Faire un massacre

Sujet: Faire un massacre Lun 20 Avr - 15:56

Elle devait marcher dans ces maudits couloirs depuis plus d’une demi-heure, à la recherche de ses compagnons. Il lui fallait les avertir de leur dernière mission, mais impossible de mettre la main sur eux. A croire que ce château aimait la rendre furieuse. Les portes qu’elle venait d’emprunter disparaissaient, les couloirs changeaient de place devant ses yeux. Oh mais, si c’était une guerre psychologique, elle finirait par gagner. Ce n’était un château qui lui ferait perdre la raison. A bout de nerfs cependant, elle décida de rester dans la grande salle, là où elle avait conduit Alice la veille, et où l’idée de cette nouvelle mission était née.
Rester au même endroit était le plus sûr moyen de rencontrer l’un de ses compagnons pour lui passer le mot, plutôt que d’errer indéfiniment de dédales en plantes carnivores. S’approchant de l’une des grandes fenêtres, elle souleva l’épais rideau et jeta un regard à l’extérieur, lorgnant sur le lac qui s’étendait en contrebas. Quel plaisir se serait de s’y plonger quelques heures pour récupérer des forces. Le temps était magnifique. Ou, peut-être pas tant que ça, mais elle avait une telle envie de sortir que tout à l’extérieur lui semblait attirant…

D’un geste sec, elle ouvrit définitivement le rideau, pour contempler à sa guise le paysage des alentours. Aussitôt, un vent frais trouva malin de glacer la peau de son visage. Il était rare qu’elle reste ainsi, immobile et silencieuse, elle qui se plaisait tant à dire que les réserves de son énergie étaient infinies, et qu’il lui fallait toujours de l’action. Elle était curieuse de savoir comment s’était passée l’entrevue entre Accolon et Morgane, et de quelle manière il avait réussi à convaincre la Fée de les laisser mettre leur plan à exécution. Quoique, elle en avait une petite idée. Souriant pendant un long moment en imaginant Accolon usant de ses charmes, elle fut finalement sortit de ses visions ridicules par un bruit violent.

Une chaise avait basculé en arrière. Elle vint la remettre à sa place, la plaçant correctement contre la longue table en bois. Où étaient-ils, ces maudits traîtres ? Jamais là quand on avait besoin d’eux. Elle ne pouvait pas partir seule à la chasse aux médaillons, ce serait terriblement égoïste, et ennuyeux. Mais elle ne les attendrait pas non indéfiniment. S’appuyant contre le bois de la table, elle se remémora avec un certain agacement le coup en traître dont elle avait été victime la veille même : lorsqu’Alice, une femme qu’elle avait ramenée au château, l’avait poignardé dans le dos (dans le premier sens du terme), tandis qu’elle parlait avec Accolon (lequel avait empêché Mélusine, quelques secondes plus tôt, de tuer Alice). Douloureux. Et elle sentait encore le poison dont la larme était recouverte courir dans ses veines. Il faudrait qu’elle pense à se venger, un jour ou l’autre… ou pourquoi pas se venger chaque jour jusqu’à se lasser ? C’était une idée.

Sujet: Re: Faire un massacre Lun 20 Avr - 17:04

Quelqu’un, enfin. Quelque soit le nouvel arrivant, elle le bénissait intérieurement de l’extirper de son mortel ennui. Fusse Alice qu’elle n’en aurait pas été moins soulagée. Mais ce n’était pas elle, les pas était trop lourds et assurés pour appartenir à la jeune femme. Méléagant. Il s’arrêta en face d’elle, décidant semble-t-il de s’attarder avec elle. Pour des politesses ? Peut-être, en n’en savait rien. Elle se targuait de connaître la nature humaine, grâce à la sagesse que lui offrait son grand âge, et pourtant elle n’avait absolument pas conscience du trouble de son compagnon. Mais qui s'en serait douté ? Il cachait admirablement ses émotions derrière une apparente rudesse, et l'enchanteresse s'y laissait tromper à chaque fois. Elle avait toujours pensé que la tension qui animait le traître était un propre de son caractère, et qu’il ne parvenait à se calmer que par le massacre. Ça tombait bien.

_ Personne en particulier.
Elle fit quelques pas, réfléchissant à la meilleure manière de tourner les choses. Un résumé de la situation, bref mais clair.
_ Merlin a une fois de plus tenté quelque chose pour nous retrouver. Il a ensorcelé des médaillons et les a donnés au hasard à des villageois. Je t’épargne les détails, ils ne sont guère passionnants. Accolon pense que le meilleur moyen d’endiguer les efforts de Merlin serait de perpétrer quelques massacres… sur ceux qui ont accepté de porter un tel médaillon, par exemple. Je sais où trouver l’un d’entre eux, et sa famille… mais il faudra s’approcher du village de Camelot, et cela pourrait être une dangereuse entreprise.

Elle le regarda de nouveau, calme en apparence, tandis qu’à l’intérieur, elle bouillonnait littéralement d’énergie. Sortir… elle n’attendait que cela. Que ce soit pour massacrer ou gambader dans les champs n’avait aucune importance. Elle ne supportait tout simplement plus ce château et ses humeurs.
_ Je cherche cependant un compagnon pour mettre en scène ces quelques morts avant la nuit. Serais-tu intéressé ?
C’est vrai, elle ne respectait pas le moindre protocole. Pas de signes de courtoisie élémentaire, pas de vouvoiement instaurant une distance inutile. Elle se comportait ainsi avec les traîtres, sans trop savoir d’où lui était venue cette habitude. Rien d’irrespectueux là-dedans, simplement un gain de temps. Cependant, elle avait également appris ce qu’étais le travail de groupe. Demander leurs avis aux autres avant d’agir, proposer un massacre en commun, attendre un accord, étaient des choses dont elle n’avait pris l’habitude que très récemment.
_ Je ne voudrais pas te forcer la main, bien sûr. Mais il me semblait que c’était une journée propice au meurtre.
Phrase délicate dans sa bouche, prononcée d’une voix si légère qu’on en oubliait le sens de ses paroles. Attendant une réponse de la part du chevalier, elle revint vers la table et se servit une coupe d’eau fraîche, limpide. C’était là tout ce qu’il lui fallait pour acquérir force et énergie. Si Méléagant acceptait (ce dont, en toute honnêteté, elle ne doutait pas, compte tenu du plaisir qu’il avait toujours eut à tuer, quelle qu’en soit la motivation), ils partiraient dans la minute. Il ne leur restait que quelques heures avant le coucher du soleil.

