L'innocent visiteur [Terminé]

Sujet: L'innocent visiteur [Terminé] Ven 3 Avr - 19:21

Il y avait une porte, là. Dans cet infâme mur nu, il y avait une grande porte à double battants. Mais elle avait disparut, ou s’était déplacée quelques mètres plus loin. C’était là chose courante dans un tel endroit, crée par magie et sensible à ses fluctuations. Il était déjà assez désagréable de vivre chaque jour dans une nouvelle configuration de pièces, longs corridors, escaliers, sans que les portes ne s’y mettent aussi. Ce château vous rendait fou, et c’était au plus grand plaisir de Morgane. Elle, bien évidemment, s’y retrouvait. Mélusine, de son côté, avait finit par s’y faire, bien forcée il faut le dire. Elle était en train de marcher dans l’un de ces longs couloirs sombres, le bruit de ses pas résonnant encore et encore comme un énorme tambour. Dans sa main crispée, un bras. Et au bout du bras (non mais, qu’est-ce que vous voulez qu’elle fasse d’un bras tout seul), une femme. Terrifiée, tremblante, murmurant par moment des prières, à d’autres suppliant misérablement. Elle n’avait pourtant aucune raison d’être à ce point angoissée… Mélusine était de bonne humeur, et la robe si difficile à nouer dans le dos qu’elle portait ne devait pas souffrir en ce jour de la moindre goutte de sang.

Elle évita les plantes voraces de Morgane, placées à l’angle d’un couloir comme dans un piège. Etant donné que la porte menant à la grande salle avait disparut, il lui fallait maintenant faire le tour pour entrer. D’où le chemin dans le corridor et près des plantes carnivores, si vous avez suivi. Bref. La créature finit par trouver le bon chemin et, enfin, pu délicatement jeter l’innocente paysanne sur les dalles froides de la grande salle. L’une des pièces les plus agréables du château, et qui changeait rarement. Un espace long d’une trentaine de mètre, avec colonnes sur les côtés, arborant de grande torches continuellement allumées, deux cheminées, une immense table probablement trop lourde pour bouger d’un millimètre d’ici la fin des temps, et quatre grande ouvertures dans le fond, censées être des fenêtres, mais la majorité du temps cloisonnées. Aussitôt que les deux femmes entrèrent dans la pièce, celle-ci sembla s’animer. Dans les deux cheminées jusque là sombres, un feu dévorant s’éleva. La jeune paysanne était toujours à terre, sur le ventre, probablement dans une optique de « si je fais la morte, elle va m’oublier et passer à autre chose ». Mais non, cette jeune femme ignorait tout de l’opiniâtreté de Mélusine.

_ Vous vouliez entrer ma dame, voilà qui est fait.

Un peu théâtral, certes, d’autant que ses mains présentaient la pièce avec charme et arrogance, ainsi que le feraient quelques siècles plus tard de bien étranges créatures nommées hôtesses de l’air. Mais le moment ne se prêtait pas au rire, et l’enchanteresse fit tourner court à ses envies d’amusement pour retrouver son sérieux. L’inconnue, toujours à terre, était repartie dans une série d’excuses sans queue ni tête.
_ Je sais, je sais. Tu dis que c’était un hasard si tu as trouvé le château, mais saches qu’aucun mortel n’est capable de le voir si Morgane ne lui en n’a pas donné le pouvoir. Mais tu as vu nos murs, et tu les as touchés. Dis-moi comment, et je te laisserais partir.
Comme pour appuyer ses paroles, la porte de la salle grinça, véritable invitation. Discrète, mais utile.
_ Es-tu vraiment ce que tu sembles être ? Humaine, sans aucun doute. Mais… si quelqu’un t’a envoyé, tu ferais mieux de te trahir plutôt que de trahir ta propre chair.
L’innocente renifla, se redressa, croisa le regard de l’enchanteresse et ne sembla pas rassurée par ce qu’elle y trouva. Dans l’âtre des deux cheminées, le feu se fit plus fort, plus rouge, dévorant l’obscurité. Un lieu charmant, vraiment.

