois il était un ange. Si la Magie est ton amour, je te souhaite qu’elle ne soit pas si capricieuse avec toi. »

Ses paroles étaient profondes, elle aussi, mais son propre sourire se fit insensiblement plus fin, plus ironique... Une ironie personnelle, dirigée vers lui-même. Certes, il aimait la Magie plus que toute chose, plus que le coeur qui battait dans sa propre poitrine. Mais, qu'elle était capricieuse, justement ! La Magie était le Grand Art, l'ultime composition, plus chaotique, plus fluctuante que quoi que ce soit en ce monde ! C'était en partie cela qui faisait son charme, en partie cela qui faisait qu'il l'aimait tant et tant. Il aimait ses Arcanes comme un grand musiscien ses notes, et plus encore. Comme la plante aime le soleil, comme le poisson aime l'eau, comme l'oiseau aime l'air, comme le loup aime la liberté. Tout cela à la fois, et plus encore. Plus qu'une amante, plus qu'une compagne, comme une âme aime l'âme et le souffle la vie. Capricieuse elle l'était. Il avait eu plus que sa part d'épreuves... Et il en aurait plus encore dans le futur, il le savait bien. Si bien qu'un frisson de plaisir enticipé courru insensiblement le long de son échine...

Il voyait ce que voulait dire Maïsara, et il était bien triste pour elle, non pas de pitié mais de sympathie, un peu d'empathie... Tel avait été son lot. Son amour c'était tourné vers un homme qui, par son humanité, était mort alors même que, tout doucement, il commençait à avoir la sagesse de savoir comment l'aimer plainement, elle. Et cela encore était l'excellence de la Magie. La Magie était éternelle, plus encore que les Elfes, plus encore que les Dieux. Les Elfes et les Dieux avaient une fin, mais pas les Arcanes. Tant que ce monde serait, et peut-être au-delà, la Magie serait là, elle aussi... Et peut-être même plus loin encore...

« J’ai appris à respecter les humains, durant ma vie d’errance. J’ai appris à les comprendre, et si certain sont les pires créatures qu’on puisse avoir au monde, certains ont un cœur d’or. J’ai appris à ne pas les traiter par le mépris, parce que le mépris est la pire chose au monde. Je suis sure que tu n’es pas de ces elfes qui les considèrent comme infiniment inférieurs, et j’espère qu’un jour, les deux peuples pourront vivre en paix, sans haine et sans reproche. Si Argan m’a fait du mal, il a appris lui aussi à ne plus m’en faire. Je crois en la rédemption, et je sais que toi aussi. J’espère que tu pourras faire passer ce message par tes actes lors de la délégation. Le mépris et le refus de comprendre ne mènent à rien. »

Beaucoup de choses, dans ses paroles, qu'il lui faudrait déméler. Mais, profondément, il comprenait, il approuvait. Sa propre expérience, et aussi son instinct enfuis, lui soufflaient tous les deux qu'elle avait pleinement raison, et cela transparut clairement dans le regard et le sourire qu'ils échangèrent sous les étoiles brillantes comme une nuée d'éclat de glace.

« Je crois que je vais dormir…Alors bonne nuit ! »

Il n'eût que le temps de sourire et de hôcher la tête avant qu'elle ne scède à l'appel, visiblement puissant, du sommeil. Souriant toujours, un peu attendrit, il s'adossa au tronc à son tour, mais non pas pour se reposer. Son regard errant sur la voûte céleste, il laissa son esprit vagabonder librement, revenant sur les paroles de son amie. Il avait mépriser les Humains. Il les méprisait toujours un peu. Mais plus pour leur infériorité. Non, c'était un mépris un peu dégoûter devant ce qu'il avait apprit d'eux, tous leurs mauvais côtés, la lie de l'humanité, les brigands à l'âme sombre qu'il avait rencontré, les expédiants au passage dans le royaume des morts. Pour tout cela, il méprisait la Race Humaine, comme il méprisait les Elfes Gris et plus encore les Fomoires, même si pour ces derniers il y avait aussi une pointe de haine. Il avait pour une partie de cette espèce une pitié toute méprisante, mais non pas sans espoir de pardon, d'illumination. Il était une lie pour cette Race, une lie qui était une calamitié tant pour la Race elle-même que pour le monde, et donc les Elfes.