Sujet: Re: Faire un massacre Mar 21 Avr - 11:30

La fine équipe préparait les montures dans la cour du Château. Mélusine et Méléagant ? Logique, et efficace qui plus est.
Accolon se recula de la fenêtre de la tour, laissant le rideau se rabattre de lui-même. Il interrogea Morgane du regard, pas besoin de mots. La Fée eut un petit sourire en voyant les cavaliers sur la selle de leurs montures, et relégua le sujet à Accolon d'un battement de main négligé.

Le Chevalier de la Fée prit sa tunique noire et se rhabilla devant le mirroir des appartements de Morgane, avant de prononcer un rime rituelle.

- Mirroir, mirroir, fais-moi apparaître à la lueur du soir. Accolon trouvait parfois les enchanteurs totalement stupides. D'accord, peut-être qu'il était plus facile de fixer un sort ainsi, mais diable devoir dire une phrase rimée à chaque fois avant d'utiliser le miroir magique était des plus agaçant.

La silouhette d'Accolon se découpa, fantomatique, sur le chemin juste après les portes du Château. On pouvait apercevoir la forme de Morgane se dessinait en fond dans la brume magique, sa présence n'était de toute façon jamais loin au Château. Le Chevalier leva la main pour faire signe à Mélusine et Méléagant de s'arrêter.

- Je suppose que vous partez à la chasse aux médaillons. Bien... Accolon hocha la tête.

Méléagant,
il y a bien longtemps que nous n'avons eu besoin de sortir nos lames, sert-toi des roturiers et des gardes pour t'entrainer. Mais n'oublie pas que cela n'est rien comparé à un vrai chevalier, et j'ai l'intention de te faire participer au tournoi de Carmarthen qui aura lieu très bientôt. Tu es le plus qualifié dans ce genre d'exercice et j'ai bien l'intention de mettre toutes les chances de notre côté pour gagner. Et je te fais aussi confiance pour veiller sur Mélusine pendant votre escapade.

Mélusine,
Nous avons déjà évoqué le plan ensemble, alors je ne t'indique que les éléments nouveaux. Morgane la Fée veut que l'on délivre un message clair en plus du massacre des porteurs. Nous offrons 5 pièces d'or à tout délateur, les gens doivent savoir que la Fée punit mais sait aussi récompenser. Sois sans pitié avec les porteurs et torture les en public si possible. Si vous pouvez impliquer les paysans dans le supplice de leur camarade, cela les brisera encore plus - et récompensez-les encore ensuite.

Notre souveraine a aussi décidé de lancer un sort sur les médaillons rendant les porteurs fous. Ouvrez l'oeil à ces indices et passez le mot au villageois pour qu'ils les découvrent et dénoncent plus facilement.

Voilà pour vos ordres... de mission. Accolon appuya quelque peu cette phrase, rappelant aux deux traîtres qu'il n'était pas totalement bienvenu qu'ils agissent de leur propre initiative sur un tel sujet, sans attendre l'avis de la Fée. Mais il reprit vite son discours mélant camarederie et autorité. Mélusine, j'ai une grande confiance en toi et tes talents sont parfaits pour cette tâche. Tu es responsable sur ce coup. Méléagant, suis les directives de Mélusine et j'espère que tu ne t'ennuieras pas trop contre de simples gardes.

Allez dans la bénédiction de la Fée, mes chers camarades. La silouhette d'Accolon se volatilisa sur ces derniers mots, laissant un sourire sadique flotter dans l'air.

Sujet: Re: Faire un massacre Mar 21 Avr - 15:14

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Sujet: Re: Faire un massacre Lun 27 Avr - 16:02

A l’abri, sous la surface lisse du lac, elle resta immobile un long moment. La fatigue des dernières heures disparut, laissant place à la plus agréable plénitude. Elle repensa à la manière dont Méléagant avait retrouvé son sérieux, en partageant ses ambitions. Entrer dans la légende ? Il paraissait si sûr de lui, si convaincu que son épée lui taillerait un clair et lumineux chemin dans les mémoires futures. Elle l’enviait. Vivre depuis longtemps, savoir que l’on partagerait encore de nombreuses générations, arrachait du cœur toute trace d’ambition. Une telle passion, qu’elle soit guerrière ou ambitieuse, était une chose qu’elle ne connaîtrait sans doute plus jamais. Elle finit par consentir à remonter à la surface, suivant des yeux la lumière presque éteinte du soleil zébrée par la surface de l’eau. En revenant sur la rive, elle regarda ses mains, vérifia son reflet dans l’eau, peigna sommairement ses cheveux en y entrelaçant ses doigts pâles. Plus de traces de sang.

L’odeur du massacre avait disparut, chassée par la multitude de fleurs et d’essences qu’elle avait sacrifiées sur sa peau et ses cheveux. Elle laissa ce qui restait de sa robe sur la rive, reprenant seulement la cape volée au village. Un peu de décence, pour une fois, était de rigueur. Imaginons qu’elle croise l’un de ses compagnons dans les couloirs du château, entre l’entrée secondaire et ses appartements (qu’elle tarderait sans doute à trouver, compte tenu des humeurs de ce maudit château).

Quelques minutes plus tard, elle ressortait de sa chambre, sèche et plus pimpante que jamais. Son visage avait retrouvé son habituel grain de peau lisse et lumineux, point du tout entaché par un sang qui n’était pas le sien. Ses cheveux avaient été vaguement ramenés en chignon, plus pour cacher le fait qu’elle avait été trop paresseuse pour les coiffer que par réelle coquetterie. Et, enfin, comble du bonheur, elle avait pu changer de robe. Celle-ci, sombre et ajustée gracieusement, était un pur délice. Elle ne cessait d’en tripoter les manches et faire voler le tissu à chaque pas. Chaque miroir ou surface réfléchissante était également une excuse pour admirer la toilette. Comble du ravissement, elle avait accroché à sa ceinture la bourse de cuir contenant les pièces du pari avec Méléagant. Aucune meilleure humeur n’était possible. Même les frasques du château de la découragèrent pas.