Sujet: Re: L'innocent visiteur [Terminé] Sam 4 Avr - 11:53

Ce qu'il y avait d'étrange avec le château de Morgane, c'était que l'on avait toujours l'impression d'être seul à l'intérieur... seul, si l'on excepte cette sensation d'être en permanence épié par une enchanteresse de génie. Heureusement, quand on est l'amant de la Fée et que l'on a accès à quelques uns de ses secrets, l'on s'en accommode fort bien.
Le château bougeait constamment, son intérieur était comme un grand labyrinthe coulissant en tous sens. Les sons résonnaient uniquement à eux-mêmes et au silence, jusqu'à ce que l'angle d'un couloir décide de surprendre, comme avec le claquement caractéristique des grandes plantes carnivores. Une fine brume spectrale l'envahissait constamment. Avait-il même déjà fait vraiment jour, naturellement parlant, dans le château de l'ennemie d'Arthur ? Les fenêtres pouvaient-elles seulement s'ouvrir ?

Eclairé à la lueur dansante de 4 torches murales, Accolon reprenait sous souffle et changeait la prise de sa hache, bien en appui sur ses jambes tel un prédateur prêt à bondir. L'armure fantomatique qui lui faisait face avait un écu légerment cabossé et un fléau d'armes, l'autre armure gisait par terre à l'autre bout de la salle... Elle rampait pour aller récupérer son bras ? Mmm, armures spectrales, n'oublie pas de les décapiter Accolon.
Son adversaire passa à l'offensive, chargeant avec son bouclier. Le Chevalier de la Fée recula devant le peu d'ouvertures qui se présentaient. L'armure utilisa la même tactique et Accolon se vit contraint de reculer une nouvelle fois, et lâcha un grognement de rage et d'exaspération. Comment pouvait-il s'entrainer si ces tas de férailles étaient si prévisibles ?! Méléagant lui manquait.
Passablement en fureur devant l'inutilité de son exercice, Accolon se mit à frapper comme une brute sur le bouclier de son adversaire, rapidement deséquilibré et perdant du terrain sous les coups. L'écu volait à droite et à gauche, balancé par les coups de haches. Accolon brisa la distance et attrapa d'un geste vif le haut du bouclier avec sa main gauche gantelée, avant de mettre l'armure à terre uniquement à la force de ses bras. Un coup de hache fendit le casque métallique, et s'en était fini.

Accolon jetta un regard dégouté vers l'autre armure, toujours en train de ramper. Passablement ennuyé et énervé, le Chevalier de Boron quitta tout simplement la pièce alors que la porte se refermait et disparaissait derrière lui, enfermant les deux armures. Les pas d'Accolon résonnaient dans les couloirs avec encore plus d'intensité que la normale.
Et pour courronner le tout, la porte de la grande salle avait disparu. Le Chevalier de la Fée prononça le nom de Morgane sur un ton résoluement impatient, colérique, plein de reproches et exaspéré devant cet enième désagrément dans sa journée. Aucun changement dans le mur, seulement des pierres, et des pierres et des pierres.

A l'intérieur de la grande salle, on pouvait entendre que le mur du fond était martelé de coups. De la poussière tombait du plafond, et on pouvait croire qu'un véritable orage se déchénait à l'intérieur même du château (avouez, cela aurait très bien pu être le cas connaissant Morgane). Le mur tremblait et sa texture changeait avec accoups et lueurs bleutés magiques.
D'un violent coup de pied, Accolon ouvrit une porte qui n'était pas là la seconde d'avant.

Le Chevalier enleva son casque et le jeta sur la grande table, avant de remarquer Mélusine dans son attitude classique "je suis un sadique et ça me plait" et... et qui d'ailleurs ? Une femme pétrifiée par la peur sur les dalles de la grande salle ? Mer-veil-leux.
- Mélusine ? interrogea-t-il simplement, alors que sa curiosité ne couvrait aucunement son impatience et son agacement.

