Cette fois-ci, il était bien loin de ces bois natals. Oh, certes, il était bien dans des bois, mais pas les mêmes, non, vraiment pas... Ceux-ci étaient bien plus jeunes, bien plus pétillants, bien moins vénérables, même si, comme de bien entendu, ils étaient tout aussi intéressant, d'un certain point de vue. Un point de vue qu'il savait adopter. Mais ils ne pouvaient égaler la profondeur, d'ailleurs sans égale, de la Forêt Eternelle des Elfes. Il n'y avait rien sur cette terre qui pouvait rivaliser avec les racines profondément enfuies, tant dans la terre meuble que dans la Magie, l'insondable Magie du Peuple Elfique. Plus immuable que les arbres antiques, plus fluctuante que la rivière qui chante entre les pierres. Aussi ancienne que le monde même, et pourtant plus fraiche, dans son éclatante jeunesse, que l'insecte venu au monde hier pour mourir demain. Plus belle que quoi que se soit sous le ciel ou au-delà, absolue...

La Magie à la quelle il avait voué sa vie et son être, pleinement et totalement...

C'était d'ailleurs par ses Arts qu'il était venu jusqu'ici, poussé par la curiosité. Le départ de la Délégation semblait toujours retarder, et plus il rencontrait d'Humains, plus il sentait que cette époque était celle où il pourrait bien s'impliquer, finalement, puisqu'il y avait été forcé. Plus tard, quand cette querelle du pouvoir serait enfin régler par la mort d'un des deux prétendants, fût-ce de vieillesse – même s'il n'y croyait pas tant que ça – il retournerait entièrement à ses très chères études, interrompue jusque-là par le seul devoir envers son Roi. Pour l'instant, puisqu'il avait dû s'en détourner, il comptait bien comprendre les mécanismes de toutes ces affaires alambiquées, et intervenir si besoin était, si les événements et les occasions convergeaient dans cette direction-là. Oh, bien sûr, en théorie, les Elfes étaient neutres. Mais rien ne l'empêchait, lui, le soldat de l'ombre, de faire dévier le cours des choses d'une manière ou d'une autre...

Quoiqu'en restant « discret », bien entendu...

Mais le mot pouvait avoir diverses interprétations, et les événements diverses exigeances...

Un sourire impreceptible sur les lèvres, il grimpa dans l'arbre le plus proche, avec l'agilité caractéristique de ceux de sa race. Il se souvenait du sort de flux qu'il avait employé pour venir jusqu'ici, un sort qu'il n'avait jusque-là jamais utilisé en-dehors de sa Forêt. Néanmoins, d'un arbre à un autre, de ses vertes clairières à ce bois, le sortillège n'avait pas présenter beaucoup plus de difficulté que d'habitude, et il ne doutait pas que celles-ci s'estomperaient avec un peu de pratique. Laissant les racines profondes le porter, cibler sa sortie, il avait inquanté et, pénétrant dans un tronc millénaire avec un crépitement de Magie, était ressortit de celui, bien plus jeunes, d'un des arbres de cette forêt-ci. Elle n'était pas très éloignée de Caamelot, cette forêt. Et il comptait bien y faire une rencontre, intéressante, espérait-il... Sinon, le malheureux qui viendrait à lui trouverait bien une utilité sous la forme de terreau pour les plantes...

Même hors de ses Bois natals, il ne faisait pas dans le sentimentalisme. Certains Humains nécésitaient vraiment qu'on les « élaguent » de l'arbre qu'était l'Humanité, comme des branches pourrie qui ne pouvaient qu'alouridir un peu plus le géant déjà bien frusque. Mais, toutefois, il espérait avoir un peu de chance et découvrir une nouvelle exeption à la règle de cette espèce qu'il avait longtemps cru être la médiocrité. Ou, qui sait, retrouver une connaissance plus ancienne. Il y avait nombre de résidants, et de résidantes, de Caamelot, parmi les êtres qu'il avait jugés intéressants. Il verrait bien ce que le destin lui apporterait, déception ou au contraire bonne surprise... De toute façon, il avait le temps, n'est-ce pas ?

...