Enfin, elle arriva à la Grande Salle… vide. Méléagant n’était pas censé être arrivé avant elle ? Ou bien, il s’était perdu ? Elle en doutait fortement. A moins qu’il n’ait rencontré Morgane et Accolon par hasard dans les couloirs, et qu’ils aient entamé la discussion ailleurs. Puis elle le vit, par la fenêtre, revenant des bois environnants. Que diable y fabriquait-il, à cette heure ? Sa méfiance naturelle l’encouragea à ne pas laisser passer la vision du chevalier, s’écartant de la lisière, l’épée à la main. Un ennemi ? Elle n’en voyait aucun. Qui avait-il eut besoin de tuer encore, après une journée pareille ? Patiente, elle attendit qu’il revienne au château, trouve le chemin de la grande salle. A peine eut-il passé les portes qu’elle l’interpellait.

_ Quelle vit restait à prendre dans la forêt, pour qu’elle te retarde à ce point ? Un courant d’air, peut-être ?

A dire vrai, en étant remontée à bloque après une séance en immersion, elle était plus agaçante que jamais. Ne vous y trompez pas, son sourire narquois n’était là que par pure provocation. Elle venait de penser, à juste titre, que Méléagant avait souffert d’une brusque crise de paranoïa. Tout comme elle, plus tôt dans la journée. Mais ça, c’était un lien qu’elle se refusait à faire. Entendant vaguement des pas dans le couloir, elle se redressa. Si c’était Morgane… elle devrait se faire toute petite, n’appréciant jamais outre mesure les entrevues avec l’enchanteresse (ça se finissait toujours mal pour elle).

Sujet: Re: Faire un massacre Jeu 30 Avr - 17:09

Morgane et Accolon étaient à peine rentrés. Ils s'étaient séparés, chacun allant dans ses appartements, pour se changer et se désaltérer. La magicienne avait tenu à ce que chacun se dévêtisse et se vêtisse dans des pièces séparées, sachant bien que son bras droit ne résiterait pas à la tentation...
La fée avait opté pour son autre robe de satin, noire, fils d'argent resserrant le corset sur le devant, la tenue contrastant avec le rouge flamboyant de ses cheveux. Morgane avançait dans les couloirs de son château, les figeant dans leur état originel, voulant avoir le plaisir simple de marcher sur les dalles de pierre, offrant par là-même à ses gens l'occasion de vivre et de se déplacer normalement. Et puis, il ne fallait pas non plus effrayer le jeune Thibaut, qui était... à la cuisine, Alice non loin de lui, Alice qui lui souriait et qui lui apportait une miche de pain avec du saucisson et un couteau.
Alice...
Morgane se figea dans le couloir vide.
Attention.
La magicienne surveilla la paysanne, sans rien influencer, avant de finalement se détendre. La nouvelle servante semblait apprécier sa condition, comme si elle avait oublié le détail de ce qu'Accolon avait fait. Peut-être que la promesse de la mère de Mordred aidait un peu.
En sortant de ses appartements, avant qu'Accolon et elle ne partent pour massacrer le village, Morgane avait croisé la jeune fille dans le couloir. Elle lui avait promis que si elle les servait bien, si elle se comportait sagement, ne parlait pas trop, et surtout de ce dont elle n'était pas forcément censée être au courant, la magicienne lui rendrait son oreille. Depuis, Alice faisait tout pour se rendre utile et discrète, comme si l'entrevue avec Mélusine et Accolon ne s'était pas passée, bien que reculant et se crispant quand même un peu dès que l'amant de la fée entrait dans la salle où elle se trouvait.
Dans la cuisine... Alice racontait les merveilles de sa chambre. Morgane eut un sourire moqueur. Il suffisait de donner une armoire avec des vêtements propres, une pièce pour soi et quelques babioles pour s'attirer les bonnes grâces de quelqu'un... Rassurée, la magicienne reprit sa route.

Poussant les deux battants de la porte, elle entra dans la salle, sûre d'elle, toujours un peu supérieure, avançant d'un pas décidé. Elle sourit aux deux déjà présents.

# Alors, comment allez-vous, mes chers petits comploteurs?

Morgane était en forme. Massacre + Accolon + nouvelle recrue = bonne humeur ! La fée se frotta les mains puis jeta un regard à Méléagant en allant vers son fauteuil et lui parla directement dans sa tête à lui : s'était-il décidé à parler à Mélusine ou pas?...
Elle s'assit et se regarda les deux, le couple potentiel. Elle pouvait donner un coup de main, bien sûr, mais elle préférait voir les choses aboutir naturellement.

# Accolon de Boron ne devrait pas tarder. Ce soir... Réjouissances pour tout le monde! Comment s'est passé votre village?

Sujet: Re: Faire un massacre Jeu 30 Avr - 20:34

Morgane. Evidemment. Mélusine avait bien fait de masquer son air narquois, qui aurait eut tôt fait de faire abattre les foudres de l’enchanteresse sur sa pauvre carcasse. Morgane leur adressa un sourire qui ne voulait dire qu’une chose : c’est une bonne, très bonne journée, la seule chose qui pourrait me faire perdre ma mauvaise humeur serait un coup d’Excalibur dans l’estomac. Bien, voilà qui détendait sensiblement les choses. La question, quant à elle, était évidemment de rhétorique. Aussi, Mélusine resta silencieuse tandis que Morgane les inspectait rapidement, avant d’aller s’installer dans son fauteuil. Quelques pas pour rester dans son champ de vision, de façon à ce que leur « reine » n’ait pas à tourner la tête. Elle s’appuya contre l’un des piliers de pierres, attendant l’inévitable question. Bien, comment tourner ça sans se faire arracher la tête…

_ Nous avons retrouvé quelques porteurs, fait courir le bruit de la récompense offerte aux délateurs, et laissé un message à l’attention des soldats qui viendront inspecter les lieux. Il me semble que nous avons laissé assez de survivants pour que la nouvelle se répande rapidement. En revanche, il se peut… que le nombre… ait sensiblement diminué par rapport à nos estimations. Un mouvement de panique nous a contraints à incendier une maison et, par la suite, nous avons dû les chasser dans les bois.

Frappe chirurgicale. Il lui semblait que c’était ce dont Accolon avait parlé, pendant son discours en mode spectre. Quelque chose de spectaculaire, mais pas trop meurtrier. Elle échangea un rapide regard avec Méléagant. Morgane était dans un bon jour, un très bon jour. Pourquoi leur taperait-elle sur les bras alors qu’ils avaient parfaitement rempli la mission ? Le message, la récompense, les porteurs. Tout y était, malgré les débordements. Personne n s’y tromperait, avec tous les indices qu’ils avaient pris soin de laisser : c’était Merlin, la source du massacre. Et, par extension, Arthur.

