Encore une fois, Gil-Galad se promenait aux confins des Bois Elfiques. Il était même un peu en dehors de ceux-ci, en fait... Ses raisons étaient inchangées : il se familiarisait avec l'affaiblissement possible de ses talents dû à l'éloignement de son foyer, la base de sa magie. Pour l'instant, même lorsqu'il s'était aventuré bien plus loin que cette fois, il n'avait pas noté de différence notable, mais il était toujours resté dans la forêt, et il était possible que cela lui fournisse une énergie qu'il n'aurait pas autrement. Pourtant, malgré cette conclusion, notre Elfe préféré n'avait pas envie de s'aventurer au-delà pour aujourd'hui... Peut être une autre fois, qui sait ? Pour l'instant, il préférait ne pas aller autre part. Il était bien, là, après tout... Et puis, se disait-il, autant être totalement préparé à faire face là où il aurait le plus de chance de vaincre : parmi les arbres, que ce soit ceux de la Cité Immortelle ou d'autres ! Il serait toujours temps de penser au reste après...

En effet, il ne pensait pas sérieusement que quiconque puisse le vaincre dans les bois - il envisageait tout juste la possibilité que ce soit possible ailleurs - sauf peut-être l'Enchanteur Merlin ou une de ses disciples. Il était bien forcé de reconnaître que ces derniers étaient plus puissants que lui... Pour le moment. Car il comptait bien progresser ! Il était déjà le plus grand Mage du Beau Peuple, voir le plus grand Mage du monde, et il finirait par devenir le meilleur praticien de la Magie à la surface de la Terre ! Oui, il n'en doutait pas un seul instant... Comme vous pouvez le voir, Gil-Galad n'était pas vraiment modeste, mais plutôt franchement arrogant. Il avait confiance en sa puissance - peut être un peu trop... -, même s'il lui restait assez de bon sens pour envisager le fait qu'elle soit affaiblie par son voyage. Ce bon sens avait toutefois ses limites, puisque le serviteur du Roi ne croyait pas sérieusement qu'on puisse le surpasser, même ainsi...

Toujours était-il, pour en revenir à nos moutons, que le Magicien se trouvait donc quelque part au milieu de la verdure, pas loin de la forêt elfique, mais pas totalement à l'intérieur de ses frontières non plus. En cet instant précis, il était assis sur le tronc d'un grand arbre abattu par quelque caprice de la Nature, et non pas par la main de l'Homme, de ces détestables Humains qui rasaient les bois et recouvraient les plaines de pierres glacées, y empêchant toute vie. De ces Humains qui asservissaient les bêtes et brûlaient les végétaux. De ces Humains qui n'étaient pas plus que de la racaille... Gil-Galad rectifia cette pensée avec un petit sourire. Il avait récemment rencontré, au cours de ses exploarations, des Humains, des Humaines en fait, qui lui avaient montrés, de manière totalement différente, que leur peuple n'était peut-être pas aussi détestable qu'il le paraissait, du moins pas pour tous ceux qui le composaient...

Oui, il y avait parmi eux des individus qui s'élevaient au-dessus des autres, mais, est-ce que leur race dans son ensemble était capable d'être à peu près civilisée ? C'était à voir, et de toute façon, ce n'était pas à lui d'en décider. Ce serait son Souverain, le Roi Llandon, qui donnerait le ton de leur relation avec eux, du moins en ce qui concernait notre héros. Le Mage était en effet tout dévoué à son maître - il était à son service personnel -, à celui qui lui avait permis de découvrir et de cultiver ses dons pour la Magie, le plus grand et le meilleur de tous les arts, de devenir ce qu'il était destiné à être. Pour cela, il avait sa reconnaissance et sa loyauté éternelle - littéralement puisqu'ils étaient tous deux des Elfes. Il était prêt à tout pour servir les besoins du Roi, à tuer, à mentir, à tromper, à voler, à torturer... Sa moral était totalement oubliée dans ses cas là, et il n'avait d'autres limites que celles que lui imposaient ses capacités... Des limites très, très éloignées.

De fait, il avait fini par perdre peu à peu la plupart des scrupules qu'il avait dans les autres domaines de sa vie, même s'il était encore quelqu'un d'assez agréable dans ses bons jours, et n'avait pas encore basculé dans le cynisme total qui aurait marqué sa descente vers une personnalité bien plus sombre encore... Celle-ci se reflétait pourtant dans ses plus sombres humeurs... Quand il y était plongé, mieux valait ne pas l'approcher, au risque de voir déferler une rage froide et indifférente, qui peut parfois se révéler dangereuse... Et pas qu'un peu. Seul son Souverain parvenait à lui parler dans ces moments-là. Mais pour l'instant, notre héros était plutôt calme, voir serein, et il s'assit en tailleur sur l'arbre défunt afin de méditer un peu sur ce qui allait suivre... Cela l'aidait toujours de faire ça. Mais, alors qu'il s'était enfoncé dans cet exercices pendant quelques instants, il sentit une présence... Une présence consciente, elfique... Intrigué, il ouvrit ses yeux d'océan...

HRP/Désoler de me répéter légérement, je commence à manquer d'inspiration pour mes messages d'introduction Heureusement que c'est bientôt le départ de la Délégation ^^/HRP

Aerin ne se lassait pas de la forêt et de ses odeurs fraîches, des chants des oiseaux et des animaux aparaissant ici et là. Et bien sûr, de la liberté qui venait avec cet espace réservé aux gens de son peuple. Parfois, des humains s'y perdaient, et alors ils erraient sans fin. Rares étaient ceux qui étaient assez charitables pour les guider hors de la forêt, ou pour les libérer en mettant fin à leurs jours. Mais elle avait dépassé la limite du territoire d'Alfirin depuis un certain temps. Elle pouvait à présent tomber sur n'importe qui... et n'importe quoi. L'idée qu'un Fomoire pouvait être à la croisée de son chemin alluma une flamme dans son regard qui se teinta de rouge. Oh, elle ne retiendrait pas la lame de sa dague, si c'était le cas. Elle avait une dette à payer et elle la rembourserait entièrement avec du sang, le leur.

Habillée simplement, comme à l'ordinaire, elle n'avait pas apporté son arc ni ses flèches. Ici, elle saurait maîtriser un combat avec ses dagues seules. Enveloppée dans sa cape bleu nuit, elle était protégée de la fraîcheur procurée par l'ombre des feuilles au-dessus d'elle. Son regard vira à nouveau au brun tandis qu'elle calmait ses impulsions. Marchant lentement, avec toute sa légereté, elle se concentra sur ce qui l'entourait. Elle laissa une douce brise caresser sa peau et remarqua encore qu'elle n'en était pas apaisée. Elle sentit un pincement à l'intérieur lui rappelant que la douleur ne la quitterait plus.

Iolar, un peu plus haut, poussa un cri avant de monter dans le ciel. Il quitta le couvert des arbres afi de se libérer, lui aussi, de certaines contraintes. Elle ferma les yeux un instant et le remercia silencieusement de sa présence. Il lui permettait d'oublier sa solitude méritée et il respectait ses besoins. Toujours était-il qu'il était le seul dont elle pouvait supporter la constante présence.

En parlant de présence, elle vit qu'elle n'était plus seule. Un Elfe qu'elle reconnut que trop bien était assis non loin en avant. Elle aurait voulu tourner les talons et partir, évitant une rencontre qu'elle n'était pas certaine de vouloir, mais elle était persuadée qu'il avait déjà connaissance de son arrivée. Elle força un sourire sur ses lèvres, bien que ce ne fut pas avec méchanceté, puis s'annonça.

- Bonjour, Gil-Galad. Heureuse rencontre. Vous dérangerais-je dans une de vos méditations?

Sa voix, fidèle à ses habitudes, était neutre, sans intonation, ce qui venait contredire ses propos. Son regard terne contrastait également avec son faux sourire qui n'était là que parce qu'il le devait. Elle n'aimait pas particulièrement le mage, mais elle ne le détestait pas. Elle reconnaissait sa puissance et appréciait, autant que c'était possible, sa loyauté envers le roi Llandon. Pour le moment, du moins, ils travaillaient à la même cause et elle le considérait comme un allié plus que d'autres.