Le destin, bien capricieux, ne lui avait apporté qu'un soudard, qu'une brute en armure. Un soldat, vraissemblablement, qui avait voulu crier sur l'ombre descendue de la voûte arboricole. La raison pour laquelle un être pareil avait bien pu vouloir se promener dans des bois aussi beau lui resteraient probablement obscures à jamais, et puis quelle importance ? Prit de panique, il avait tiré l'épee, contre lui, Gil-Galad Vrondwë, Magicien Royal, Mage personnel du Roi des Elfes, Llandon...

Que de folie...

Avec la grâce létale des Elfes, il avait éviter le premier coup, et là, c'était l'instinct sauvage qui avait parlé, un instinct animal. Sa main vint se poser avec une fluidité absolue sur la poitrine de l'inconnu, et une onde de choc en partie, sur un simple mot que sa part. Projeté en arrière par une force insondable, le malheureux soldat alla s'écraser contre un arbre. Résistant, il voulu se relever... Et découvrir qu'en quelques mouvements accompagné d'un murmure, Gil-Galad l'avait complètement entravé. Et, à présent, il marchait vers lui, calme, de ce calme animal qui pouvait laisser se déchaîner ses pouvoirs en un instant...

« Salté de créature démoniaque ! Attend que je me sois libéré et tu vas voir ce que je vais te faire ! Je... »

« Silence. »

Calme, presque nonchalent, l'Elfe avait fait un geste suplémentaire, et la Magie avait relié son ordre. Ses perceptions elfiques enregistrèrent une autre présence, peut-être attirée par les cris, qui avait été proche, mais pas menaçante, et donc dont il n'avait instinctivement pas tenu compte, à tord ou à raison... A présent, elle était plus proche encore, à portée de vue probablement. Toute proche... Car c'était une présence féminine. Toutefois, il ne s'en soucia pas un instant. Tendant une main vers la tête de l'homme réduit à l'impuissance, il pronnonça un mot, un seul... Un mot terrible, un mot de mort. Et la vie quitta l'inconnu qui avait eu le malheur de croiser son chemin...

L'homme n'avait pas eu la moindre chance, bien entendu. Déjà, il n'était qu'Humain, pitoyablement et totalement Humain, dans toute la vulgarité dont été capable ce terme. Humain dans le sens le plus brute, Humain comme on y pensait généralement en Alfirin : grossier, frustre, impulsif, sans talent et ô combien mortel... Lui, il était un Elfe, bien sûr, et cela même aurait suffit à assurer sa supériorité. Mais il était aussi un Mage, bien sûr, avant tout et surtout. Un Mage et plus que simplement cela. Mage parmi les mages, Mage Royal aussi, il était Gil-Galad, Gil-Galad Vorondwë... Il était l'un des plus grands, le plus grand probablement, Magicien de tout le Beau Peuple, ce qui n'était pas peu dire. Malgré son jeune âge, son talent, sa puissance et ses connaissances le portaient au plus haut... Et il ne savait rien de pitié, dans certaines occasions, lui qui avait été forgé au feu le plus pur, celui de la pratique...

Tant d'éléments qui avaient aboutit à l'instant où la vie s'échappa des yeux de l'anonyme soudard...

Et tandis que sa tête s'affaissait sur son corps, que son regard s'abaissait et que ses paupières se refermaient, des applaudissements retentirent dans le dos de l'Elfe. Il ne montra nulle surprise. Depuis un moment déjà, il avait perçu la présence d'une personne derrière lui, une femme. Certes, les applaudissements étaient peut-être un peu innatendus, mais toutefois, il n'était pas homme à être si vite surprit. Il avait déjà vu tant de choses dans sa « courte » vie... Il s'était impregné de tant de calme... Il aurait pu, en cet instant surtout, tuer presque n'importe qui en une poignée de secondes, mais la surprise n'entrerait nullement dans le registre des réactions qu'il pouvait généralement avoir dans cet état. Avec la fluidité caractéristique de sa race, il se retourna tandis que des paroles résonnaient dans les airs suite aux battements de mains.