Sujet: Re: L'innocent visiteur [Terminé] Sam 4 Avr - 13:15

Silence de plomb. L’étrange comportement de Mélusine n'aidait pas franchement à détendre l’atmosphère. Entre ses soupirs exaspérés s’élevaient vers les murs sombres des sanglots étouffés. Le problème était que la pauvre jeune femme ne pouvait pas confesser un crime dont elle ignorait tout, et qui plus est en sanglotant de plus bel à chaque minute.

_ Il faudra être plus loquace si tu veux sortir d’ici en un seul morceau. A ce propos, quel morceau préférerais-tu ?

Ah, aucun humour. L’innocente entamait une nouvelle série de pleurs. Elle gémissait plus ou moins en même temps, c’était difficile à dire (surtout que Mélusine n’écoutait plus vraiment depuis quelques minutes). Il était temps de retrouver un semblant de sérieux dans cette affaire. Elle revint donc devant la jeune femme et la força à se redresser en la tenant par les épaules. Etrangement, son étreinte n’avait rien de féroce ou de brutal. Au contraire, elle était étonnement douce, maternelle. A croire que c’était une personne différente qui venait sauver la paysanne anonyme. Cette dernière, désarçonnée par un tel comportement, se laissa aller au semblant d’espoir que cela lui apportait et adressa le plus confiant des sourires (ou misérable, c’est à voir) à l’enchanteresse. Celle-ci, bien consciente d’être parvenue à briser le peu de résistance de la jeune femme, lui rendit un sourire tout aussi encourageant. Elle lui saisit le menton, plus être avec un peu plus d’autorité que prévu.

_ Qu’est-ce qui t’a amené dans ce coin ?
_ Je… je… ramassais du bois.
_ Bien… c’est important et utile, comme activité. A quel moment as-tu aperçu nos murs ?
_ Je me suis juste levée et… il y avait cette fenêtre… devant moi.
La main de l’enchanteresse glissa du menton jusque sur les cheveux, qu’elle caressa avec une extrême délicatesse. Ce geste fit repartir les pleurs de la paysanne, mais d’une façon beaucoup plus modérée.
_ L’ennui c’est que… pour trouver le château de Morgane, il faut le chercher.

La jeune femme ne la regardait même plus, fixant son regard sur le sol comme si cela pouvait l’aider d’une mystérieuse manière. La main de Mélusine finit, semble-t-il, par trouver enfin le but des premiers et fila vivement jusqu’au cou ; non pas pour l’étrangler, mais pour se saisir de la ficelle sombre qui y était attachée. D’un cou sec, elle tira dessus et le nœud céda. Mélusine se releva, laissant l’innocente glisser à terre et repartir dans ses sanglots. Elle regardait sa main, qui tenait la ficelle arrachée, elle-même attirée vers le sol par un lourd pendentif de métal. En le faisant tourner devant ses yeux, l’enchanteresse eut un sourire satisfait, cruel. Elle reconnaissait, incrusté dans le métal, un des signes de magie qu’utilisait Merlin. Ce vieux fou, cet idiot. Utiliser de pauvres humaines pour qu’ils cherchent sans même le savoir le château de Morgane, et qu’il se révèle à eux. C’était malin. Et tellement égoïste. Ce genre de sournoises tactique ressemblait tant à l’enchanteur… La porte claqua, Mélusine releva vivement la tête comme frappée par la foudre. Elle était prête à écorcher vif celui qui osait interrompre son petit moment de détente. Le nouvel arrivant avait l’air d’une humeur aussi charmante, et semblait également surpris.
_ Oh, c’est toi.
Silence. Puis elle se rappela qu’ils étaient censés collaborer, être dans le même camp, et lui lança le pendentif. Nul besoin d’explications superflues, il reconnaîtrait surement la marque de Merlin qui s’y trouvait en évidence.
_ Je viens de le trouver sur cette jeune dame qui nous a offert le plaisir de sa visite. Elle est le rat qui apporte la peste sans le savoir, n’est-ce pas ma chère ?
Et, dans une équipe, on consulte l’avis des autres. Si possible, pour en tenir compte plus tard. Elle était peu habituée à vivre et « travailler » avec d’autres, et ce n’est donc pas tout à fait instinctivement qu’elle posa la question suivante.
_ Qu’en penses-tu ?