[Arf, désolée à mon tour ^^' j'ai étét souvent interrompue, alors je ne sais plus trop si ça fait du sens! (faudrait que je me concentre sur mes RPs plutôt que sur mon travail )]

« Bonjour, Gil-Galad. Heureuse rencontre. Vous dérangerais-je dans une de vos méditations ? »

Une voix... Elle avait retentie juste après qu'il ait ouvert ses yeux marins... Il la connaissait, c'était celle d'une femme, une garde au service de son Roi - et aussi de la Reine, mais il s'en souciait beaucoup moins - une certaine Aerin Ilmarë. Il se souvenait de s'être brièvement intéressé à son cas à cause de son histoire singulière. En fait, il fallait bien reconnaître que le Mage était plutôt intéressé par la façon dont les tortures l'avaient brisée et changée. Il était curieux de savoir lesquelles avaient été employées et comment, pour voir s'il pouvait les utiliser ou en reproduire les effets... Malheureusement, il n'avait rien appris sur le sujet : elle était hermétique. Peut-être qu'elle se dévoilerait au cours du voyage, car il avait entendu dire qu'elle ferait partie de la Délégation... Le personnage en lui-même l'intriguait un peu, mais moins... C'était tout bonnement une des servantes de son Monarque, point... En attendant, il fallait lui répondre.

« Non, nullement... Vous ne me dérangez pas, soyez en sûr... Je venais à peine de commencer. »

C'était parfaitement vrai du reste. Il ne méditait pas encore vraiment, il commençait à peine. Se relevant souplement, il fit involontairement virevolter sa cape noire, assortie au reste de sa tenue, en s'inclinant légèrement devant elle... Il avait toujours eu tendance à une politesse un peu cérémonielle, un peu déplacée, même, par moment.

« De plus, le bonheur de la rencontre est partagé, Aerin... Votre compagnie est toujours agréable... »

Il ne tenait absolument pas compte de son ton froid et de son sourire assez contraint, voir même inexpressif... Lui-même n'affichait rien de tout cela, même si une étincelle d'amusement dansait au fond de ses prunelles couleur océan.

« Mais dite moi, Dame, que venez-vous faire en ses bois ? Peut être est-ce moi qui vous dérange, maintenant que j'y pense. »

Bien entendu, il ne s'en formaliserait pas... Il n'avait pas vraiment pour prétention de faire plaisir aux autres, et se souciait de son propre avis - avec peut-être celui de son Souverain aussi.

« Si c'est le cas, je vous prie d'avance de m'en excuser... »

Aerin resta impassible alors qu'elle l'entendit prononcer une réponse courtoise. Elle l'aurait laissé tranquille s'il lui avait demandé, et avec joie, mais il semblerait que ce ne soit pas nécessaire. Autant discuter un peu, alors, puisqu'ils accompagneraient tous deux leur roi à Camelot. Cela ne lui ferait pas de tort de se familiariser avec ceux avec qui elle travaillerait. Car bien sûr, leurs relations resteraient strictement professionnelles et elle n'accepterait pas de franchir même la camaraderie.

« Non, nullement... Vous ne me dérangez pas, soyez en sûr... Je venais à peine de commencer. »

Le mage s'inclina alors devant elle avec souplesse, et exagérant peut-être un peu la nécessité d'une telle preuve de politesse. Il n'avait nullement besoin de s'incliner devant elle puisqu'ils étaient au même niveau, pour différentes raisons. Aussi, ne dit-elle rien, n'ayant rien à dire. Elle fit une légère révérence en réponse, puisque c'était ce qui semblait le plus approprié.

« De plus, le bonheur de la rencontre est partagé, Aerin... Votre compagnie est toujours agréable... »

Elle ne sut s'il était sincère ou non, mais ne s'en inquiéta point. Elle remarqua simplement qu'il semblait s'amuser de cette situation, ou de présence, elle ne pouvait dire.

« Mais dite moi, Dame, que venez-vous faire en ses bois ? Peut être est-ce moi qui vous dérange, maintenant que j'y pense. Si c'est le cas, je vous prie d'avance de m'en excuser... »

Aerin ne le quittait pas des yeux sans pourtant vraiment le regarder. Elle s'inclina à nouveau, comme pour accepter ses excuses. Elle avait retiré son sourire, se disant qu'il n'était plus requis, et répondit avec un ton légèrement plus froid.

- Cela, Seigneur, ne concerne que moi-même.

C'était ainsi. Elle n'avait rien à cacher, et rien à dévoiler. Savoir ce qu'elle faisait ici ne lui apporterait rien s'il le savait, puisqu'il n'y avait guère de raison méritant d'être expliquée. Elle recherchait un peu de solitude, voilà tout.

- Êtes-vous inquiet de me voir hors des limites de notre terre sans escorte?

C'était une question comme une autre, mais elle l'avait choisie spécialement parce que c'était un sujet qui revenait souvent lorsqu'il s'agissait d'elle. Bien qu'elle s'était coupée de ses amis et de sa famille, ils étaient persistants et désiraient encore sa sécurité. Mais de quel besoin en avait-elle dans cette forêt? Elle s'était fait prendre en-dehors des arbres protecteurs qui lui auraient au moins permis de fuir. Mais elle n'était plus aussi na¸ive, et elle savait mieux se défendre.

- Ne vous en faites pas, je partirai à Camelot avec vous. J'ai des choses à régler...

Elle était bien vague et songeuse quant à cette dernière remarque. En effet, sa rencontre avec Arthur avait fait qu'il était nécessaire qu'elle y aille, ne serait-ce que pour voir leur mission se conclure. Bien entendu, l'idée de s'enfermer dans une ville de pierre et d'hommes l'enchantait peu, mais c'était son devoir de protéger son souverain et elle le ferait.

Pendant qu'il parlait, son interlocutrice avait renoncé à son semblant de sourire. Gil-Galad ne s'en formalisa pas... Si elle n'avait pas envie de sourire, autant qu'elle s'abstienne de présenter cette caricature glaciale. Glaciale... C'est également le ton vers le quel s'orienta sa voix quand elle lui répondit.

« Cela, Seigneur, ne concerne que moi-même. »

Le Magicien leva un sourcil étonné devant sa réponse. Aurait-elle un quelconque secret à cacher ? Il aimait les secrets... En fait, il aimait surtout percer ceux des autres et s'occuper de ceux qui s'approchaient trop près des siens. Il était bien sûr possible que se fût tout à fait autre chose qui se trouve derrière l'attitude de la jeune femme, comme une simple envie de lui dire de se mêler de ce qui le regardait, mais il résolut de l'observer autant que possible durant leur voyage... Comme il observerait les terres qu'ils traverseraient et les Humains qu'ils croiseraient.

« Êtes-vous inquiet de me voir hors des limites de notre terre sans escorte ? »

Son sourcil se réhaussa derechef. Lui, inquiet de son sort ? Mais pourquoi donc... Elle était assez grande pour se défendre toute seule, et ce qui pouvait bien lui arriver ne l'intéressait pas le moins du monde. A l'extrême limite, il aurait pu regretter de n'avoir pas eu l'occasion de découvrir ce qu'il y avait à découvrir sur elle, mais rien de plus. Notre Mage préféré était en effet doté d'une grande curiosité, qui le motivait souvent dans ses explorations des Arcanes de la Magie Elfique, toujours plus loin... Mais déjà, pendant qu'il songeait à cela, la dame reprenait.

« Ne vous en faites pas, je partirai à Camelot avec vous. J'ai des choses à régler... »

Des choses à régler ? Que pourrait donc bien devoir régler une garde du Souverain des Elfes dans une ville des Humains ? Décidément, il serait vraiment très curieux de voir ce qui allait bien pouvoir se passer autour d'elle. Ca promettait d'être intéressant, ou tout du moins il l'espérait. Ne s'attardant pas là-dessus pour l'instant, il préféra lui répondre.

« Ne vous en faite pas, je ne crains pas pour votre vie en dehors du territoire de la Cité Eternelle... Après tout, vous devez être capable de vous défendre, puisque vous devez défendre le Roi...»

C'était un raisonnement parfaitement logique. Si on devait commencer à donner une escorte aux membres de l'escorte de son Monarque, où irait-on ?

« Quant à ma question, si elle vous a offensé, je m'en excuse encore une fois. Poussé par la curiosité innocente qui est le moteur des recherches de tout mage... Ou de tout bon mage tout du moins... Je me suis peut-être monté indiscret sans le vouloir. »

Ca lui arrivait souvent, d'ailleurs... Un peu trop souvent, peut-être. Mais il n'y pouvait rien, il était ainsi fait ! Ca faisait partie de ce qu'il était, de ce qui faisait qu'il dépassait autant ses « collègues ».

« Je ne doute pas non plus de votre présence dans notre voyage. Votre devoir est de protéger le Roi des dangers physiques, comme moi des attaques magiques. Ors, le devoir ne se discute pas... »

Bien entendu, lui-même serait aussi une arme offensive si cela s'avérait nécessaire pour faire avancer la cause Elfique.

