Histoire...
Livre Premier : Naiscent de lo enguelet.
En ce temps la, les romains étaient partout. Leur empire s’étendait bien au delà des frontières de l’Italie ; et la Grèce, âpres avoir connu une époque glorieuse, se retrouva bien vite sous leur domination.
Elenitsa Krakonis, sous l’ordre de ses parents entreprit seule le long voyage qui la destinait à vivre en Bretagne. Son périple fut long et pénible, aussi bien physiquement que mentalement. Son jeune âge faisait qu’elle ignorait encore un bon nombre de chose sur la vie ; et elle se retrouva, bien malgré elle, dans de bien nombreuses situations délicates auxquelles elle n’était pas préparée.
Après plus d’un an, la jeune demoiselle posa le pied dans la ville de Tintagel. Tout autours d’elle n’était qu’agitation, les chevaliers d’Uther Pendragon, le roi de toute la Bretagne, étaient de sorti. Elenitsa regarda un instant autour d’elle pendant qu’elle jouait des coudes et des épaules pour se frayer un chemin jusqu'à l’allée principale de la cour du château.
Les premiers chevaliers arrivèrent, étincelants de beauté et de grandeur dans leurs armures et sur leurs chevaux brillants. La tête de la jeune femme commença à tourner ; ses oreilles se mirent a siffler ; enfin sa vue se brouilla juste avant qu’elle ne s’effondre sur le sol, a a peine deux mètres des sabots d’un des chevaliers.
Ban d’Erec était un jeune Breton. A l’âge de seize ans, il avait été fait chevalier, et depuis maintenant quatre ans, il se battait contre les Saxons au nom du Roi de toute la Bretagne Uther Pendragon.
Ce jour la, il rentrait d’une compagne avec tous les autres chevaliers. Une foule était amassée dans la cour du château, et formait une haie d’honneur. C’était toujours la même chose lorsqu’ils revenaient ; le peuple les acclamait, les traitants comme des héros, et le Roi les insultaient, les traitants de minables incapables. Le jeune homme laissa un léger sourire amusé paraître sur son visage avant de remettre son casque en place afin de suivre ses camarades au grand trot.
Alors qu’il s’approchait de l’entrée, une jeune femme s’effondra sur le sol, a a peine quelques mètre des sabots de son cheval. Usant de tout son poids, et se mettant littéralement debout sur ses étriers, il réussit a arrêter sa monture juste devant l’inconnue.
Ban souffla de soulagement et sauta au sol afin de regarder l’état de la jeune femme.
Trois mois plus tard, Elenitsa et Ban se mariait avec la bénédiction du Roi.
Tous deux menaient une vie agréable et on ne peut plus tranquille entre les campagnes de guerre. La jeune beauté Grecque n’aimait pas Uther Pendragon. Elle avait apprit son histoire quelques mois après son mariage avec Ban, et celle-ci lui avait on ne peut plus déplut. Changer d’apparence pour rendre infidèle une femme était quelque chose d’horrible et méprisable. Le fait que Merlin, magicien respecté de tous, l’avait aidé dans ce plan honteux, l’avait mise dans une colère noire. La reine Ygerne n’avait eut d’autre choix que de passer la nuit avec l’imposteur déguisé en son mari, et était tombé enceinte. A la mort de son mari Gorlois, elle avait épousé, a grand regret le roi de toutes la Bretagne.
Chaque soir quand elle se couchait, Elenitsa avait toujours un peu peur que l’homme qui se couche a ses cotes ne soit pas son époux Ban qu’elle aimait. Elle savait que s’était ridicule, mais l’histoire d’Uther l’avait terrifiée bien plus qu’elle ne l’avait souhaité.
Elle ne disait pas un mot de tout ca à son mari, mais dans sa tête, elle savait pertinemment que l’enfant qui était entrain de grandir dans son ventre n’adulerait jamais Uther et le bâtard qu’il avait procréé.