_ Il faudra peut-être attendre quelques temps avant de recommencer avec des villages plus proches de Camelot. Ça ne servira à rien tant que le bruit ne se sera pas répandu.

Son regard, qui évitait avec brio celui de Morgane depuis le début du compte-rendu, passa jusqu’à Méléagant. Tiens, sa main était blessée. Qui avait-il bien pu tabasser à ce point, pour que ce soit sa propre main qui en finisse écharpée ? Et il vibrait d’une telle colère en entrant… y aurait-il des rivalités entre chevaliers dont elle n’aurait pas connaissance ? Serait-ce Accolon que Méléagant aurait frappé, ce qui expliquerait son retard ? Elle eut un vague sourire, aussitôt disparut. Garder son sérieux. Rester égale, impassible, ne pas laisser l’une de ces évidents signes de provocation transparaître, pour une fois. Elle avait encore le souvenir de certaines de ses entrevues avec Morgane… douloureuses.

Sujet: Re: Faire un massacre Ven 1 Mai - 14:41

L'amant de la Fée avait en fait pris son temps pour aller rendre visite à son destrier, monté par le premier paysan du village. Accolon félicita l'animal pour avoir supporter un si médiocre cavalier. Où était-il passé d'ailleurs ? Bah, Morgane le savait sûrement.

Le Chevalier flâna au rebord d'une fenêtre, Méléagant et Mélusine étaient eux-aussi rentrés s'il avait bien compris. Le plan était assez facile pour s'être passé sans accroche, et s'il y avait une discussion, elle devrait plus tourner sur la suite des évènements. Accolon était fatigué, il avait passé les dernières heures à chevaucher et à trancher des membres. Ou plutôt lassé en fait... il aurait bien voulu se réjouir quelque peu avec Morgane, mais cette dernière avait refusé, comme s'il y avait urgence.

Finalement, le vieux stratège alla rejoindre la salle centrale. Il avait troqué ses habits de combats contre une tenue beaucoup plus relaxée, une simple chemise grise et un pantalon noir. Entre regards impatients et franche bonne humeur - de la part de Morgane qui plus est, Accolon resta quelque peu interloqué par un tel acceuil.

- Content de vous revoir sains et saufs, lança-t-il à l'adresse de Mélusine et de Méléagant. Devant la mine réjouie de la Fée, le chevalier se douta que la mission avait été un succès. Je suis sûr que vous avez fait du bon travail.

Accolon avait en fait trop d'égo pour estimer qu'une réunion stratégique puisse commencer sans lui, et c'est donc sans aucun doute qu'il supposa que leur changement de plan sur le village de la côte n'avait pas encore été évoqué.

- De notre côté, nous avons rendu visite à un village sur la côte, il y avait 3 porteurs. Le plan a quelque peu changé, et nous avons préféré un bénéfice immédiat à la propension de la rumeur... je vous fais assez confiance pour estimer que votre raid permettra de faire passer le message. Le Chevalier ne s'étendait pas trop. La Fée était également là, et c'était donc elle qui possédait l'autorité dans cette pièce. Il ne dépendait que d'elle de céder la parole à Accolon.

Sujet: Re: Faire un massacre Ven 1 Mai - 20:19

Raaah... Déception. Morgane retint un soupir : Méléagant ne manquait pas de courage pour tuer des gens, mais pour aller voir une femme et lui dire ce qu'il ressentait, il n'était aps le meilleur, loin de là... Ca n'était pas parce que c'était le " clan des traîtres " qu'ils ne pouvaient pas avoir de sentiments, enfin!
Morgane eut soudain l'image d'un Méléagant déclamant sa flamme, à genoux devant Mélusine, le bras droit tendu vers le ciel, le gauche replié sur le coeur, tel un troubadour de certains cours d'amour. Un sourire légèrement moqueur vint à son visage, qu'elle tenta de réprimer sans y parvenir vraiment. Non, il valait vraiment mieux que le chevalier restât tel qu'il était pour le moment.. La fée toussota et se concentra tant bien que mal sur ce que la dame des pensées de son meilleur assassin disait.
Quelques porteurs? Assez de survivants? Incendié une maison? Poursuite dans les bois? Mmmm... Traduction : Méléagant avait massacré une bonne partie de la population... Avec l'aide de Mélusine, certes. Bah, tant qu'il y avait un ou deux survivants pour raconter, ça allait.

# Combien y en avait-il exactement? De porteurs, veux-je dire.

Décidément, Morgane était de bonne humeur. Il faudrait qu'elle organise ce genre d'expéditions plus souvent. Envoyer Mélusine et Méléagant ensemble pour essayer de les rapprocher un peu ; y aller de son côté avec Accolon, massacrer tout le monde, se laver du sang de ses victimes avant ou après une étreinte sur le lieu même... Oui, il faudrait organiser ces journées plus souvent.
"Le plan a quelque peu changé"... Elégante manière de dire qu'elle avait tout décidé, qu'elle avait changé les plans de son stratège sans l'avoir consulté auparavant... Morgane eut un léger sourire.

# D'ailleurs, nous avons une petite surprise pour vous.

Entre, ajouta-t-elle en parlant plus fort et se levant de son siège pour apparaître à côté de la porte. Un jeune homme d'environ 16ans se tenait à présent sur le seuil. Morgane s'appprocha et le prit par les épaules pour le présenter à ses sbires.

# Je vous présente Thibaut, d'Ealdor. Son village a été lâchement décimé par des chevaliers envoyés par Merlin... Vous vous rendez compte? Camelot n'est plus ce que c'était avant. Complètement perverti par Merlin.
Thibaut nous a rejoints - elle le serra légèrement contre elle, se grisant du regard brûlant et presque jaloux d'Accolon - pour apprendre à se battre, pour pouvoir se venger d'Arthur et de la Table Ronde, qui ont tué sa famille. Ils n'ont pas hésité à tuer son petit frère, celui-là même que j'avais guéri de la folie. Folie causée par Merlin.

Thibaut, je te présente ton précepteur : Méléagant de Gorre. C'est un excellent chevalier, sans doute le meilleur. Il t'apprendra tout sur les armes et le combat. Et voici Mélusine, qui est également un excellent élément. Elle pourra t'apprendre quelques rudiments de magie, ou alors je m'en chargerai, si tu es d'accord. Il est toujours bon d'avoir plusieurs atouts en main. Et tu connais déjà Accolon de Boron, mon second.