« Je dois bien avouer que, pour ma part, la curiosité me pousse aussi... Je connais mal les Humains, et je serais curieux de voir quelle sorte de chef ils se sont choisi... Probablement un arrogant impétueux pétrit d'émotions contraire, comme souvent... Mais je suis impatient de voir ça de mes yeux... Pas vous ? »

« Ne vous en faite pas, je ne crains pas pour votre vie en dehors du territoire de la Cité Eternelle... Après tout, vous devez être capable de vous défendre, puisque vous devez défendre le Roi...»

Aerin se contenta de hocher légèrement de la tête, signifiant que les liens qu'il avait faits étaient corrects. Ce serait un peu ridicule qu'un garde du roi soit incapable de se promener seul dans la forêt. Bien sûr, elle restait une dame, mais elle possédait des aptitudes particulières.

« Quant à ma question, si elle vous a offensé, je m'en excuse encore une fois. Poussé par la curiosité innocente qui est le moteur des recherches de tout mage... Ou de tout bon mage tout du moins... Je me suis peut-être monté indiscret sans le vouloir. »

Elle ne s'en formalisait pas et elle n'avait pas été insultée. Elle n'aimait simplement pas devoir s'expliquer, et les questions qu'on lui posaient restaient souvent sans réponse. Cela en irritait plusieurs, mais elle ne livrerait pas ses pensées pour autant.

« Je ne doute pas non plus de votre présence dans notre voyage. Votre devoir est de protéger le Roi des dangers physiques, comme moi des attaques magiques. Ors, le devoir ne se discute pas... »

Elle acquiesça à nouveau à cela: le devoir était une chose qui restait inaltérable, presque sacré. Elle n'avait qu'une raison de vivre, et c'était pour protéger son roi, enfin jusqu'à ce qu'une nouvelle tâche lui soit assignée. Mais les Elfes étaient immortels, alors si elle faisait bien son travail, elle n'aurait pas d'autres tâches.

« Je dois bien avouer que, pour ma part, la curiosité me pousse aussi... Je connais mal les Humains, et je serais curieux de voir quelle sorte de chef ils se sont choisi... Probablement un arrogant impétueux pétrit d'émotions contraire, comme souvent... Mais je suis impatient de voir ça de mes yeux... Pas vous ? »

Aerin aurait pu se trahir et réagir lorsque Gil-Galad s'aventura dans des assomptions sur le souverain des hommes, mais elle n'en fit rien. Après tout, elle n'en avait rien à faire de ce qu'il pensait de Arthur, mais elle appréciait moins qu'il le juge sans le connaître. Enfin, il allait voir lui-même quel genre de personne les gens de Camelot avaient choisi pour les diriger.

- Seigneur, je crois que vous généralisez le cas des hommes, commença-t-elle avec prudence.

Bien entendu, la harpiste n'avait pas tellement envie de lui faire savoir qu'elle avait déjà rencontré le-dit roi. Elle préférait que les membres de la délégation ignorent ce détail, car encore une fois, cela ne concernait qu'elle. Les en informer ne changerait rien aux négociations, elle en était persuadée. Si cela eut été le contraire, elle en aurait déjà parlé au roi Llandon. Et puis, elle préférait qu'il l'apprenne de sa bouche que de celle d'un autre.

- Le roi Pendragon, à ce qu'on raconte, vit certainement des émotions contraires, comme tous les hommes. Bien qu'ils ne soient que des mortels et qu'ils n'atteindront pas notre niveau, jamais, je pense qu'ils peuvent faire preuve d'un certain jugement. Je ne doute pas qu'il fasse partie de ces rares humains qui sachent penser un minimum.

Elle n'aimait pas particulièrement les hommes, et elle n'était certainement pas leur défenseur, mais elle reconnaissait que certains préjugés étaient faux, du moins en ce qui concernait quelques uns d'entre eux. Ce n'était pas pour cette raison qu'elle s'attacheraient à eux, étant nettement supérieure à ces mortels.

- Enfin, il doit être d'un calibre supérieur s'il peut diriger ces êtres primaires avec tant de force. Il se fait vieux, par contre, alors je crois que son temps est compté.

Elle avait vu comment le pouvoir et le temps l'avait abîmé et elle lui souhaitait le repos qu'il méritait, mais elle doutait qu'il l'obtiendrait aussi facilement. Sa situation était particulière et sa vaine quête, il ne l'abandonnerait pas facilement. Elle espérait simplement qu'il entendrait raison et qu'il se plierait à la volonté du roi de la cité elfique.

- Mais bien entendu, comme vous, je suis impatiente de le voir ainsi que de connaître son opinion.

Elle en ressentait pas réellement une impatience à proprement parler, mais plutôt un inconfort à l'idée de se trouver si loin de chez elle, surtout dans une ville de pierre. Elle ne demandait qu'une chose: que ce soit le plus bref possible. Elle était persuadée que la majorité de ses confrères pensaient la même chose, peut-être pour différentes raisons.

« Seigneur, je crois que vous généralisez le cas des hommes. »

Lui ? Il généralisait ? Oh, sans doute un peu, c'était vrai... Toutefois, il ne les mettait pas tous dans le même sac... Enfin... Pas totalement. Notre Mage préféré savait bien qu'ils n'étaient pas tous pareils, mais les quelques personnes plutôt agréables qu'il avait rencontré de cette race ne le ferait pas changé d'avis sur cette race qui détruisaient les forêts, stérilisait les plaines et vivait dans des habitations aberrantes, faites de blocs de pierres entassées les uns sur les autres pour former de vagues bâtiments, quand ils ne débitaient pas les arbres pour construire leurs cabanes. Définitivement un peuple de nuisibles, surtout les citadins, malgré ceux qui se démarquaient des autres.

« Le roi Pendragon, à ce qu'on raconte, vit certainement des émotions contraires, comme tous les hommes. Bien qu'ils ne soient que des mortels et qu'ils n'atteindront pas notre niveau, jamais, je pense qu'ils peuvent faire preuve d'un certain jugement. Je ne doute pas qu'il fasse partie de ces rares humains qui sachent penser un minimum. »

Tient, elle semblait prendre la défense d'Arthur... Étrange... Ses paroles n'étaient pas dépourvues de vérité, mais il n'était pas sûr de son raisonnement. Si cet homme savait penser, il pensait apparemment au pouvoir, et au Chaudron de Dagda, qu'il appelait le Graal. Ors, ce n'était pas là de saines pensées. Il aurait dû se contenter de gouverner son peuple indigne, en étant bien heureux de la neutralité des Elfes, qui étaient ses supérieurs à tous les points de vues... Même Aerin convenait de cela. Comme ce mortel à la vie si brève pouvait-il espérer se rendre maître de cet artefact si puissant ? Il maniait certes l'Epée de Nuada, mais il aurait aussi dû ne pas vouloir s'approcher de ce qui avait été confié à la Race Elfique.

« Enfin, il doit être d'un calibre supérieur s'il peut diriger ces êtres primaires avec tant de force. Il se fait vieux, par contre, alors je crois que son temps est compté. »

Être d'un calibre supérieur à celui des autres Humains ne devait pas être bien difficile. En s'enfermant dans leurs cerceuil de roche, ils perdaient le peu qu'ils avaient eu. Gil-Galad avait en effet cru remarquer que ceux qui étaient libres valaient mieux que le reste du troupeau. Mais de là à croire, comme il le faisait qu'il était assez grand pour traiter d'égale à égale avec le Roi des Elfes, pour lui demander de céder le précieux Chaudron... Il y avait un monde. Quant à son temps... Un sourire vint aux lèvres du Magicien à cette pensée. Bien sûr qu'il lui était compté. La vie de ces êtres ne durait que le temps d'un souffle... Son temps était compté le jour même où il était venu au monde...

« Mais bien entendu, comme vous, je suis impatiente de le voir ainsi que de connaître son opinion. »

Son opinion ? Quelle opinion ? L'arrogant praticien de la Magie éclata d'un rire clair et argentin, semblable à une centaine de clochette teintant ensemble.

« Impatient de le voir, je lui suis, certes. Par pure curiosité professionnelle, pour voir ce que peut bien être un Humain « exceptionnel », par rapport au reste de leur masse grouillante. Mais son opinion ne m'intéresse guère. »

Il haussa ses épaules avec la grâce et la souplesse qui caractérisait ceux de leur peuple à tous les deux, la Gente Elfique légendaire aux yeux des Hommes... Ce qui était bien normal, vu la différence entre eux, et l'indiscutable supériorité des Elfes.

« C'est un fou qui veut s'approprier quelque chose qu'il ne devrait jamais même convoité. Il ne se rend pas compte que jamais le Roi n'acceptera de lui donner le Chaudron... »

De la Reine, il ne dit rien. Gil-Galad était le serviteur du puissant Monarque, et non pas de sa soeur, bien qu'il fût plus ou moins forcé d'obéir à ses ordres... Mais sa loyauté n'allait qu'à lui.