Sujet: Re: L'innocent visiteur [Terminé] Sam 4 Avr - 21:22

Accolon plissa les yeux devant le pendentif pendant que Mélusine expliquait la scène. Merlin. Pourtant Morgane appliquait tout son art à éloigner le magicien. La colère du Chevalier retomba alors qu'il devait mettre ses méninges en route face à cette nouvelle énigme.
Le rat qui porte la peste sans le savoir ? Le traitre se rapprocha du groupe et s'accroupit près de la jeune femme. L'innocente était toujours effrayée et Accolon dut lui agripper la mâchoire d'une poigne ferme pour pouvoir la regarder dans les yeux. Oui, la jeune femme avait l'air complètement perdue et désorientée.

- Bon travail Mélusine. Pour avoir repéré l'intruse et tiré ça au clair, commença Accolon en se tournant vers Mélusine, et en lui rendant en main propre le pendentif. Tu es la plus compétente en magie de nous deux, il vaut mieux que ce soit toi qui le garde. A mon avis... je ne pense pas, ou du moins je n'espère pas, que Merlin puisse connaître la position de son pendentif. Ce serait un sortilège trop direct, et Morgane a dressé ses protections directement à l'encontre de Merlin. Reste donc cette femme, qui prétend être ici de manière innocente. Accolon fut interrompu par la femme, qui répéta entre deux sanglots qu'elle ne faisait que chercher du bois.
Le Chevalier réfléchit pendant un moment encore.
- En tout cas, une chose est sûre : nous ne pouvons pas la laisser partir. A cette annonce, la jeune femme fondit en larmes, et maudit ses deux bourreaux et juges dont elle ne savait rien. Accolon ne se laissa pas interrompre une nouvelle fois. Silence, femme ! N'aggrave pas ton cas en m'énervant. Et n'ose pas croire que ton avis compte dans cette décision. Accepte ton sort et tires-en le meilleur parti. Cela est déjà un miracle que tu ais pu entrer ici, et ne crois pas que sortir de ce château soit plus facile ! Si tu dois maudire quelqu'un pour tes malheur, autant que cela soit Merlin, celui qui t'as donné ce pendentif te permettant d'arriver jusqu'ici.

Le traitre se pencha vers Mélusine, sa grande main sur sa fine épaule, lui glissant quelques mots à l'oreille.
- C'est toi qui l'as trouvée, Mélusine. Elle est te revient de droit. Que penses-tu d'elle ? Et du talisman ?

Sujet: Re: L'innocent visiteur [Terminé] Dim 5 Avr - 19:40

Jusque là, la paysanne était désespérée. Dès l’instant où Accolon saisit sa mâchoire et qu’elle pu voir son voir son visage où aucune compassion ne subsistait, elle franchit un niveau de plus dans l’horreur. A la voir, c’était comme si elle avait regardé la mort dans les yeux. Elle demeura silencieuse, tandis que les deux traîtres discutaient calmement. Mélusine attrapa le médaillon, le faisant aussitôt tourner entre ses doigts. Elle apprécia le compliment, même si son visage n’en montra rien, mais tout ce qui était bon pour son ego la mettait d’une excellente humeur. Aussi, elle perdit le semblant d’agacement qui s’était installé à cause des pleurs de l’innocente. Elle commença à faire les cents pas, tournant en rond, murmurant par moment des mots inintelligibles, tandis qu’Accolon mettait une fois de plus en évidence son tendre caractère. La pauvre inconnue sembla atteinte par le coup fatal des mots du traître, qui lui ôtaient tout espoir. Sa marche étrange s’arrêta lorsque la main se posa sur son épaule, Accolon s’adressant brusquement à elle. Elle leva le médaillon à hauteur de ses yeux pour le regarder, comme captivée.