« Remarquable et époustouflant de beauté comme a chaque fois. Etait-ce suite a un diffèrent, ou tout simplement par envie ? »

Son regard océanique tomba sur la silhouette de la jeune femme tandis qu'elle finissait de parler, tandis que ses oreilles enregistraient ses paroles. D'un mouvement des iris, il la détailla. Humaine. Tout d'abord et bien entendu... Qu'aurait-elle pu être d'autre ? Elle était grande, également, et plutôt belle, sans doutes, pour une de son peuple. Sa chevelure blonde, presque dorée, tombait dans son dos, amenant sans doutes la plus part des gens à contempler non sans intérêt son corps bien proportionné, avec tout les atouts que la nature, capricieuse, pouvait donner à cette race éphémère. Et ses yeux, dans les quels il se fixa finalement, étaient bleus. Les Humains les auraient dit envoûteurs, probablement... Pas Gil-Galad, non pas, bien sûr. Parce qu'il était Elfe. Parce que, plus que tout, les siens, d'yeux, avaient toutes les teintes de la mer, calme en ce moment, d'un calme qui pouvait précéder la tempête... Et que la Magie qui battait au fond d'eux, comme le coeur, la marée intérieure de ce double océan, était tellement plus belle, plus profonde, plus... envoutante, que tout ce qui pouvait leurs faire face...

« La suite d'une impudence. Ceux de votre race sont ainsi, souvent... Impudent... »

Sa voix était douce, plaisante, et parfaitement calme. Droit, dans ses vêtements noirs un peu frippés, un peu négligés, avec ses cheveux bruns « légèrement » en bataille, il avait pourtant sur son visage et dans son maintient la beauté, la grâce latente des Elfes.

« Toutefois j'aurais finalement fini par le tuer, de toute façon. Certains des vôtres ne peuvent avoir qu'une utilité... D'ailleurs... »

Souplement, il se retourna à demi vers sa victime et, pronnonçant à mit-voix quelques mots impossibles à saisir, il libéra la Magie... En quelques instants, corps, tissus, bois... Tout ce qui pouvait être absorbé avait disparu, nourissant la terre et les plantes allentours. Ne laissant qu'un peu de métal pour tout souvenir. Parce qu'il l'avait bien voulu, cela va s'en dire : un mot supplémentaire aurait suffit pour l'en débarasser. Au lieu de quoi il refit pleinement face à l'inconnue.

« Mais dites moi, demoiselle, et vous ? Qui êtes vous pour applaudir à pareil spectacle, et tenir pareils propos ? »

Il posait la question, comme ça, sans méfiance, juste curieux, ce qu'il avait toujours été. C'était sans doutes indispensable pour être un Mage tel que lui, d'ailleurs...

La jeune femme s'était avancée, se plaçant dans un rayon de soleil. Voulait-elle accentuer sa beauté ? Il était vrai qu'elle était assez agréable à regarder, pour une Humaine, mais jamais, jamais, elle ne pourrait rivalisée avec les Filles du Beau Peuple. C'était ainsi, c'était un fait, ce nom ne leur avait pas été donné par hasard. Ils avaient pour eux une plus grande beauté, comme ils avaient une plus grande agilité ou une plus grande force. La nature avait ainsi faites leurs deux races...

 « Il est vrai que… ceux de ma race, et tout particulièrement les gens comme lui, peuvent d’être d’une impudence et d’une imprudence difficiles a croire… »

Elle disait « ceux de ma race » en se plaçant à part, de son point de vue... Peut-être l'était-elle. Elle faisait partie, en tous cas, de cette catégorie d'Humain et d'Humaine qu'il appréciait assez, tout du moins à première vue. Elle pouffait, elle souriait... Et puis il y avait quelque chose d'autre, comme une impression, un murmure de l'instinct... Et, comme beaucoup d'Elfes, il faisait grande confiance à son instinct... Et plus encore, sans doutes, que la plus part de ses « frères », car son instinct à lui était plus qu'un simple instinct eflique... C'était un instinct de Mage, le sien. A lui, Gil-Galad Vorondwë... Cela n'était pas sans signification, non pas... Du reste, l'inconnue enchaînait déjà, plantant son regard dans les océans qui lui servaient d'yeux, puis inclinant la tête devant lui.

« Je me prénomme Olympias d’Erec. Je ne suis qu’une simple habitante de Camelot, mais j’ai eut la chance et l’honneur de vivre plusieurs années chez les vôtres. »

Un fin sourire s'étala sur ses lèvres, tandis que ses yeux pétillaient un instant. Il était impénétrable, se sourire, mais on pouvait pourtant y lire, en surface, une pélicule d'amusement. Sa tête s'inclina à son tour, avec une grâce et une légertée toute typique des siens.