« Et il aura bien raison, d'ailleurs. Le Chaudron n'apporterait rien de bon aux Humains, qui ne pourraient s'empêcher de l'utiliser. Ils n'y trouveraient que malheurs pour tous... »

Du reste, il croyait totalement à ce qu'il disait là. C'était folie de la part de ces gens de vouloir s'emparer de cet artefact... Mais on aurait dit que cette famille voulait le pouvoir de Dagda : pour Morgane les Fragments de la Massue, pour Arthur le Chaudron.

« Et à cause de lui, je vais devoir quitter ces bois pour un de leur cercueil géant qu'ils nomment « ville »... Seul l'intérêt professionnel de se voyage vient compenser un peu se désagrément... »

Oui, il découvrirait les Humains, pour le bien que cela pourrait lui faire. Avec de la chance, il trouverait chez eux de quoi améliorer son art déjà si parfait... Avec beaucoup de chance...

« Vous, bien sûr, vous n'avez même pas cette compensation... »

Aerin laissa Gil-Galad parler, l'écoutant sans grande attention. Elle crut détecter derrière ses paroles un certain mépris pour les humains. Elle comprenait son sentiment, mais elle ne le partageait pas. Bien que comme lui, elle trouvât que la recherche de pouvoir à travers des artefacts était d'un ridicule pour ces êtres si ordinaires, elle n'allait pas jusqu'à les détester. Elle ne faisait qu'attendre, attendre de voir ce qu'ils feraient et comment ils périraient.

- Et alors? demanda-t-elle brusquement. Et s'ils venaient à l'obtenir, quelle différence cela ferait-il, Gil-Galad? Ils sont destinés à mourir, et dans la douleur. Quelle importance dans la façon dont ils vont se détruire?

Elle fixait à présent le magicien avec insistance. Pour eux, ce n'était qu'un grand théâtre dans lequel ils avaient été involontairement impliqués. Leur Roi désirait donner une direction à ces acteurs qui erraient sur une scène sombre, et par extension elle aussi. Et à la toute fin, ils seraient les seuls à voir le rideau se fermer sur leur corps.

- Que pouvons-nous faire sinon être témoins de leur destruction?

Oh, ils pouvaient l'accélérer ou la ralentir, mais ils ne pourraient l'arrêter. D'ailleurs, elle n'était pas certaine de vouloir l'arrêter. C'était leur destin et qui étaient-ils pour interférer dans leur vie? Et pourquoi Arthur cherchait-il à s'attirer d'autres ennuis? N'en avait-il pas assez ainsi?

- Ils sont tellement vulnérables, si facilement corrompus. Ils ne veulent que deux choses... le pouvoir et...

Elle tut le reste de sa pensée. Elle revoyait la discussion qu'elle avait eue avec le souverain de Camelot. L'Amour, cette chose qui ne lui était pas donné de comprendre. Ils le recherchaient également avec un désespoir immense, comme si trouver son autre moitié atténuerait la douleur provoquée par la vie. Car c'était tout ce que la vie avait à offrir, en bout de ligne. Même pour eux, Elfes magnifiques et puissants retranchés dans leur cité vivante. Et pourtant, ils étaient immortels et devaient porter leurs fardeaux pour l'éternité.

Son regard se remplit de lassitude alors qu'elle soupira et pris place sur une souche encore fraîche. Ils auraient dû être préviligiés, protégés de toutes ces souffrances et à l'abri derrière leurs arbres, pourtant on venait les chercher jusque là. Ils n'avaient rien à gagner, il avait raison sur ce point. Et elle encore moins. Sa seule tâche était de protéger le roi et la reine. Et bien sûr, elle avait presque envie de revoir Arthur, mais que ferait-elle si elle devait le rencontrer à nouveau? Que dire à cet homme portant tant de responsbilités et de blessures qu'elle n'avait déjà dit?

« Et alors ? Et s'ils venaient à l'obtenir, quelle différence cela ferait-il, Gil-Galad ? Ils sont destinés à mourir, et dans la douleur. Quelle importance dans la façon dont ils vont se détruire ? »

Quelle différence ? Une différence énorme, bien entendu ! Il aurait voulu le lui dire, mais, déjà, elle continuait, aussi choisit-il de la laisser parler. Il suporta sans broncher son regard intense, la regardant les yeux dans les yeux de son regard océanique. Ca ne le génait pas. Dans un duel de Magiciens, ce fixer était choses courantes, même si peu de gens défiaient encore notre héros dans le peuple Elfique, qui n'était de toute façon pas belliqueux de nature, et qui ne ressentait pas, comme les Humains, le besoin de sans sesse se mesurer les uns aux autres.

« Que pouvons-nous faire sinon être témoins de leur destruction ? »

Se voyait-elle vraiment comme une simple spectatrice ? Comme si elle regardait un spectal ? Quelle drôle d'idée que voilà... Même lui, malgré leur supériorité écrasante sur le reste du monde, ne se percevait que comme un homme parmi les hommes, un Elfe parmi les Elfes, certes meilleurs que les autres, mais juste un des acteurs, pas l'un de ceux qui regardaient de loin... Etait-ce là les suites de son enlèvement et de sa torture par les Fomoires ? Si c'était le cas, ça ne faisait que renforcer son envie de savoir comment ceux-ci s'y étaient pris pour la briser, ou pour tenter de le faire en lui infligeant de grandes séquelles. Car il ne savait même pas si elle avait été brisée...

 « Ils sont tellement vulnérables, si facilement corrompus. Ils ne veulent que deux choses... le pouvoir et... »

Et ? Et quoi ? Les Humains pouvaient vouloir autre chose que cela ? Les Humains des villes, les dirigeants ? Peut-être l'argent, quoi que ce ne soit qu'une forme de pouvoir pour eux. Il leva un sourcil étonné, puis attendit la suite, mais elle n'ajouta rien. Son regard se fit las et elle s'assit sur une souche d'arbre. Croyait-elle que les Hommes voulaient quelque chose qu'elle ne pouvait avoir ? Quelque chose qu'elle avait perdu, peut-être ?

« Vous, m'intriguez, Aerin... Je ne savait pas que les Humains pouvaient vouloir autre chose que le pouvoir qui leur est si cher, comme si de l'ammasser encore et encore pouvait les préserver de la mort venue pour les ceuillir ou donner un sens à leur vie si brève. »

Il se rectifia mentalement. Ce n'était pas vrai pour tous, ou pour toutes tout du moins. Il en avait rencontré deux particulièrent...

« Certain semblent aimé la liberté, mais pour eux les deux vont souvent de pair, alors que c'est le contraire... »

Le Roi était bien moins libre que le dernier de ses hommes, enchaîné comme il l'était à ses devoirs en vers son peuple, tout comme Gil-Galad l'était par ses devoirs envers lui.

« Quant à ce qu'ils pourraient faire avec le Chaudron... Ils pourraient faire beaucoup, beaucoup de mal, et pas qu'à eux. »

Il ne comprenait pas comment elle ne le voyait pas. Pour lui, c'était clair, et il ne laisserait pas cela advenir. De toute façon, son Souverain ne leur donnerait jamais.

« Si ils mettent la main dessus, certes, ceux qui l'auront trouvé tomberont comme des mouches. Mais ils se reproduisent comme des lapins, se qui est logique pour des êtres si fragiles. Leurs enfants prendront la relève, puis les enfants de ces enfants, et ainsi de suite. Ils se succèderont sans cesse. »

D'ailleurs, ils se reproduisaient trop, maintenant qu'il y pensait. Ce devait être pour cela qu'ils étaient si prompt à ce faire la guerre : c'était l'instinct animal qui les poussait à se réguler.

« Avec les pouvoirs des artefacts, ils ne se détruiront pas seulement eux-mêmes, comme ils finiront par le faire. Ils détruiront nombre d'autres choses, ils feront de grand domage à se monde tout entier, y comprit aux Elfes. Leur donner ce Chaudron serait tendre la bâton pour nous faire battre : une véritable folie, une fatale erreur. »

Et un bien trop grand honneur, aussi. Cet objet leur avait été donné par les Dieux, à eux, les Elfes. Les Humains n'en avaient nul besoin.