La fée regarda intensément ses accolytes, les uns après les autres. Oui, c'étaient Accolon et elle les deux chevaliers de la Table Ronde, mais si jamais vous le mentionnez devant lui je vous étripe et vous écartèle pour vous rassembler et recommencer... Quant à toi Méléagant, pas de discussion, tu en feras un guerrier accompli. Des questions?... Allez-y mais méfiez-vous... N'oubliez pas que notre nouvelle recrure bouillonne d'un désir de vengeance.

Sujet: Re: Faire un massacre Ven 1 Mai - 21:46

Morgane se renseigna plus avant sur le nombre de porteurs. Mélusine lui offrit une réponse évasive, sur le fait qu’ils n’avaient pas vraiment eut le temps de faire les comptes. « Beaucoup », avait-elle assuré sans s’étendre. Accolon entra, fit à son tour un bref résumé de leur mission sans entrer dans les détails. Il ne s’excusa pas de son retard, mais quelle importance. Cela ne fit pas perdre à Morgane un iota de sa bonne humeur, ni ne la découragea dans sa démarche d’entraîner toute l’assemblée dans la danse de la victoire. D’ailleurs, elle évoqua une surprise, ramenant l’attention de Mélusine qui s’était égarée quelque part au fond d’un lac. Un jeune homme entra. Il n’était pas rassuré, mais la colère évidente qui émanait de lui semblait le faire tenir solidement sur ses jambes. Il balaya la salle d’un regard vif, s’attardant sur chaque traître que Morgane lui présentait en quelques mots. Mélusine arqua un sourcil à sa mention, septique. Enseigner à ce morveux à peine sorti de l’enfance ? Hors de question. Elle pourrait peut-être lui apprendre à faire des bulles, s’il se montrait sage. Et quelle monstrueuse manipulation l’avait conduit ici ? Accolon et Morgane avaient massacré sa famille et désigné d’autres responsables. Triste. Le garçon s’apprêtait à défendre ceux qu’il aurait dû combattre. Shakespearien, comme situation. Mais personne ne crut bon de lui signaler sa méprise, évidemment.

_ Méléagant devra user de toute sa patience pour apprendre à cette créature comment tenir convenablement une épée… ou un coutelas.

Tout le mépris et la défiance qui la caractérisaient, dans une simple phrase. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, c’était sa nature. Ou, du moins, ça l’était devenu. Elle s’écarta du pilier qui soutenait son dos depuis quelques minutes, ignorant le possible regard de Morgane, se dirigeant vers la porte.

_ Espérons qu’il ne soit pas le poids mort auquel on peut s’attendre, murmura-t-elle en passant près de Thibaut, ne manquant pas de lui adressant le regard le plus méprisant de sa panoplie.

Alors, toute aussi imperturbable et réfractaire à la bonne humeur qu’elle l’était depuis le début de la séance, elle sortit. Après un signe de tête respectueux à Accolon, après avoir savamment évité de regarder Morgane (histoire qu’elle ne s’infiltre pas encore dans sa tête sans sa permission) et un regard amusé en direction de Méléagant (le pauvre devrait assumer l’éducation guerrière d’un adolescent haineux), elle passa les larges portes sculptées et disparut dans le couloir. Insupportable, certes, mais on ne change pas un caractère vieillit de plus d’un siècle.

Sujet: Re: Faire un massacre Sam 2 Mai - 2:41

Accolon était à des lieues d'imaginer les feux de l'amour qui naissaient dans l'esprit de Morgane. Tout comme il n'imaginait pas combien Méléagant pouvait être exaspéré d'être là : personne ne l'avait forcé à se presser, et l'amant de la Fée était trop fatigué pour réfléchir plus sur le sujet - comme le fait que Méléagant ait agi par soucis du devoir et d'efficacité à faire son rapport.

Heureusement, la conversation força quelque peu le chevalier à être plus présent. Morgane introduisit Thibault au reste du groupe. Accolon regardait la jeune recrue d'un air hautain et méfiant - ce qui sembla amusé Morgane, pour il-ne-savait-quelle-raison. "Thibault nous a rejoint"...mmm, c'était un bien grand raccourci. Thibault était l'ennemi d'Arthur avant d'être l'allié que la Fée prétendait. Et oui, cela faisait une différence. Preuve en était que c'était Morgane qui serrait le gamin contre elle, et non le gamin qui se blottissait de lui-même dans ses bras.

Mélusine et Méléagant semblaient plus contester les compétences de la nouvelle recrue. Accolon croisa les bras sur son torse, gardant ses réflexions pour lui. Sur un plateau d'échec, même le basique des pions avait toujours une utilité... il suffisait juste de trouver laquelle.
Un signe de tête de Mélusine le sortit de ses pensées, et il rendit un franc sourire à la demi-selkie avec quelques mots à son attention lorsqu'elle passa près de lui : "Prends du repos et amuse-toi, en récompense de la mission que tu as menée à bien." Il hésita à rajouter "je suis fier de toi", mais cela se voyait déjà assez dans son regard. Mélusine faisait donc une bonne responsable sur le terrain, Accolon pourrait lui déléguer quelques tâches.

Revenant à Méléagant, l'amant de la Fée constata qu'il le regardait avec insistance. Ah, oui, la requête. Accolon ne décroisa pas ses bras et parla à l'attention de tout le petit comité restant.

- Le gamin te sera confié Méléagant, il sera sous ta responsabilité. Cela veut aussi dire que tu as carte blanche pour t'en occuper. Fais-lui passer tous les tests que tu estimes nécessaire et renvoie-le nous s'il échoue.
Au niveau de l'âge, oui Thibault est trop âgé pour apprendre le métier des armes comme nous l'avons appris toi et moi. Mais nous n'avons pas le temps pour cela, et du haut de ses quinze printemps - seize ? Accolon interrogea rapidement Thibault du regard, qu'importe. il est en âge pour que tu le traînes avec toi sur le terrain, une fois qu'il aura acquis les bases.

Accolon venait, à sa manière, d'appuyer la demande de Méléagant. Et le meilleur guerrier au monde n'attendit pas plus longtemps pour avoir l'avis de Morgane.

Sujet: Re: Faire un massacre Mar 5 Mai - 17:31

-Espérons qu’il ne soit pas le poids mort auquel on peut s’attendre.

Morgane leva les yeux au ciel. Elle ne changerait jamais... La fée ne fit aucun commentaire, pas question que l'orgueil de l'hybride lui plombe sa journée. Morgane laissa donc Mélusine sortir, sans rien dire ni rien faire pour l'en empêcher. Elle se chargerait d'apprendre quelques petits tours à Thibaut. Peut-être le même qu'à Cai. Ou alors, l'inverse. Savoir transformer quelques de grand en petit. Mmmm... Bon, elle y réfléchirait plus tard.