_ Peut-être que Merlin qui lui a jeté un très faible sort de localisation. Indécelable, et d’une faible résistance. Et peut-être ainsi pourrait-il savoir à quel endroit très exactement la trace magique aurait disparut… connaissant alors l’emplacement provisoire du château. Et si… s’il parvenait à donner un objet ensorcelé à plusieurs, à beaucoup d’hommes et de femmes, alors il finirait par pouvoir connaître tous les lieux où apparaît le château… et prévoir...
Elle leva les yeux vers Accolon, beaucoup plus sérieuse qu’à l’accoutumée.
_ Nous ne devons plus faire entrer de mortel dans le château. J’ai été idiote. Il faudra prévenir les autres d’arrêter leurs petites séances de tortures sur des inconnus… ou alors, qu’ils le fassent en plein air. (Un sanglot un peu plus fort que les autres attira son attention) Quant à elle…
_ Laissez moi partir.
Quelques pas, pour qu’elle se rapprocha à nouveau de l’inconnue, se mette à sa hauteur et rencontre son regard trouble.
_ C’est admirable que tu parviennes enfin à t’exprimer. L’homme qui t’a donné ceci t’as condamné à mort, en es-tu consciente ? Tu lui a fais confiance, certains des tiens lui ont même offert un culte, et c’est ainsi qu’il vous remercie. Il vous utilise. Seul compte son Roi et ses ambitions égoïstes. Voilà ton erreur, ma douce amie, voilà où t’as mené cet amour absurde. Merlin n’a jamais été… (elle repassa le médaillon autour du cou de la paysanne, remettant ensuite ses cheveux en place avec une quasi-tendresse)… votre sauveur.

Dans son dos, sa main sortit des plus de sa robe un long et fin poignard. Sa main s’éleva, son bras s’arma, tandis que son visage exprimait la plus douce compassion à la jeune femme, qui continuait de pleurer en silence. Au moment où ses muscles se contractèrent pour porter le coup fatal à l’innocente… elle ne termina jamais son geste.

Sujet: Re: L'innocent visiteur [Terminé] Dim 5 Avr - 22:38

L'affaire était donc plus compliquée que ce qu'il en avait pensé au départ. Accolon n'était en rien un magicien, et s'il s'habituait peu à peu à incorporer la magie de ses alliés dans ses plans, il préférait de loin quand tout pouvait se régler uniquement par le fer et par le sang. Le Chevalier lissait mécaniquement la barbe de son menton tandis qu'il réfléchissait, pensif.
Mélusine devint sérieuse et le surprit. Le traître prit note de la remarque et jeta un regard vers la demoiselle, avec un sourire amusé que lui seul devait comprendre. Si la demi-selkie prévoyait de ne plus torturer de mortels dans les parages, alors il y avait moyen qu'elle se défoule sur celle-ci.

Il ne fallut pas longtemps à Mélusine pour confirmer les pensées d'Accolon. Le petit jeu asadiquement doux de sa camarade le fascinerait toujours autant, comme une énigme qu'il n'arrivait tout simplement pas à comprendre. Par contre, le Chevalier ne perdit toute fascination lorsque l'enchanteresse se mit en tête d'achever sans autre mesure la prisonnière et dans un réflexe, il arrêta le bras de Mélusine.
Accolon avait l'air de s'être surpris lui-même, et il lui fallut une demi-seconde avant de répondre au regard frustré et interrogateur que lui lançait la créature de Sidh.

- Je... j'aurai pensé que tu t'amuserais au moins un minimum avec elle, et non que tu avais en tête de la tuer froidement. Sans vouloir revenir sur le fait qu'elle t'appartient, je trouve que l'éliminer n'est absolument pas nécessaire. Il est évident qu'elle ne présente une menace pour aucun d'entre nous, tout comme il est évident qu'elle n'arrivera à quitter le château ou même se déplacer à l'intérieur par ses propres moyens.