[…]Les cris de souffrance insupportable déchiraient le calme de la nuit. Elenitsa avait le corps tout entier en sueur et avait l’impression de vivre la pire des tortures. Son bébé était entrain de sortir de son corps. Une telle douleur était intolérable, et jamais plus elle ne voulait l’endurer. Elle était allongé sur cette table de bois, trois femmes a ses cotés depuis plus de deux heures, et elle avait beau s’époumoner et pousser de toutes ses forces, le petit être refusait de sortir.
[…]Deux mois plus tard, lorsqu’il rentra d’une longue campagne de plus de huit mois, Ban eut la surprise de découvrir sa sublime femme qui l’attendait devant la porte, une adorable petite fille entre les bras. Elle l’avait appelé Olympias, en souvenir de la grandeur passée de la Grèce. Le jeune homme regarda sa fille et la prit dans ses bras. A la seconde même ou ses yeux s’étaient posés sur le petit minois du bébé, il avait comprit qu’elle serait celle qu’il aimerait plus que tout au monde.
Il n’avait réellement espéré avoir un enfant. De nombreuses fois, il avait regardé les familles de paysans avec leurs enfants en se demandant comment, avec une vie aussi misérable et pauvre, ils pouvaient témoigner de l’amour inconditionnel pour leurs enfants qui leur retiraient littéralement le pain de la bouche. En voyant son enfant, il avait comprit, l’amour, la tendresse et tout le reste venait en même temps que le bébé qu’ils soient d’accord ou non.
Olympias était sa princesse, son étoile brillante, et tout ce qui le faisait se battre pour sa vie.
Elenitsa regardait en souriant son époux et son enfant, mais dans son esprit, elle tramait déjà les pires plans pour que sa fille, son sang et sa fierté deviennent une redoutable ennemie pour Uther et sa descendance.
Livre Second : la defenissement del poreveuAttention mon ange, si tu continue a courir ainsi, tu vas finir par tomber et par te faire mal.
Ban rattrapa sa fille par la taille et la tira doucement a lui avant de la soulever dans les airs et de la faire tournoyer sous les rires amusés et heureux de la petite. Elle avait a peine trois qu’elle courait déjà dans tous les sens, fuyant la cour poussiéreuse de la demeure afin de se poser dans les champs, entourée par les arbres et les fleurs. Cette petite aimerait la nature et saurait vivre avec, c’était certain.
A la naissance de leur enfant, Elenitsa avait supplié son mari de partir de la cour. Elle voulait que sa fille grandisse dans une demeure, avec un jardin, et surtout loin de l’agitation parfois malsaine qui régnait au château. Elle voulait de plus se retrouver le plus loin possible du roi Uther.
Le chevalier serra une dernière fois son enfant dans les bras avant d’aller embrasser tendrement son épouse, qui les regardait accoudée a la porte principale de sa maison, une main délicatement posée sur sa fine hanche, un sourire amusé aux lèvres.
Ban s’éloigna de quelques pas et après avoir jeté un rapide coup d’œil sur sa famille, grimpa sur son cheval et partit au galop.
[…]Princesse… Où es-tu ma jolie princesse ? Fais bien attention a toi, j’arrive, et quand je t’aurais trouver… je te mangerais !
Ban avançait à petits pas dans le champ. La culture étant bien avancée, il était possible pour les deux de se cacher au milieu. Ils étaient tous deux entrain de jouer à se trouver dans les plantes.
La jeune fille aperçut son père. Avec le plus de discrétion, elle se précipita vers lui et lui sauta sur le dos en riant a gorge déployée.
Son père riait aussi lorsqu’il la ramena, sur ses épaules, jusqu'à la cours de leur maison. Il lui fit un baiser sur le front avant de rentrer dans la maison. Sa femme était assise sur une chaise et le regardait avec tendresse. Ban la prit dans ses bras et l’embrassa avant de rejoindre son cheval et de partir au galop.
[…]Un peu plus haute ta lame. Attaques moi sur la gauche. Plus vite ! Plus fort ! Toujours haute ta lame. Surprends moi Princesse !
Olympias était assez âgée, du haut de ses treize années pour que son père commence à lui apprendre les bases du combat a l’épée. Elle ne deviendrait jamais une grande guerrière il était vrai, mais elle pourrait au moins se défendre.