« C'est pourquoi Arthur est dangereux. Posé sur le trône par l'Epée de Nuada, sa soif de pouvoir est devenue plus grande que celle des autres. Ils veulent juste être Roi. Lui, maintenant qu'il est Roi, il veut encore plus. C'est juste un fou guider par son envie de gloire et de puissance, un nuisible. Et comme tout les nuisibles, il s'éteindra bientôt, mais non sans avoir fait tout son possible pour nous agaçer, dirait-on. »

« Vous, m'intriguez, Aerin... Je ne savait pas que les Humains pouvaient vouloir autre chose que le pouvoir qui leur est si cher, comme si de l'amasser encore et encore pouvait les préserver de la mort venue pour les cueillir ou donner un sens à leur vie si brève. »

L'Elfe ne réagit pas à ses paroles. Elle aurait pourtant pu lui donner cet autre élément, qui avait probablement la même fonction que le pouvoir pour eux, c'est-à-dire garantir une certaine immortalité. Pour les humains, l'immortalité ne résidait pas seulement dans la longueur d'une vie, mais aussi dans l'impact qu'ils ont sur le monde. Être vivant dans la mémoire des autres pour des siècles à venir, c'était aussi synonyme d'immortalité. Elle le voyait autrement, mais ce n'était pas là la question.

« Certain semblent aimé la liberté, mais pour eux les deux vont souvent de pair, alors que c'est le contraire... »

La liberté et le pouvoir, deux pôles opposés en effet. Le pouvoir contraint une personne, le lie à des responsabilités, et il ne vient pas sans payer un fort prix qui est souvent la liberté de l'un. Elle le savait, elle en avait été témoin.

« Quant à ce qu'ils pourraient faire avec le Chaudron... Ils pourraient faire beaucoup, beaucoup de mal, et pas qu'à eux. »

Évidemment, ils en souffriraient tous, mais elle se demanda si l'impact serait aussi grand pour eux que pour les humains, au coeur du désastre. Certes, ce n'était pas une raison pour les laisser faire, et elle n'en avait nullement l'intention.

« Si ils mettent la main dessus, certes, ceux qui l'auront trouvé tomberont comme des mouches. Mais ils se reproduisent comme des lapins, se qui est logique pour des êtres si fragiles. Leurs enfants prendront la relève, puis les enfants de ces enfants, et ainsi de suite. Ils se succèderont sans cesse. »

Mais ils mourraient tout aussi vite. Et leur mémoire finirait par oublier l'existence des artefacts.

« Avec les pouvoirs des artefacts, ils ne se détruiront pas seulement eux-mêmes, comme ils finiront par le faire. Ils détruiront nombre d'autres choses, ils feront de grand domage à se monde tout entier, y comprit aux Elfes. Leur donner ce Chaudron serait tendre la bâton pour nous faire battre : une véritable folie, une fatale erreur. »

Bien entendu, elle était parfaitement d'accord avec lui. Elle le laissa pourtant finir puisqu'il semblait avoir d'autres arguments en réserve.

« C'est pourquoi Arthur est dangereux. Posé sur le trône par l'Epée de Nuada, sa soif de pouvoir est devenue plus grande que celle des autres. Ils veulent juste être Roi. Lui, maintenant qu'il est Roi, il veut encore plus. C'est juste un fou guider par son envie de gloire et de puissance, un nuisible. Et comme tout les nuisibles, il s'éteindra bientôt, mais non sans avoir fait tout son possible pour nous agacer, dirait-on. »

- C'est là que vous avez tort, Seigneur. Je n'ai nullement l'intention de leur donner le Chaudron, et encore moins de les aider dans leur quête. Mais pourquoi les haïr? Leur nature faisant d'eux ce qu'ils sont, comment peut-on les mépriser?

Aerin n'aimait pas particulièrement les humains, mais c'était parce qu'elle ne les comprenait pas. Elle avait vu un côté qui lui était inconnu grâce à Arthur, mais elle était assez sage pour savoir qu'il était un cas unique. Simplement, ils n'étaient qu'humains, alors pouvaient-ils réellement espérer les changer ce qu'ils sont?

- Ils sont loin d'être aussi vils que les Fomoires, cracha-t-elle avec haine.

Une expression de dégoût mêlée à une colère rancunière défit ses traits à la mention de ce peuple barbare et violent. Il était rare qu'elle les mentionne, car elle détestait cette rage qui l'habitait dans ces moments-là. Aussi inspira-t-elle profondément et se calma avant d'enchaîner.

- Les intentions d'Arthur ne peuvent être guidées que par égoïsme, dit-elle alors. Morgane, elle, est différente. Elle recherche le pouvoir à son propre bénéfice, pour vengeance ou je ne sais trop. C'est elle que nous devrions arrêter, car c'est elle qui déclenchera de grands maux sur nous tous.

Une idée folle traversa alors son esprit. Serait-il possible pour eux de s'allier aux humains pour combattre la magicienne? Était-ce envisageable? Était-ce seulement faisable par leur nature totalement différente? Une incertitude vint colorer son regard fantôme, puis disparut. Non, elle n'en parlerait pas, ce serait insensé. Elle n'y croyait pas réellement, ce n'était qu'une pensée qui devait repartir aussi rapidement qu'elle était venue.

- Le Chaudron, j'ignore l'étendue de ses pouvoirs, je l'avoue. Je suis consciente, toutefois, que ce serait catastrophique qu'il se retrouve entre les mains d'un mortel, un mortel ignorant qui plus est. Ne m'insultez pas, je vous prie. Vous savez aussi bien que moi que je donnerais ma vie pour notre roi et notre reine, et que leurs désirs sont les miens.

Elle soupira et secoua de la tête.

- Simplement je ne les comprends pas. Les humains... des êtres si étranges...

« C'est là que vous avez tort, Seigneur. Je n'ai nullement l'intention de leur donner le Chaudron, et encore moins de les aider dans leur quête. Mais pourquoi les haïr ? Leur nature faisant d'eux ce qu'ils sont, comment peut-on les mépriser ? »

Les haïr ? Il ne les haïssait pas. Par contre, il était vrai qu'il les méprisait, dans leur immense majorité. C'était une race si vil, si mauvaise. Ils détruisaient toute la beauté de la nature pour la remplacé par des entassements de roches, ils tuaient les animaux en grand nombre, ils coupaient d'innombrables arbres bien plus anciens qu'eux, ils s'entre tuaient sans soucis des dégâts qu'ils causaient autours d'eux. Même si ils pouvaient aussi produire quelques personnes remarquables, ou au moins intéressantes, ils étaient l'une des races les plus nuisibles du monde, refusant de vivre en harmonie avec le reste du monde, ou avec eux-même.

« Ils sont loin d'être aussi vils que les Fomoires. »

Oui, en effet. Les Fomoires formaient le seul peuple qui arrivait plus bas que les Humains sur l'échelle de valeur de notre Magicien. Celui-ci nota l'expression de dégout haineux qui s'afficha sur le visage de son interlocutrice, et qu'il avait déjà eu l'occasion de voir une ou deux fois. Elle l'arborait quand elle évoquait ceux qui l'avait enlevé et retenue de longues années, ce qui était totalement compréhensible. Il la vit aussi prendre sur elle pour se calmer, inspirant à grandes goulées.

« Les intentions d'Arthur ne peuvent être guidées que par égoïsme. Morgane, elle, est différente. Elle recherche le pouvoir à son propre bénéfice, pour vengeance ou je ne sais trop. C'est elle que nous devrions arrêter, car c'est elle qui déclenchera de grands maux sur nous tous. »

Il haussa un sourcil, n'étant pas tout à fait d'accord avec ça. Que Morgane soit plus dangereuse qu'Arthur, c'était discutable. Bien-sûr, l'Enchanteresse en elle-même l'était bien plus que son demi-frère, mais sur un plan général, le Roi de Bretagne pouvait causer des malheurs tout aussi grands, voir plus, que ceux que la Fée était en mesure de déchaîner. Les Humains cherchaient tous le pouvoir pour eux-même, et tous portaient dans leur coeur des émotions puissantes, amour ou haine. Le Porteur de l'Epée aussi, malgré se qu'avait l'air de penser Aerin. Et Gil-Galad préférait voir au pouvoir une praticienne de la Magie plutôt qu'une outre pleine de vent qui prônait de belles valeurs mais n'avait de force que par l'artefact qu'il possédait.

« Le Chaudron, j'ignore l'étendue de ses pouvoirs, je l'avoue. Je suis consciente, toutefois, que ce serait catastrophique qu'il se retrouve entre les mains d'un mortel, un mortel ignorant qui plus est. Ne m'insultez pas, je vous prie. Vous savez aussi bien que moi que je donnerais ma vie pour notre roi et notre reine, et que leurs désirs sont les miens. »

Notre héros inclina la tête devant elle. Il reconnaissait sa loyauté pour son Monarque... Et aussi pour la Reine, même si il s'en souciait infiniment moins.

« Simplement je ne les comprends pas. Les humains... des êtres si étranges... »

Il acquisa à cette remarque. Toutefois, sa politesse lui commendait de s'excuser avant toute chose. Elle s'imposait à lui, parfois...