Accolon lâcha le poignet de Mélusine, et croisa ses bras sur son torse, regardant tour à tour l'enchanteresse et la jeune femme, jugeant de ses capacités. Elle était trop traumatisé pour comprendre pleinement ce qui se jouait sous ses yeux, mais elle avait conscience que sa vie se décidait en ce moment. Elle ravala ses pleurs difficilement, et répondit le nom d'Alice d'une voix audible mais mal assurée lorsque le Chevalier exigea son nom.
Accolon hocha la tête et reporta son attention sur Melusine.
- Nous sommes bien peu nombreux, et il y a toujours des tâches à faire dans un château. Et au pire, elle pourra te servir à te... distraire... toi ou bien, les autres chevaliers. L'amant de Morgane plongea son regard dans celui d'Alice, la surplonbant de sa taille imposante. La situation est ce qu'elle est Alice, et maudire le sort n'y changera rien. Le seul choix qui t'ait offert est de mourir ici ou de nous servir. Accolon se sentit obligé de rajouter quelques mots pour faire pencher la balance. Une esclave en mauvaise condition ne sert à rien, tu seras traitée comme toute domestique qui sait se rendre utile.

La jeune femme se remit à sanglotter devant l'ironie du sort. Choisir l'esclavage et le confinement ou bien la mort ?! Quel genre de hoix pervers était-ce donc ? Le poids de son destin lui revenait burtalement entre ses mains, et il sembla bien trop lourd pour la pauvre Alice. On ne lui laissait même pas la consolation de se dire qu'elle n'avait rien pu faire.
Accolon la laissa à ses pensées sans s'attendrir le moins du monde, et il se passa une main dans les cheveux tout en revenant à Mélusine et à des affaires plus sérieuses.
- Hum, il est dommage de se priver du château comme lieu d'interrogatoire, mais tu as raison. Nous devons prendre des mesures contre cette tactique de Merlin, du moins jusqu'à ce que Morgane nous fournisse un moyen de contrer les effets de cette magie.
Pour en revenir au talisman... te serait-il possible d'inverser le sortilège ? Mmm, je veux dire par là, le modifier pour qu'il nous permette de trouver les autres pendentifs ? A vrai dire, je ne sais pas si cela serait efficace si Merlin peut en produire en grande quantité... mais en donnant la chasse aux hommes acceptant les présents de Merlin, cela finira peut-etre par dissuader la population de porter si facilement aide au magicien, et entamera d'autant la réputation d'Arthur par la même occasion.

Sujet: Re: L'innocent visiteur [Terminé] Mar 7 Avr - 18:38

L’essentiel de sa force fut annihilée par la poigne qui s’était refermée sur son bras. Son geste fut arrêté aussi sec. La surprise fit qu’elle lâcha le poignard, lequel glissa à terre pour rebondir trois fois dans un raisonnement métallique, avant de s’immobiliser. Toujours un peu sous le choc, elle tourna la tête vers Accolon, qui répondit à son regard par quelques mots d’une indéniable diplomatie. Il parlait posément, avançait des arguments sûrs, censés faire disparaître la soudaine rage de l’enchanteresse. Silencieuse, elle se releva lentement, écoutant avec attention tout ce que pouvait dire le chevalier. Pesait-elle le pour et le contre concernant une possibilité d’égorger le traître ? Sans aucun doute. Elle fit quelques pas, tandis qu’Accolon s’adressait à la prénommée Alice, frôlant le traître dans une attitude de pure provocation, dangereuse à souhait. Inutile de répondre aux arguments, solides et parfaitement logiques (vous n’imaginez même pas l’état d’un château abritant une tripotée de traîtres, le tout sans domestiques). Ses pas étaient lents, légers, son regard perçant se faisant par moment simplement terrifiant. D’un point de vue général, on peut dire qu’elle tourna plus ou moins autour du traître, puisque au moment où lui posa une question directe au sujet du médaillon, elle se retrouva de nouveau entre lui et Alice, lui faisant face.