A présent, il ne les considérait plus comme infiniment inférieur, non. Inférieur quand même, toutefois, car sur bien des points ils l'étaient. Mais il n'y avait nulle honte à avoir pour les Humains et nulle arrogance pour pour les Elfes. C'était ainsi. Il n'y avait pas que l'amour du Beau Peuple qui était plus vaste, plus puissant, il y avait tout le reste. Toutefois, le loup et l'ours étaient aussi dans le même cas que l'Homme, tout comme l'aigle et le blaireau, le serpent et le lapin. C'était comme ça, voilà tout, ni plus, ni moins. Mais l'espèce humaine, dans sa brièveté, dans tous ses défauts, avait aussi ses qualités, elle avait les éléments calamiteux et puis tous les autres, et ceux, plus rares, qui s'élevaient encore au-dessus du lot. Si une bonne évolution s'oppérait, ils pourraient même devenir civilisés, ou presque, dignes de la Délégation qui leur était pourtant envoyé, comme en signe d'espoir, même s'ils étaient loin encore de mériter cette attention, cette faveur, à ce stade de leur évolution.

Pour l'instant, ils ne trouvaient pas totalement grâce à ses yeux. Comme l'avait dit Maïsara, ils pouvaient apprendre, mais encore fallait-il qu'ils le fassent. Apprendre, entre autre, qu'ils ne pourraient jamais trouver et voler la reliquer confiée aux Elfes, comme ils voulaient le faire, ni d'ailleurs convaincre les mêmes Elfes de les aider par ce genre d'arguments. Le Chaudron de Dagda était au Beau Peuple et les pouvoirs du Grand Alchimiste n'étaient pas fait pour ce monde. Le Roi des Dieux avait dû être un fou, un glorieux fou, pour laisser pareille don, et jamais il ne serait permi que les mortels s'en emparent... Toutefois, changer leur était possible... Il avait bien changé de point-de-vue, lui... Seulement, de là à savoir si le soit-disant juste désigné par l'Epée de Nuada serait l'instrument de ce changement, c'était une toute autre histoire. Il semblait à la fois trop mou, trop idéaliste et en même temps trop traître à Gil-Galad pour cela. Le règne noir de Morgane, au contraire, pourrait être une planche de salut pour les Humains...

D'autant qu'elle ne semblait pas, elle, obsédée par le Chaudron... Même si on disait qu'elle visait l'autre don de l'Alchimiste... Enfin, ce n'était pas à lui d'en décider, mais au Roi Llandon : il lui faisait confiance. Souriant de nouveau, il se tourna vers l'Elfe endormie non loin de lui et murmura quelques mots...

« Tes paroles sont pleines de justesses, amie... Puisse ton sommeil être doux... »

Il y avait une grande douceur dans cette voix, une certaine tendresse pour cet être qui était à présent lié à lui par les liens de l'amitié.

« Et je souhaite qu'un jour... Qu'un jour tu reviennes parmi nous... »

Son sourire ce fit très doux, lui aussi, tandis qu'il la bénissait d'un geste. Puis il refit face au ciel étoilé, tandis que son esprit commençait à dériver dans le royaume des rêves, que son corps ce détendait et que la lueur autour d'eux, doucement, peu à peu, se dissipait...
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Gil-Galad Vorondwë

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MessageSujet: Re: "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé)   "Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé) EmptyVen 27 Nov - 22:35

Une larme. Qui lentement tombait, sur une terre irréelle. Non pas fait d'eau, ou même de sang, mais de couleur. Couleur de joie, couleur de peine, couleur de rage, couleur de peur. Couleur de toutes les émotions. Et dans l'instant infini, figé à jamais et pourtant plus bref que le souffle des ailes d'un insect, cette larme sans parteille restait comme en suspension, comme si, jamais, jamais, elle ne devait véritablement tomber. Et pourtant elle le faisait, avec une telle lenteur qu'un Elfe aurait pu passer sa vie immortelle à la regarder tomber, et mourir d'une vieilliesse impossible avant qu'elle n'ait toucher terre. Mais, là bas, dans cet endroit qui n'en était pas un, partout et nulle part, le temps n'était qu'une illusion suplémentaire, une illusion que l'esprit abolit, en même temps que l'espace fût réduit à trois fois rien, par la force d'une pensée aussi distordue que l'âme qui l'avait vue naître et prospérée.

Aussi la larme toucha-t-elle terre...

Et alors tout naquit.