« Acceptez mes excuses, Aerin. Je ne remettait nullement votre loyauté pour nos Souverains en doute, et si je vous ai offensé, soyez assurée que c'était bien involontaire. »

Tout cela avait le grand mérite d'être vrai. Il ne souhaitait pas se l'alliéné, pas plus qu'aucun autre compagnon de voyage : cela aurait pu comprometre leur mission.

« En ce qui concerne les Humains, je suis ma foi bien d'accord avec vous. Moi-même, je peine à les comprendre, bien que j'essaye avec assiduité, puisque nous devrons bientôt nous aventurer sur leur territoire. Ils sont complexe, et parfois si différents de ce que je connais, que j'en viens à douter de mes capacités d'analyse... »

Un demi-sourire vint étirer ses lèvres à cette évocation. Il n'aimait pas admettre ses limites, mais s'en était une, même si il ne doutait pas, dans son fol orgeuil de finir par percer cette énigme. Comprendre les Hommes... Quelle arogance, vraiment !

« Par contre, pour le reste, nos avis divergent... Je ne pense pas qu'Arthur vaille mieux que sa demi-soeur. Ils agissent tous les deux pour leur propre intérêt, cela je n'en doute pas un instant. Morgane semble animé par une haine qui prend racine dans son rejet et par l'envie de poser son fils sur le trône, ce qui ne serait pas si déplacé, puisque le Pendragon n'a pas d' autre héritier. Deux sentiments bien facile à analyser. »

Gil-Galad jugeait sans prendre parti. Il n'avait que faire des camps, des « Loyaux » et des « Traîtres ».

« Si pour vous c'est là un comportement mauvais, alors vous condamnez l'immense majorité des femmes de l'espèce Humaine... »

Il n'y avait rien à ajouter. L'Elfe de marbre accepta de croire ses paroles d'excuses, car elles étaient vraies. Ils n'avaient que deux choses en commun: l'une était leur indiscutable dévotion à leurs souverains et l'autre était leur avis sur les hommes, bien qu'elle soit un peu plus impartiale que lui. Mais c'était à peine remarquable.

« Par contre, pour le reste, nos avis divergent... Je ne pense pas qu'Arthur vaille mieux que sa demi-soeur. Ils agissent tous les deux pour leur propre intérêt, cela je n'en doute pas un instant. Morgane semble animé par une haine qui prend racine dans son rejet et par l'envie de poser son fils sur le trône, ce qui ne serait pas si déplacé, puisque le Pendragon n'a pas d' autre héritier. Deux sentiments bien facile à analyser. »

En cela, elle était d'accord: Morgane pouvait légitimement réclamer le trône pour son fils. Par contre, elle savait mieux que lui les motifs de Arthur dans sa quête du Chaudron. Si elle désirait défendre son point, cela deviendrait difficile de ne pas mentionner sa rencontre avec le-dit humain. Mais bien sûr, pour le mage, si un mortel devait régner, autant que ce soit un adepte de la magie. Quant à elle, un ne valait pas mieux qu'un autre. Ce qu'il ferait de son pouvoir serait la seule preuve de sa valeur.

« Si pour vous c'est là un comportement mauvais, alors vous condamnez l'immense majorité des femmes de l'espèce Humaine... »

- Ce n'est pas tant la raison qui m'indigne chez Morgane, car celle-ci est bel et bien valable, mais la façon dont elle le fait. N'y a-t-il pas un moyen moins agressif de faire voir son point de vue? Est-elle obligée de réduire ses ennemis en cendre, de tuer des innocents?

Enfin, peut-être n'était-elle pas si impartiale que cela. Pour équilibrer les choses, il lui faudrait entendre Morgane. Mais elle n'était pas certaine de vouloir le faire. Elle ne pouvait prévoir comment celle-ci réagirait à sa présence, et le découvrir pouvait être dangereux. Elle ne pouvait risquer sa vie inutilement tant qu'elle devait protéger celle de son roi et de sa reine.

- Mais peut-être que Arthur ne voudrait pas l'entendre, céda-t-elle. Peut-être préfère-t-il conserver le pouvoir jusqu'à sa mort, et considère que la suite n'est pas de son ressort.

Elle savait mieux que cela, mais elle n'en dit pas plus. C'était une hypothèse parmi tant d'autres, et aucun d'eux n'étaient devins. Ils devraient être présents pour connaître l'avenir du pays et des hommes, bien que cela les intéresse très peu.

- Enfin, nous verrons bien à qui nous aurons à faire bientôt. Avec un peu d'espoir, cette histoire sera rapidement conclue. Peut-être que cette visite à Camelot est une chance d'observer de plus près les mortels, mais je préfèrerais retrouver nos forêts sans trop attendre.

« Ce n'est pas tant la raison qui m'indigne chez Morgane, car celle-ci est bel et bien valable, mais la façon dont elle le fait. N'y a-t-il pas un moyen moins agressif de faire voir son point de vue ? Est-elle obligée de réduire ses ennemis en cendre, de tuer des innocents ? »

Moins agressive ? Certes, peut-être que la Fée aurait pu l'être. Mais il ne le croyait pas, ou du moins pas beaucoup. Elle n'avait qu'une poignée de Chevaliers « Félons » pour soutenir sa magie, qui était toutefois assez puissante, à son avis, pour compenser toutes les armées de son frère. Seul Merlin, et peut-être l'Epée sauvaient Arthur de la destruction. En l'état, avec l'Enchanteur à ses côtés – pour le manipuler comme un pantin, probablement – il lui falait avoir recours aux armes à sa porter : la peur, l'audace. Se faire craindre, et faire en sorte que la masse du peuple pense que s'opposer à elle était une folie, voilà son atout. En tout cas, voilà ce qu'il aurait fait à sa place, lui... Et elle semblait le faire, de ce qu'il pouvait voir. Bien entendu, lui ne se départirait jamais de sa loyauté pour son Roi... C'était impossible, inimaginable.

« Mais peut-être que Arthur ne voudrait pas l'entendre. Peut-être préfère-t-il conserver le pouvoir jusqu'à sa mort, et considère que la suite n'est pas de son ressort. »

Il hôcha la tête. Oui, c'était aussi possible. Mais il pensait plutôt que le Pendragon voulait avoir le pouvoir absolut. Peut-être même croyait-il que le Chaudron de Dagda, son soit-disant « Graal » allait lui donner la vie éterelle, afin qu'il puisse tyraniser les Hommes à jamais et héradiquer le reste des races libres, qui deviendraient ses ennemis tôt ou tard... A moins qu'il ne soit vraiment un innocent, un naïf, manipuler par Merlin ? Ou autre chose encore... Ca ne changeait rien. Si Morgane venait exiger qu'il reconnaisse son enfant, il ne le ferait sûrement pas.

 « Enfin, nous verrons bien à qui nous aurons à faire bientôt. Avec un peu d'espoir, cette histoire sera rapidement conclue. Peut-être que cette visite à Camelot est une chance d'observer de plus près les mortels, mais je préfèrerais retrouver nos forêts sans trop attendre. »

« Avec beaucoup de chance, alors... Cet Arthur me semble têtu dans sa bêtise arrogante et sa quête de puissance, et je serais prêt à parier tout ce que je possède que jamais le Roi ne le laissera approcher du Chaudron, sans même parler de le lui donner ! »

Il connaissait assez bien son Souverain, même si il était encore bien jeune. Il avait passé de longues heures avec lui, et il savait beaucoup de chose, aussi...

« Pour se qui est de Morgane, il me semble qu'elle fût forcer de quitter leur château... Si elle devait se rendre demain dans la salle du trône avec son fils pour exiger la reconnaissance de son statu d'hériter, Pendragon refuserait tout aussi sûrement que le Roi ! A la limite, il lui proposera une place dans sa ridicule table de chevalier, mais il pourrait aussi les tuer tous sur place. Ou les faire tuer. »

Ne connaissant pas l'homme, il était presque prêt à croire en sa soit-disant « bonté », mais il ne croyait pas qu'il laisse son trône être mit en péril.

« De toute façon, je ne puis la blâmer. A sa place, sans doute aurais-je agit de la même manière qu'elle. Pour se protéger et pour protéger son fils, obéissant aux impulsions primaires que sont l'instinct de survie et celui de maternité. J'aurais moi aussi eu recours à la seule arme que ses ennemis ne peuvent parer, puisqu'ils ont Merlin : la peur... »

Oui, c'était au final la meilleure partie de l'arsenal de la Fée : la peur. Avec elle, on contrôlait les masses, on faisait hésiter les armées, on en faisait fuir certains.