Ban baissa sa garde et sourit à sa fille. Il s’approcha d’elle afin de déposer un baiser sur son front. Il se dirigea ensuite vers le potager ou se trouvait Elenitsa. Il l’embrassa avec passion avant de se rendre aux écuries. Quelques secondes plus tard, son cheval filait au galop sur l’allée de terre.
Arthur, fils d’Uther, avait retiré l’épée dans l’enclume et était désormais roi de Bretagne à l’âge de quinze ans. Il entamait a présent sa première campagne de guerre.
[…]Le vent soufflait sur la plaine verdoyante, faisant se courber les fiers brins d’herbe et amenant à l’armée de Bretagne les bruits et les odeurs du camp adverse. L’air était frais, et chaque souffle des chevaux et des hommes formait un petit halo de buée. La tension était la maitresse des lieux… L’affrontement n’allait pas tarder, et les reines Carnage et Destruction allaient emporter avec elles un bon nombre de chevaliers qui étaient aussi des pères, des époux, des frères et des fils.
Ban soupira doucement et remit son heaume sur sa tête. Il flatta une dernière fois sa monture avant de sauter dessus. Le jeune homme, vieillit pas les guerres, dégaina son épée et l’embrassa. Lorsqu’il la leva dans les airs, le bruit d’une centaine d’autres lames que l’on retirait de leur fourreau tinta à ses oreilles.
De sa basse et puissant voix, Ban cria l’appel de la charge avant de lancer son cheval au galop sur la plaine qui finirait ensanglantée.
[…]Le combat faisait rage tout autours de lui, ne laissant de répits a personne. Les bruits des lames qui se croisaient, des cris de rage et des râles de souffrance se mêlaient pour former l’appel terrifiant de la mort.
Ban venait de tuer un saxon, et alors qu’il retirait son épée du crane de l’homme, déversant une coulée de sang chaud sur le sol ; une lance transperça son dos avant de ressortir par son ventre. Les yeux bleus de chevalier s’exorbitèrent. La lance se retira, laissant l’homme s’effondrer sur le cadavre encore chaud de sa victime. Il ne resterait plus très longtemps en vie.
Alors qu’un voile opaque se posait sur ses yeux et que les sensations se retiraient de son corps, Ban d’Erec eut encore le temps de penser a sa femme, sa sublime et courageuse femme ; et a sa fille, déjà grande qu’il n’avait pas assez vu. Il les laissait seules.
Son cerveau s’éteignit, et les bras chauds, attirants et sensuels de Freyja le tirèrent hors de la vie.
[…]Le soleil se levait sur la campagne anglaise, laissant rougeoyer l’horizon. Elenitsa secoua légèrement sa fille lui disant qu’il était l’heure pour elle d’aller s’occuper des chevaux. Olympias rouspéta quelque peu avant de se lever, de faire une rapide toilette et de s’habiller.
Lorsqu’elle posa un pied dehors, elle observa avec attention et plaisir la nature qui l’entourait. Leur demeure se trouvait a une bonne vingtaine de minutes a cheval du château de Tintagel, mais cela leur permettait de profiter du calme et de la campagne.
La jeune fille de quatorze ans tourna la tête vers la route qui menait au château. Au loin, un léger nuage de fumée avançait vers elle. La demoiselle plaça ses mains sur ses hanches et attendit un instant afin que la silhouette devienne plus claire. En reconnaissant le sigle du nouveau Roi, un sourire de plaisir prit place sur son visage.
Mère Mère ! Venez vite ! Père est de retour !
Elenitsa en entendant les appels de sa fille, souleva ses jupons et se précipita à l’extérieur. Elle s’arrêta au coté de sa fille, et posa une main légère sur l’épaule de celle-ci.
Lorsque le cavalier arrêta sa monture et posa le pied au sol, le sourire des deux femmes avait disparu.
Dame d’Erec ?
Oui ?
Je suis venu vous rendre ca. Il tendit à Elenitsa et Olympias le heaume qui avait appartenu a Ban. Il est tombé sur le champ en héros…
Olympias ne voulait en entendre plus. Elle s’enfuit en courant, le vent sifflant a ses oreilles, et les larmes ruisselant le long de ses joues.