Elle se tourna vers Méléagant. Trop vieux? Elle le savait, pour qui la prenait-il? Elle savait qu'il était trop vieux. Morgane pouvait toujours le rajeunir, mais le chevalier cherchait une échappatoire, sans aucun doute. N'avait-il pas compris que ça n'était pas une proposition, ni une idée en l'air?
Ah... Le tester? Bien sûr qu'il le pouvait. il ne serait pas déçu... L'adolescent était très doué au couteau. Lancer, planter, etc, tout ce qui était couteau ou dague ne lui résistait pas. Morgane ne l'aurait jamais ramené ou laissé vivre s'il ne présentait pas un quelconque intérêt. Pourquoi ses chevaliers ne réfléchissaient jamais pratique?
Elle soupira.

-Le gamin te sera confié Méléagant, il sera sous ta responsabilité. Cela veut aussi dire que tu as carte blanche pour t'en occuper. Fais-lui passer tous les tests que tu estimes nécessaire et renvoie-le nous s'il échoue.

Merci ! Pour un peu, Morgane l'aurait embrassé. Ahem. Carte blanche? Mmmm... Oui, à condition de ne lui couper aucun membre pour qu'il se perfectionne avec les autres... Morgane prit finalement la parole.

# Il en sera ainsi. Méléagant, tu le testeras. Ensuite, si tu le juges digne, si tu constates des progrès, ou autre chose, quoi que ce soit, tu me feras un rapport. Thibaut, suis Méléagant. Les trois prochaines semaines seront dures pour toi, mais si tu dois avoir en tête que les Chevaliers de la Table Ronde et Merlin ne nous feront aucun cadeau. Si tu veux venger les tiens, tu devras te montrer résistant et fort. Aucune faiblesse ne sera admise. Au combat, la faiblesse cause la mort. Si tu meurs, nous mourons tous.

Bon, un peu mélodramatique, d'accord. Mais il fallait bien qu'il comprenne que c'était vaincre ou mourir. S'il mourrait, bon, ben ça ferait un soldat de moins, mais elle pourrait toujours recruter des fantassins ailleurs. Le garçon n'eut aucun regard fuyant, aucune hésitation, le regard dur comme l'acier d'une épée ; il vengerait sa famille, il était prêt à tout. Il avança d'un pas vers Méléagant, décidé.
Morgane eut un sourire triomphant dans le dos de Thibaut. Le poison qu'elle distillait petit à petit dans son esprit fonctionnait, il serait bientôt totalement dévoué à la cause. Elle fit signe à Méléagant et Thibaut de sortir - allez commencer les tests - et se tourna vers Accolon. Elle retourna s'asseoir dans son siège sculpté. La magicienne s'adressa à Accolon, escomptant que Méléagant et Thibaut sortaient.

# Oui, je sais que j'ai raccourci. Mais bon, ça sera vrai d'ici quelques heures. Peut-être même d'ici quelques minutes...

Morgane soupira, et ferma les paupières, calant sa tête contre le haut dossier. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle faisait pivoter la tête, craquant son cou par la même occasion.Elle savait qu'Accolon comprendrait sa dernière phrase, et, il fallait l'avouer, elle attendait avec plus ou moins impatience sa réaction...

Sujet: Re: Faire un massacre Jeu 7 Mai - 19:55

De loin, Accolon regardait avec une attention particulière les réactions de Thibault. S'il devait devenir une recrue, alors le Chevalier devait s'intéresser à lui. Le jeune loup ne montra aucune hésitation à suivre l'apprentissage d'un effrayant personnage tel que Méléagant. Détermination ou témérité ? Accolon préféra réserver son jugement pour plus tard, il était de toute façon trop tôt pour juger ce dont Thibault était capable ou non.

Méléagant lui adressa d'évident signes de reconnaissance, qu'Accolon lui rendit volontiers. Le franc sourire qu'il offrit au Chevalier voulait tout dire : oui, la première impression que Méléagant lui avait faîte était celle d'une tête brûlée incrontrôlable, mais les récents évènements et dicussions qu'il avait eu avec le Chevalier avait convaincu l'amant de la Fée que Méléagant était peut-être le pilier sur lequel Accolon pourrait se reposer. Confiance, le mot était simple mais il avait une signification débordante.

Sa Fée regagna son trône, et Accolon ne put taire le sourire qui se dessinait sur ses lèvres. Sa maîtresse dans toute sa splendeur et puissance, reine sur son trône, c'était elle qui lui avait arraché le coeur et Accolon était, à son grand plaisir, totalement subjugué. Le Chevalier sourit à son amante, d'un sourire autant passionné (car Morgane le possédait) que fier (car il était celui que la Fée avait choisi de posséder).
Morgane avait l'air de saisir ses pensées et Accolon fit tout de suite la rapprochement avec la phrase de l'enchanteresse. Il lui laissa le temps de fermer les yeux et de se dégourdir le cou, tandis que lui allait chercher une grappe de raisins dans l'une des armoires de la salle. Il était assez familier avec Morgane pour se permettre de goûter un raisin avec un plaisir non dissimulé (et d'en prendre quelques uns dans sa main) avant de tendre la grappe à sa reine.

- Je te trouve bien optimiste avec ce Thibault. Accolon se laissa glissa contre l'un des accoudoir du trône, pour s'assoir sur le sol à côté de la Fée. Il dégustait négligemment petit à petit les raisins qu'il avait gardé dans sa main. Une pointe de jalousie avait-elle initié sa remarque à l'égard de Thibault ? Oui, oui, je suis sûr que tu peux l'ensorceler et lui faire croire qu'Arthur et ses chevaliers sont des démons personnifiés... quant à te considérer comme une souveraine légitime comparée à Arthur, il y a un pas...

Accolon s'engageait sur un sujet visiblament totalement tendacieux qu'il n'avait encore jamais abordé avec son amante. Il était trop fatigué pour mettre un frein à ses pensées, il parlait simplement en fermant les yeux, entre deux bouchées de raisins.