« Mais bon, moi aussi j'aurais aimé rester ici... Malheureusement, je n'aurais pas se loisir, alors il nous faut suivre le Roi... »

« Avec beaucoup de chance, alors... Cet
Arthur me semble têtu dans sa bêtise arrogante et sa quête de
puissance, et je serais prêt à parier tout ce que je possède que jamais
le Roi ne le laissera approcher du Chaudron, sans même parler de le lui
donner ! »

Aerin n'avait rien à répondre à cela, et ça la frustrait légèrement. Elle aimait avoir le dernier mot, et elle savait mieux que lui, mais il serait inutile de dévoiler ce qu'elle avait appris ici et maintenant. Peut-être plus tard, dans d'autres circonstances, et en présence du Roi.


« Pour se qui est de Morgane, il me semble qu'elle fût forcer de
quitter leur château... Si elle devait se rendre demain dans la salle
du trône avec son fils pour exiger la reconnaissance de son statu
d'hériter, Pendragon refuserait tout aussi sûrement que le Roi ! A la
limite, il lui proposera une place dans sa ridicule table de chevalier,
mais il pourrait aussi les tuer tous sur place. Ou les faire tuer. »

Elle était certaine qu'Arthur aurait plus de clémence que ce pouvait croire Gil-Galad. Si Morgane n'avait été aussi arrogante, les choses auraient pu être autrement. Mais Arthur aurait pu être plus fort, plus ferme, et empêcher que tant de malheurs s'abattent sur son peuple. Mais les hommes avaient tous une faiblesse et elle était souvent dans leur âme.

« De toute façon,
je ne puis la blâmer. A sa place, sans doute aurais-je agit de la même
manière qu'elle. Pour se protéger et pour protéger son fils, obéissant
aux impulsions primaires que sont l'instinct de survie et celui de
maternité. J'aurais moi aussi eu recours à la seule arme que ses
ennemis ne peuvent parer, puisqu'ils ont Merlin : la peur... »

Il n'avait pas tort: l'enchanteresse faisait ce que toute mère ferait, quoiqu'avec des moyens plus drastiques. Elle était puissante et elle utilisait ses pouvoirs pour assurer une place à son fils dans ce monde. Mais elle n'était qu'humaine malgré tout et elle finirait pas tomber.

« Mais
bon, moi aussi j'aurais aimé rester ici... Malheureusement, je n'aurais
pas se loisir, alors il nous faut suivre le Roi... »

Elle hocha simplement de la tête, approuvant ses paroles. Il leur fallait suivre le Roi Llandon, et ils n'avaient pas vraiment leur mot à dire.

- Parlons d'autre chose, Gil-Galad, vous voulez bien?

Arthur, le Chaudron, Morgane, ce seraient les sujets principaux pour les prochaines semaines et elle en avait déjà assez de toutes ces histoires. Elle voulait conclure cette histoire le plus rapidement possible, éviter d'être impliquée dans une guerre de mortels qui risquait de tous les tuer.

- Tenez, j'ai entendu dire que les humains pénétraient de plus en plus dans nos forêts. C'est embêtant... N'y aurait-il pas moyen de créer une barrière qui nous protégerait des incursions indésirables?

C'était une simple idée. Elle ne s'y connaissait pas du tout en magie et ignorait ce qui était possible et ce qui ne l'était pas. D'ailleurs, elle ne savait même pas si tant d'hommes s'aventuraient sur leurs terres. C'était, bien entendu, agaçant, mais tant qu'ils ne faisaient pas de dommage, ils était facilement ignorables. Enfin, elle cherchait simplement à passer à autre chose. Profiter un peu du temsp alloué avant le départ, c'était peut-être tout ce qui leur restait.

Aerin hocha la tête en réponse à ses paroles, mais il était probable qu'elle confirme juste le dévouement qu'ils partageaient pour leur souverains... Même si la sienne concernait plus l'un que l'autre... Il était fidèle au Roi, et n'obéissait à la Reine que de mauvaise grâce... Et seulement parce qu'elle était la soeur de son Monarque.

« Parlons d'autre chose, Gil-Galad, vous voulez bien ? »

Etait-elle lassée de parler d'Arthur, de Morgane, et de tout ce qui venait s'articuler entre leur ridicule querelle de famille ? C'était bien possible... Ces Humains étaient tout de même bien ennuyeux, à les forcer ainsi à sortir de leur retraite éternelle, de leur Forêt et de leur Cité Immorelle. Toutefois, Gil-Galad se consolait en pensant à deux choses. D'une part il aurait l'occasion d'étudier les Mortels, ce qui l'occuperait un moment... D'autre part, le soit disant Roi de Bretagne gîrait bientôt dans la tombe, que sa vie soit écourtée par les armes ou non, car sa vie toucherait très vite à son terme, fût-ce dans la vieillesse et la sénilité.

« Tenez, j'ai entendu dire que les humains pénétraient de plus en plus dans nos forêts. C'est embêtant... N'y aurait-il pas moyen de créer une barrière qui nous protégerait des incursions indésirables ? »

Il sourit à ses paroles, laissant même échapper un éclat de rire. Ainsi donc, même elle avait entendu parler de cela... En aurait-elle elle-même fait l'expérience ? Peut-être...

« Oui, en effet, des Humains et des Humaines viennent de plus souvent se perdre aux confins de nos bois. J'en ai moi-même croisé quelques-uns... »

Quelques-unes aurait été plus proche de la vérité, mais pas totalement... Car à côté des personnes agréables qu'il avait rencontrées, il y en avait d'autres... Des gens sombres, ou animés de mauvaises intentions... Ceux-là n'étaient plus de ce monde pour parler du Mage tout de noir vêtu qui était apparu soudainement pour corriger leurs erreurs...

« La réalisation d'un bouclier à grande ampleur serait bien sûr possible... Il existe des sortilèges capables de susciter une peur incommensurable chez les non-Elfes qui passeraient sous les premiers arbres, mais une volonté assez forte pourrait vaincre de tels sorts... »

Même si ceux que concoctait notre héros étaient rarement déjoués... Il n'en usait pas souvent, mais quand il le faisait, les effets étaient impressionnants...

« Le mieux serait de donner l'envie aux non-Elfes de repartir d'ici, mais sans provoquer de peur... Ensuite, de faire en sorte que la forêt soit pour eux un labyrinthe perpétuel... Et finalement mettre quand-même la peur, agrémenté de vision de cauchemar... Et alors, ceux qui passeraient tout cela mériteraient sûrement notre attention... »

Car, bien entendu, il y avait des Humains qui étaient dignes d'attention, il devait le reconnaître après les rencontres qu'il avait faites ces derniers temps.

« En ajoutant peut-être, à l'extérieur, une subtil magie qui le rendrait invisible et irrepérable... Oui, ce serait faisable, avec beaucoup de praticiens de la Magie de différentes écoles, des années d'efforts et bien des risques... »

Une telle accumulation de sortilège pourrait en effet présenter des dangers... Pas pour lui, bien entendu, mais pour tous les idiots qui se prétendaient Magicien ou Enchanteur...

« Mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose... Si certains sont tout juste dignes d'être tués, d'autres Mortels présente un intérêt... Quelques individus valent mieux que la masse primaire et sauvage de leur race... »

Gil-Galad laissa échapper un rire lorsqu'il l'entendit parler. L'Elfe dut avouer que c'était un changement brusque de sujet, et elle aurait peut-être trouvé elle-même amusant de parler de choses si futiles, mais ce n'était pas le cas.

« Oui, en effet, des Humains et des Humaines viennent de plus souvent se perdre aux confins de nos bois. J'en ai moi-même croisé quelques-uns... »

Lui aussi, alors. Elle eut un demi-sourire à cette évocation, songeant que ces humains n'étaient probablement plus parmi eux. Connaissant la haine qu'il éprouvait à leur égard, il les aurait certainement libérés de leur errance d'une manière... permanente.

« La réalisation d'un bouclier à grande ampleur serait bien sûr possible... Il existe des sortilèges capables de susciter une peur incommensurable chez les non-Elfes qui passeraient sous les premiers arbres, mais une volonté assez forte pourrait vaincre de tels sorts... »

Bien entendu. Elle croyait fermement que tout sort avait son point faible, mais que ce n'étaient pas tous qui avaient la volonté pour le trouver et vaincre.

« Le mieux serait de donner l'envie aux non-Elfes de repartir d'ici, mais sans provoquer de peur... Ensuite, de faire en sorte que la forêt soit pour eux un labyrinthe perpétuel... Et finalement mettre quand-même la peur, agrémenté de vision de cauchemar... Et alors, ceux qui passeraient tout cela mériteraient sûrement notre attention... »

Croyait-il réellement que certains d'entre eux méritaient leur attention? Elle si, depuis Arthur, mais elle n'aurait pas cru cela de lui... quoique celui ayant réussi à traverser autant d'épreuves pour les atteindre serait certainement exceptionnel.