_ Je n’en suis pas capable. Morgane le pourrait assurément, et saurait déjouer la magie de Merlin mieux que quiconque. Le sort inversé, nous pourrons donner la chasse aux rats. Peut-être que la peur forcera ces imbéciles à donner eux-mêmes la chasse à Merlin. Ce serait… amusant.

La question semblait temporairement réglée. Accolon semblait le mieux disposé pour en parler à Morgane et lui exposer leur plan. Il avait évidemment des arguments que ne possédait pas Mélusine. Elle sembla tout à coup se souvenir de quelque chose, puisque ses yeux se reposèrent calmement sur Accolon, tandis qu’elle prenait une inspiration.
_ Ne refais plus jamais ça. (Sa voix était calme. Malgré sa frêle carrure, comparée à son interlocuteur, la menace était évidente) Jamais.
Inutile de dire à quoi faisait référence ces quelques mots. Accolon le savait pertinemment. Il ne devait pas la redouter plus que ça, d’autant qu’il avait de son côté la protection de Morgane, mais l’enchanteresse était tout ce qu’il y avait de plus imprévisible. Ce qui était une menace bien suffisante. Le message passé, elle sembla prête à tourner définitivement la page.
_ Maintenant…
Son corps se contracta une fraction de seconde, tandis que la fin de son mot s’étranglait dans sa gorge. Son souffle s’accéléra, une grimace de douleur déforma ses traits. D’un geste, elle se retourna et gifla violemment Alice, qui s’était relevée dans le plus silence. Son buste à moitié tourna révéla un poignard profondément planté dans le milieu du dos. Pas n’importe lequel, le propre poignard de Mélusine, qu’Alice avait ramassé et planté dans le dos de son propriétaire, sans aucun doute dans l’idée de lui ôter la vie. Du sang commençait déjà à s’écouler abondamment. Alice ne se relevait pas, autant par peur que parce que sa tête avait heurté le sol dans sa chute. Mélusine de son côté, était incapable de reprendre son souffle, et perdait peu à peu ses forces.
_ Servante hein…
Sa voix, devenue rauque, suivait ses pas lents qui l’amenèrent jusqu’à la table, où l’attendait une cruche d’eau. Tremblante, elle versa un peu d’eau dans une coupe, murmura quelques mots inaudibles, et bu. Puis, d’un geste sec, elle se redressa et retira le poignard de son dos. En quelques secondes, la plaie cessa de couler. Il ne restait de traces de la sournoise blessure que la robe transpercée, maculée de sang. Le temps de reprendre son souffle, les deux mains appuyées à plat sur l’imposante table, et l’enchanteresse fut comme neuve. Elle avait peut-être perdu un ou deux niveaux de bonne humeur, ceci dit.

_ Dans le cas où tu te poserais la question : oui, c’est très douloureux.
Elle s’étira, faisant disparaître les dernières traces de douleur, puis se resservit un peu d’eau, très calme.
_ Félicitations Alice, tu viens de gagner ta place dans les enfers. Tu regretteras ce geste, chaque heure de chaque jour du reste de ta pathétique existence. (Elle se tourna vers Accolon, s’appuyant sur la table comme si son corps n’avait pas récupéré aussi bien que prévu. Peut-être avait-elle empoisonné son poignard… quelle ironie) Charges-toi de Morgane, prends le temps qu’il faudra pour la convaincre de réaliser le sort. Je me chargerai de nos camarades. Et si, sur le chemin, tu pouvais présenter Alice aux plantes adorées de Morgane…

Sujet: Re: L'innocent visiteur [Terminé] Jeu 9 Avr - 5:05

Accolon avait pris le risque de subir les foudres de Mélusine en arrêtant son geste. L'ironie était qu'il aurait bien laissé à l'enchanteresse le soin de passer ses nerfs sur l'innocente, mais simplement s'en débarrasser ne rentrait dans aucun des schémas logiques du Chevalier. Qu'importe, même s'il fallait endurer la colère passagère de la demi-selkie. Accolon l'acceptait pleinement, et laissa Mélusine proférer ses menaces sans répliquer le moins du monde.