- Bah... à vrai dire, ça ne changera pas beaucoup de tes suivants... A part Mordred qui est ton fils et pour qui tu es absolument tout... Lionel est sous nos ordres uniquement pour tuer Bohort, Caï est simplement trop lâche pour agir autrement, Méléagant est content de la force et des opportunités que tu lui donnes, tandis que Mélusine s'amuse... Thibault n'est en fait pas bien différent du reste de notre camp, il suit les ordres non pas parce qu'il croit que tes plans sont meilleurs mais parce que cela sert son intéret. L'amant de la Fée était-il allait trop loin ? En tout cas, il n'avait pas évoqué les raisons de "son" engagement envers elle.

Accolon tenait entre son pouce et son index un raisin qu'il ne tarderait pas à faire tomber dans sa bouche.

Sujet: Re: Faire un massacre Dim 10 Mai - 8:05

Morgane resta quelques instants sans bouger, installée confortablement, réfléchissant aux paroles d'Accolon. Elle, optimiste? C'était mal la connaître... Etrange que son chevalier fasse cette remarque. Pour la fée, il n'y avait que ce qui est, et ce qui n'est pas, ce qui allait être et ce qui n'allait pas être, ce qui avait été et ce qui n'avait pas été. Thibaut allait être devoué à leur cause, ça n'était pas un espoir, ni une vision potentielle, une hypothèse de futur, c'était une certitude.
Souveraine légitime? Accolon... Un grondement sourd s'éleva de la gorge de Morgane, sans qu'elle en ait pris conscience, animosité et animalité de son caractère. Morgane resta pourtant assise, se crispant seulement sur son siège.

# Ne t'inquiète pas. Il ne manque au lanceur de couteaux qu'une leçon en plus de ses entraînements avec Méléagant. Cette leçon, c'est moi qui la lui donnerai. Il s'en souviendra. Tout comme moi je me souviens que ma mère a été abusée par ce..cette pourriture qu'était Uther Pendragon et qu'est aussi son fils. Je devrais être à Camelot, sur mon trône, régente en attendant que mon fils - sa voix s'adoucit instantanément à ces mots - Mordred devienne roi.
Thibaut déteste Merlin et sa clique. Sait-il seulement que c'est "grâce" à Merlin que ma mère fut violée? Sans doute pas, il n'a pas dû s'en vanter... Il sera persuadé du bien-fondé de notre cause et tuera, sera prêt à mourir pour moi. Que demander de plus?

Elle ajouta, guettant la réaction de son amant à tendance jalouse. Et puis, il n'est pas désagréable à regarder. Je pense même le faire grandir de quelques années, le rendre du même âge que Mordred, voire de ton âge...

Morgane écouta Accolon dresser la liste des raisons de ceux qui la suivaient dans son combat. Mordred....Lionel...Oui, il voulait tuer son frère, mais ça ne l'empêchait pas de tuer quelques autres chevaliers de la Table Ronde au passage... Caï, lâche? Mmmm.. Oui, sans doute. Méléagant... Morgane sourit en secouant la tête. Méléagant....adorait montrer ses capacités, et tuer ne lui faisait pas peur et ne l'émeuvait jamais. Mélusine, s'amuser? Oui, certainement, vu le plaisir qu'elle prenait -Morgane l'avait regardée faire une fois ou deux - à utiliser l'eau présente en tous. Thibaut... Maintenant, son intérêt allait être celui de la magicienne.De toute façon, il ne partirait plus, il avait repérer la jeune Alice, à qui Morgane allait remettre une oreille d'ici un jour ou deux (avec la menace voilée de la faire disparaître à nouveau si la paysanne avait un geste inconsidéré, évidemment...). Accolon... Tiens, il ne s'ajoutait pas à la liste?...
La demi-soeur ennemie de Pendragon sourit et se leva de son siège. Elle vint se placer en face d'Accolon, accroupie, posant la main droite sur son genou. Elle se pencha vers lui et le regarda, inquisitrice et curieuse.

# Et toi?... Pourquoi me suis-tu, dans ton cas?

Elle prit de sa main gauche le grain de raisin qu'il tenait, toujours souriante, et le porta à ses lèvres, attendant avec une lueur de malice ce que répondrait son bras droit, faisant rouler le raisin avec sa langue. Que répondrait Accolon de Boron? Elle aurait donné.... Bon, elle n'aurait rien donné, elle aurait pris à quelqu'un quelque chose à donner pour savoir ce qu'il allait dire. Impossible de savoir, il semblait qu'il changeait souvent d'avis. Il hésitait entre plusieurs possibilités, non? D'ailleurs, l'une d'elles revenait plus régulièrement que les autres. C'était celle-là, sa raison? Mmmm... Morgane s'interdit alors de lire dans l'esprit de son amant et attendit, toujours accroupie, qu'il se décide à parler.

Sujet: Re: Faire un massacre Dim 10 Mai - 17:49

- Hahaha ! Un rire franc et inscoucient prit Accolon. Cela se faisait vraiment rare, qu'il riait ainsi. Morgane était peut-être la seule à arriver à arracher de vrais sentiments à Accolon, alors que le reste des rencontres du Chevalier, malgré tout le bien qu'il pouvait penser d'eux, n'étaient que des variables qu'il tentait d'ajuster au mieux pour satisfaire les plans de sa maîtresse.

L'amant de la Fée mit un petit moment à s'arrêter de rire, et ne put s'empêcher de répliquer lui aussi avec malice.

- Si tu fais ça, alors Thibault aura plus à s'inquiéter de moi que des leçons de Méléagant, hahaha. Aucune jalousie ne perçait dans la voix d'Accolon tellement il ne croyait pas à la possibilité que Morgane puisse faire vieillir la nouvelle recrue. Morgane plaisantait, l'humeur était légère. Et si jamais elle ne plaisantait pas... Accolon eut un nouveau sourire amusé.

Morgane lui demandait de ne pas s'inquiéter, et le traître lui donna sa confiance dans un murmure. L'humeur détendue et son assoupissement le poussèrent à continuer négligemment sur ses compagnons d'armes.
Ce à quoi Morgane répondit en montrant de la curiosité.

Accolon fut totalement destabilisé par la question. Morgane se penchait vers lui, et jouait sensuellement avec le grain de raisin tandis que ses yeux dévoraient ceux de son bras droit. Toute la paresse qui avait habité Accolon le quitta. Il était tout simplement à la merci de la Fée.
Un prisonnier lui-même volontaire dans la cage de ses sentiments. Morgane le possédait, s'en rendait-elle seulement compte ? Accolon s'y sentit plus que jamais noyé dans la fascination qu'exerçait son amante sur lui : cela lui faisait atrocement peur tant il aimait ça, ou aimait-il ça justement pour cette peur ?
Accolon ne pouvait pas détourner les yeux de Morgane. Non, ce n'était pas exactement ça. Accolon ne pouvait même pas *vouloir* détourner les yeux !