« En ajoutant peut-être, à l'extérieur, une subtil magie qui le rendrait invisible et irrepérable... Oui, ce serait faisable, avec beaucoup de praticiens de la Magie de différentes écoles, des années d'efforts et bien des risques... »

En effet, ce serait risqué d'entreprendre une telle défense, mais elle songeait que c'était bien valable. Pourtant, quelque chose lui disait qu'ils regretteraient peut-être de s'isoler autant du reste du monde, pas qu'elle croyait que ce soit possible.

« Mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose... Si certains sont tout juste dignes d'être tués, d'autres Mortels présente un intérêt... Quelques individus valent mieux que la masse primaire et sauvage de leur race... »

- Quelques rares, en effet, approuva-t-elle. Je pourais en classer un ou deux dans cette catégorie de justesse, mais vous, Gil-Galad, à qui pensez-vous en disant cela? Certainement pas à une de ces connaissances récentes, j'ose espérer? À moins qu'il soit réellement exceptionnel!

Sa voix s'était teinte d'un peu d'amusement. Après tout, qu'un humain trouve l'estime du Mage était quand même un exploit et elle serait intéressée de le rencontrer. À moins que ce soit une femme qui l'ait attendrie. Alors, elle serait réellement surprise. Elle avait toujours cru qu'il n'avait pas de coeur, ou alors qu'il était caché si profondément qu'il était inaccessible. Qu'une humaine le fasse resurgir serait... des plus intéressants!

- Mais je m'égare. Je trouve cependant que le bouclier pourrait être utile pour au moins filtrer la vermine, si ce n'est pas pour nous protéger de l'imbécilité.

Si les Mages pouvaient créer des effets magiques de toute sorte, faire une sorte de barrière laissant passer que certains selon des critères strictes serait simple, non? Et puis, discuter de magie plutôt que d'humains serait certainement plus agréable pour son cher collègue.

Gil-Galad avait vu le sourire de son interlocutrice quand il avait avoué avoir rencontré des mortels intéressant, ce qui l'avait brièvement fait sourire à son tour... Etait-ce donc si incroyable qu'il puisse s'intéresser aux Humains, lui qui allait devoir voyager parmi eux ? Après tout, il avait l'esprit « scientifique », comme on le dirait bien plus tard, et il aimait savoir dans quoi il s'engageait... Sans compter qu'il avait croiser trois jeunes femmes qui, chacune à sa façon, avait su l'intéressé particulièrement... Et d'autres, plus nombreux, qui n'avaient eu que la mort ou, parfois, quand il était dans un très bon jour et eux moins détestables que les autres, l'oublit...

Quelques-uns, la lie de leur espèce bien basse – ou ceux qui avaient croisé sa route dans une mauvaise période – avait eu une mort moins... Plaisante... La cruauté n'était pas un trait du Mage, mais certains avaient le dons de le mettre dans une rage noire, où il laissait le plus souvent se déchéner son pouvoir... Ce qui pouvait faire mal, quand-même...

« Quelques rares, en effet. Je pourais en classer un ou deux dans cette catégorie de justesse, mais vous, Gil-Galad, à qui pensez-vous en disant cela ? Certainement pas à une de ces connaissances récentes, j'ose espérer? À moins qu'il soit réellement exceptionnel ! »

Oui, c'était bien cela... L'amusement perceptible dans sa voix le confirmait bien : elle était sceptique, étonnée peut-être... Certes, ce n'était pas sans raison. Il n'estimait pas les mortels, le Peuple des Hommes moins que la plupart. On pouvait même dire qu'il les méprisait un peu, ses créatures bestiales et éphémères, qui valaient moins que des animaux. Les animaux, eux au moins, ne détruisaient pas la nature, ne rasaient pas les arbres et ne détérioraient pas les montagnes pour créer leurs nids de pierre, ne tuaient pas leurs semblables et les autres formes de vie sans raison, bref n'avaient pas tous les vices, tous les défauts aberant de ces misérables créatures qu'étaient les Humains...

En ce monde, ils étaient comme la race intermédiaire entre Fomoires et Elfes entre pure bestialité et pure civilisation, un mélange capable de choses merveilleuses comme des pires atrocités. Pourtant, ils étaient peut-être plus dangeureux que ceux qui avaient jadis brisés la Massue de Dagda, car les Hommes se reproduisaient à une vitesse incroyable pour des êtres « conscient ». Bien sûr, leur vie aussi brève qu'un battement de cil était l'une des raisons, mais il y avait plus. Si on les laissait proliférer, ils finiraient par noyer le monde entier sur leur masse indigne... Plutôt que de s'auto-réguler, comme les Elfes ils se faisaient la guerre pour compenser l'exédent, comme les Fomoires... Mais Gil-Galad, après les avoir étudiés, n'était pas sûr que, chez eux, sa suffirait.

Détruire cette espèce nuisible aurait été l'ultime solution, et peut-être la meilleure, de son point de vue... Toutefois le Beau Peuple était dans son ensemble trop respectueux de la vie pour partir en guerre si facilement, d'autant que les Humains étaient déjà très nombreux à la surface du monde. Et en attendant, il était intéressant d'en observer certains spécimens les moins minables. Quelques-uns vaudraient peut-être même mieux que d'être des serviteurs, s'ils avaient pu s'épanouir dans un cadre adapté... Un épurement de la Race des Hommes serait aussi une possiblitié, mais il faudrait alors les surveiller, car le mal resteraient toujours tapis en eux, prêt à s'éveiller à une nouvelle génération... Et elles étaient si courtes, ces générations !

Bien entendu, le Magicien savait très bien qu'on ne pouvait pas faire de miracle... Après tout, celle qui l'avait le plus intéressé était autant une Elfe Gise qu'une Humaine, et le sang Elfique, même avili, rehaussait grandement celui de ces pitoyables mortels...

« Mais je m'égare. Je trouve cependant que le bouclier pourrait être utile pour au moins filtrer la vermine, si ce n'est pas pour nous protéger de l'imbécilité. »

Filtrer ? Oui, ce pourrait être une bonne idée que de seulement filtrer les Hommes... Si on décidait de leur faire la grâce de pouvoir même cotoyer un bref instant le Beau Peuple, le meilleur d'entre tous... Ce qui était loin d'être certain.

« En effet, un filtre comme vous le dites si bien serrait un moyen, mais un moyen complexe... Il est bien beau d'établir des critères précis pour ne laisser passer que les meilleurs Humains, mais c'est ma foi très... comment dire... incomplet, comme méthode. La Magie est une antité des plus infinie, et ses réactions difficiles à prévoir dans certains sortilèges. »

Cela, il l'avait apprit depuis bien longtemps. D'autres avaient payé un lourd prix pour l'apprendre, parfois leur propre vie, ou celle d'autres personnes... Pas lui, bien sûr. Il était Gil-Galad...

« Elle pourrait se montrer strict avec certains, au point que la plus petite faille suffise à les tuer, ou au contraire bien souple avec d'autres, passant dans l'ombre une partie d'eux-mêmes. Ce genre de Magie peut aussi... Hum... Ce détériorer, s'altérer, se combiner avec l'environnement. La Magie deviendrait la forêt enchanté, et la forêt deviendrait la Magie, ce qui pourrait fini, au bout de quelques dizaines de siècles, par avoir des conséquenses inatendues et complètement imprévisibles... »

D'exemples de cela, la bibliothèque elfique pour l'étude de la magie en était bien fournie... Certains sorts altérés existants toujours aujourd'hui, bénéfiques la plupart du temps, car les autres étaient généralement détruits ou défaits, quand c'était possible.

« Non, pour moi une série... D'épreuves, si on peut appelé ça comme ça serait le mieux pour faire le tri chez nos visiteurs... Et si le Roi juge bon d'avoir des relations diplomatiques possible avec les autres peuples, il faudrait bien sûr trouvé un moyen de laisser passer les messagers à certains moments... De plus, le plus sûr serait de faire s'altérer volontairement la Magie avec son environement dès le début, ce qui nous donnerait à la fois une sécurité future et un gardien des plus dévoués à la paix de ses bois : les bois eux-mêmes. »

Bois enchantés qui pourraient encore ce modifier, certes, mais aiguiller les modifications ne serait pas vraiment chose difficile...

« Cela enlèverait le charme des rencontres au coin d'un arbre, mais bon... Toutes celles que j'ai fais ne furent pas plaisantes... Pour les Humains, bien sûr. »

Un sourire se forma sur ses lèvres tandis qu'il disait cela. Il était ce qu'il était, et il le resterait encore très longtemps... D'ailleurs, ses paroles suivantes se teintèrent d'une légère touche d'ironie...

« Quant à ceux qui sont encore en vie avec les souvenirs de cette rencontre, je serais ravi de vous les présenter à l'occasion, puisque cela semble vous intéressée. »