Mais le Chevalier commença déjà à regretter son choix dès les premières secondes. Cette garce avait osé poignarder sa camarade, et la faute revenait entièrement au Chevalier. Mieux valait laisser Mélusine s'occuper elle-même de ses soins plutôt que de tendre une main amicale. Et exécuter ses requêtes.
- Cela sera fait. répondit-il simplement.

Se dirigeant vers Alice, il la retourna sur le ventre sans ménagement avec son pied. Et voyant qu'elle ne se mettait pas debout d'elle-même, il l'attrapa par les cheveux pour la trainer avec lui, ce qui déclencha plusieurs cris de douleur avant que la jeune femme n'arrive à se relever (et à marcher plus ou moins en rythme, le corps plié en deux et ses boucles toujours maintenues par une poigne ferme). Et ainsi ils sortirent de la salle.

Ils arrivèrent très vite au niveau des plantes carnivores, et Alice commença à pâlir sérieusement lorsqu'elle se rendit compte qu'Accolon se dirigeait directement VERS les plantes, au lieu de passer à côté. La jeune femme bégaya des supplications (Mais.. non, c'est injuste... je... tu viens de me sauver en plus, hein ? Tu... tu... c'est bon, l'en-l'en-l'enchanteresse n'est plus là, tu peux arrêter de faire semblant... Laisse moi p-p-partir...), tapa de toute la force de ses maigres poings sur le Chevalier, pria les dieux et appela des malédiction, mais Accolon la maintint sans fléchir à quelques centimètres des plantes. Qui commençaient à s'agiter d'ailleurs, on pouvait entendre leur claquement caractéristique depuis bien des pièces du château.
- Tu as les cheveux assez longs, tu t'en accommoderas facilement. commença Accolon en dégageant les mèches qui couvraient l'oreille gauche d'Alice.

Il y eut le bruit distinct d'un poignard que l'on sortait de son étui. Accolon accentuait le bruit volontairement, la douleur anticipée était partie de la punition. Tout comme le fait de poser délicatement le couteau sous le lobe, pour sentir la morsure froide du métal avant que les chairs ne soient tranchées. Alice tremblait de tout son corps et des torrents de larmes coulaient de ses yeux. Ses suppliques étaient inaudibles tellement elle avait la voix nouée par la peur et par ces sanglots.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH !!!!!!!!
Les goutes de sang perlaient depuis le couteau jusque sur les dalles en pierres. Alice pressait ses mains contre la plaie, plus par réflexe que par réel risque de mourir d'hémorragie. Et Accolon lança l'oreille de l'innocente aux plantes carnivores, tout en forçant Alice à regarder.
Il va sans dire que ce fut un régal. Pour les plantes bien entendu.

Accolon finit enfin par lâcher Alice, qui s'écroula sur le sol, à moitié demandant de l'aide, à moitié maudissant ses bourreaux.
- Ce n'est pas parce que j'ai empêché Mélusine de te tuer que ta vie importe beaucoup à mes yeux. Tu as porté la main sur l'une de mes alliées, dont la vie vaut par cent fois la tienne. Si tu ne veux pas nous servir proprement, alors je t'en prie : avale ta langue, noie-toi, fais-toi manger par les plantes... Je ne te retiendrai pas.
Rappelle-toi de ce moment et de ton oreille perdue. Et rappelle-toi aussi que j'estime avoir été extrêmement clément en te faisant souffrir aussi peu.

Le Chevalier se désintéressa du sort de l'esclave, et continua sa route vers Morgane sans attendre. Il ajouta sans se retourner, avec d'une voix plus neutre.
- Viens avec moi, Alice. Nous allons rencontrer la maitresse de ces lieux, et elle pourra certainement faire quelque chose pour ta plaie.
Le petit test d'Accolon était en fait de savoir si elle savait mettre sa rage de côté, ou l'utiliser, pour suivre un ordre du Chevalier alors qu'il n'effectuait aucun contrôle. En fait, cela l'amusait beaucoup : le dressage.

Sujet: Re: L'innocent visiteur [Terminé]