Les couleurs se répendirent sur cette terre de rêve, couleur de guerre et de massacre, couleur du vent et de la pluie, couleur de rêve et de folie. Ors la couleur avait un son, le son du silence et le son de la nuit, le son du songe et le son du bruit. Et le son, la couleur, avait une odeur, odeur de pierre, odeur de vie, odeur de marche et de fatigue. Odeur irréelle de l'inodore, odeur de raison et d'irraison... Et encore, et encore... Et encore tout le reste... Et puis la Magie. Couleur, son et odeur. Folie. Irréel chaos vagabond d'une Magie qui était définie par une infinité d'autres données impossibles, texture, aspect, goût... Une myriade de choses différentes. Dont certaines n'avaient jamais été ressentie par un corps mortel ou immortel. Et la Magie avait un rêve, un rêve qui parlait de folie, un rêve à l'intérieur même du rêve, qui rêvait en murmurant que le rêve l'entendait. Le songe du songe, jamais entendu, qui dans une impossibilité de variables établissait un tourbillon de vérités mensongères.

Tout s'articulait, tout s'axait, autour de cela. De la Magie. La Magie du Mage, qui pleurait jadis sur la terre sans soleil. Même s'il y avait un soleil, à présent. Et des trombes de pluie. La lune et les étoiles. Par le balet des Magies. De la Magie. Car elle était le début. Le début et la fin. La raison et le but. La cause et l'achèvement. Tout mourrait et tout naissait dans les méandres sans fonds des Arcanes. Selon les caprices de la chose la plus capricieuse qui soit, plus que la vie, plus que la mort, que le Destin ou que la Chance. La Magie. Balance de justice et d'injustice, quintescence du bien et du mal, neutralité absolue et aberante, beauté sans pareille et sans égales. Car rien ne pouvait égaler cet Art suprême, qui ne pouvait être classé, car il n'était pas comparables aux autres disciplines que l'on disait artistiques. Sauf peut-être le Chant. Car la Magie était un Chant, également, plus que beaucoup d'autre chose. Mais les Chants des gorges mortelles n'étaient que les échos de ce Chant de Magie, de ce Chant éternel.

Et puis il ouvrit les yeux.

Interrompant le rêve.

Il ouvrit les yeux de son âme en interrompant son rêve de Magie, son rêve de Mage. Parce que Maïsara c'était réveillée. Elle n'avait pas bougé, n'avait pas émit le moindre bruit. Mais il le savait. Il avait senti les infimes altérations de son Chant, du Chant de son âme et de son être. Et puis il attendit. Attendit qu'elle fût prête à lui parler, puis à partir. Car elle le devait, c'était ainsi. Elle restait banie, même s'il aurait abolit ce bannissement d'un geste, s'il en avait eu le droit. Elle aurait mérité de revenir parmi eux, mais elle ne le pouvait pas... C'était ainsi. Seul leurs souverains, le Roi, et sa soeur, la Reine, pourraient levé cet absolut, et puisqu'ils ne l'avaient pas fait, elle devait quitter ces Bois Immortels avant l'aube. Il le savait. Et elle le savait aussi bien que lui... Elle avait ouvert les yeux, pas lui, pas ses yeux mortels, car il voulait lui laisser le temps. De profiter des ultimes instants de paix. De respirer la forêt... Finalement, elle parla...

« Je suis éternellement, errante et solitaire
Et tes mots qui s’envolent dans l’air matinal
Qui se poussent et chavirent, et se taisent en un râle
Seront mes compagnons quand j’arpenterai la Terre. »


Ses paupières se soulevèrent sur ses iris océaniques, et il l'y laissa l'y plonger, y puisser des forces. Chacun appréciant la solidité de l'amitié naissante, qui pourtant était déjà bien encrée entre eux. Et puis elle descendit de l'arbre avec cette grâce qui était celle des Elfes. Il la suivit.

« Amis. A jamais. Je ne t’oublierai pas. Et nos chemins se recroiseront, je t’en fait le serment. Parce que je ne m’endormirais pas du sommeil éternel, je m’accrocherait parce qu’un ami est là quelque part. Parce que tu existes. »

Il ne dit rien, pour ce silence qu'il aimait tant et tant, mais son regard disait pour lui. Et quand elle replaça une mèche de ses cheveux toujours désordonnés derrière son oreille, un sourire aussi fin qu'une lame étira ses lèvres, plus solide qu'un roc ou qu'un arbre de la forêt.

« Merci. »

Et elle partit, ses cheveux de feu s'éloignant rapidement dans la forêt. Ce ne fût que quand cette chevelure fût hors de vue qu'il murmura quelques mots, que ses arts portèrent jusqu'au creux de son oreille. Parce qu'il était ce qu'il était.

« Je ne t'oublirais pas non plus, amie. Nos routes ne resterons pas éloignées si longtemps qu'on pourrait le croire... Aurevoir. »

Son rire, lui, n'était relayé par aucune Magie, mais il retenti loin dans la Forêt, le rire d'un Elfe et d'un Mage. Le rire de Gil-Galad...
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"Je ne sais même pas ce que je suis venue chercher" (Terminé)

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