- Je... Accolon avala sa salive, visiblement mal à l'aise. Morgane savait sûrement qu'il lui était fidèle, non ? Pourquoi demandait-elle ça ? Se rendait-elle compte de ce qu'elle demandait à Accolon d'avouer, ce qu'il ne s'avouait lui-même que difficilement ? Parce que tu es ma reine...

Ce n'était qu'une partie de la vérité. Accolon accordait bien sûr beaucoup d'importance à sa parole, qu'il avait donné à la Fée, et il évoquait toujours cette raison aux autres personnes qui le questionnait sur le sujet. Un Chevalier sert sa Reine, c'est ainsi que doit tourner le monde.
Accolon espérait de tout son coeur que Morgane se contenterait de cette réponse. Il n'avait même pas la prétention de la tromper. Incapable de bouger, il la suppliait simplement du regard de ne pas le forcer à continuer sa réponse comme un condamné peut supplier son bourreau, sans limite et sans honte et sans dignité.

Sujet: Re: Faire un massacre Lun 11 Mai - 13:12

A son rire vis-à-vis de Thibaut, elle répondit, un sourire imperceptible aux lèvres :

# J'ai fait grandi Mordred, je te rappelle. Je peux très bien le faire avec lui. Tout comme je peux te faire rajeunir, ou vieillir.

Morgane resta sans bouger, fixant Accolon, les yeux noisette plongés dans les yeux bleus. Elle ne lui rendait pas la tâche facile, elle en était parfaitement consciente, mais ça l'amusait. La magicienne savait parfaitement pourquoi il était avec elle, mais elle voulait l'entendre de sa bouche à lui. Il n'avait jamais dit à haute et intelligible voix ses raisons, et, même si tous deux les connaissaient, la fée voulait qu'il ait le courage de l'avouer, de se l'avouer, même. Elle voulait qu'il le dise. Elle ne se contenterait pas de sa courte réponse, si évasive, pas assez précise, pas assez fidèle à la réalité.
La magicienne approcha son visage de celui d'Accolon, son souffle chaud de son murmure caressa son amant :

# Une reine n'est reine que si elle a son royaume... Où as-tu vu que j'avais un territoire? A part mon domaine, je n'ai aucune terre quand tout devait me revenir...

Morgane rapprocha un peu plus son visage, leurs nez n'étaient plus distants que de quelques centimètres. Elle le regardait toujours droit dans les yeux. Elle leva la main gauche et l'amena sur sa joue. Elle lui compliquait encore plus la tâche, elle le savait et s'en amusait d'autant plus.

Il fallait qu'elle fasse attention. Rester trop près de lui, avec lui, tellement dévoué, tellement dépendant, ça allait la rendre plus vulnérable. Si elle ne faisait pas attention, elle finirait par se prendre à son propre piège. Ce qui n'était qu'un amusement, un flirt presque devenait plus, ce qui n'était pas sans conséquence... Elle ferma les yeux quelques secondes et les rouvrit, fixant Accolon avec une étrange lueur dans les yeux. Elle le suppliait, bon d'accord, Morgane ne suppliait jamais, mais elle lui demandait avec insistance intérieurement.
Dis-le... Dis-le...
Elle se pencha, se rapprochant d'un centimètre de lui et lui souleva doucement le menton, le faisant relever la tête.

# ...donc, pourquoi me suis-tu?

Elle resta là, immobile, à le regarder, se demandant s'il oserait, s'il aurait le courage de le dire. Serait-il couard et faible de temps en temps?... Le magicienne sourit à l'idée, avant de replonger ses yeux dans ceux d'Accolon, guettant le moment où il prononcerait les mots fatals... si jamais il les disait...

Sujet: Re: Faire un massacre Lun 11 Mai - 17:44

Le souffle chaud de Morgane fit frissonner Accolon. Un sourire crispé se posa un moment sur ses lèvres, tandis qu'il s'imaginait des arguments logiques pour répondre à la remarque de Morgane. La Royauté était une relation double, entre le souverain et ses sujets, la terre n'arrivait qu'après en tant que simple symbole de cette autorité. Accolon aurait su trouver les mots sur ce terrain-là, mais ce regain de logique ne dura pas longtemps.

Morgane posa sa main contre la joue du Chevalier. Accolon tremblait légèrement, sa peau avait perdu de sa chaleur sous le simple effet de ses émotions. L'amant de la Fée était trop tétanisé pour voir que Morgane le "suppliait" des yeux - supplier voulait dire demander, et non ordonner, il y aurait vu une chance. Elle releva son menton, s'approchant encore plus et renouvelant son inquisition.
Accolon sentait que sa volonté lui échappait, comme au moment où il avait rejoint Morgane. Le "contrat tacite" qu'ils avaient permettait à chacun de dépendre de l'autre sans avoir à chaque instant à rétablir l'ordre hiérarchique. Et à vrai dire, ce besoin ne s'était jamais fait sentir.
Pour le traître, c'était un combat qui avait déjà eu lieu. Un combat qu'il avait déjà perdu. Et une défaite qu'il avait acceptée.

- Par... parce que... Accolon avait vraiment du mal à parler, les mots lui restait dans la gorge. Sa mâchoire se contractait et son souffle s'accélerait comme s'il courait à vive allure, seul le regard de Morgane le poussait à continuer malgré que tout lui hurlait le contraire. Et pour Accolon, le regard de Morgane était justement plus fort, que tout. Parce que je t'appartiens, corps... Aux noms des dieux, il était comme mort, MORT ! pour rejoindre Morgane ! Il avait renié sa parole à Arthur, son rang, sa VIE toute entière ! ...corps et âme... Elle lui avait tout pris, il lui avait tout donné, bon sang Morgane était devenue sa raison de vivre, sa fichue unique et seule putain de raison de vivre !... ma Fée. Tu... m'as conquis, tu m'as vaincu, tu m'as possédé... et tuviens de le faire encore.

Morgane avait encore gagné, pliant la résistance d'Accolon comme si elle était faîte de papier.
Un diction disait que ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Il y avait sûrement du vrai dedans : on pouvait apprendre de toute bataille, de toute erreur et de toute défaite, à condition de s'en relever. Accolon serait peut-être plus fort... une fois ramassées les miettes de sa volonté, brisée de nouveau.

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