« Damoiselle, je me rend compte que j'ai manqué à toute politesse en ne me présentant pas. Permettez que je corrige. »

Il n'était pas un courtisan, certes, que le destin et les dieux – si l'un des deux au moins existait – l'en préserve, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir des manières... Ou tout du moins de savoir les adopter à l'occasion...

« Je me nome Gil-Galad, Gil-Galad Vrondwë. Elfe d'Alfirin, la Cité Immortelle, Mage personnel et serviteur du Roi Llandon, le Souverain Légitime du Peuple Elfique. »

Si, au début, cela ne l'avait même pas effleuré de préciser l'identité de son suzerain, avec le temps et les expériences il avait prit l'habitude de le faire, par précaution. Certains Humains étaient si ignorants des choses les plus essentielles ! Bon, il était vrai qu'ils connaissaient généralement leur Roi à eux, mais celui des Elfes valait tellement mieux, sur tous les points de vue...

« Toutefois, il y a un petit détail qui me chiffonne... Vous n'êtes pas une simple habitante de Caamelot... Les simples habitantes de Caamelot n'ont généralement entendu parlé de mon peuple que dans des contes déformés... »

Car la plupart des légendes étaient fort imprésises, oubliant des détails ou en inventant d'autres, faisant parfois d'eux des espèces de lutins, ou alors des êtres tellement éthérés qu'ils étaient plus innacessibles que les esprits de l'air.

« Et elles n'ont certainement pas vécu plusieurs années parmi les miens... La plupart ne s'en accomoderaient pas, d'ailleurs. »

Son sourire sybillin revint, avec son petit cortège d'étincelle magique dans son regard océanique, tandis qu'il penchait la tête sur le côté.

« Sans compter qu'elles n'ont pas votre aura, votre Chant... »

Il avait finalement mit le doigt sur ce que lui soufflait tout doucement son instinct... Il avait été assez « lent », sur ce coup, si on pouvait dire cela comme ça... Sans doutes parce qu'il n'y avait aucune raison de célérité...

Elle semblait prendre plaisir à tout ceci, ou tout du moins s'amuser assez pour trouver la rencontre agréable, vu comment elle souriait quasiment en permanance... Du reste, une compagne un peu joyeuse ne lui déplaisait pas outre mesure, surtout dans une joie aussi calme... Pour le moment.

« Ne vous inquiétez pas pour la politesse seigneur Elfe… J’ai l’habitude de bien pire parmi les miens… »

Chose étrange, pour une des premières fois avec une Humaine, sa jeune interlocutrice semblait comprendre qui était le Roi et qui il était, lui, Gil-Galad... Quel était le respect qui lui était dû, par son rang dans la société Elfique et aussi, surtout peut-être, par la puissance latente que supposait son titre... N'importe qui ne devenait pas Mage Royal ! Ca impliquait de figurer parmi les plus grand Magicien du Beau Peuple. Ce qui était indubitablement son cas.

 « Ah…. Effectivement, ma race est assez ignorante et est surtout très égocentrique… Seuls les hommes sont dignes d’habiter cette Terre afin de la détruire au mieux possible. Tout autres peuples ne peuvent être qu’inférieur ! »

Son sourire s'élargit légèrement à cette évoquation... Décidément, elle était bien étonnante... Une Fille des Hommes qui voyait leur folie ! Sans doutes avait-elle belle et bien vécu chez des Elfes, comme elle le prétendait et, mieux encore, elle avait l'air d'avoir capter quelques-unes des vérités qui leur étaient si naturellement dévoilées, de même qu'elles restaient cachées à cette race si grossière et si mortelle !

 « Mon aura, mon chant ! Puis-je savoir ce que vous entendez par là messire ? Vous êtes bien le premier à me dire une chose pareille ! »

Elle semblait sincère... Cela se pouvait-il ? Oui, sans doutes... Tout était possible. Peut-être n'avait-elle pas ces notes, dans son chant, si particulières, quand elle avait vécu parmi ceux de sa race, ou peut-être les avaient-elles acquisent là-bas, qui pouvait le dire... Sa curiosité, cette qualité si indispensable aux bons Magiciens, étaient de plus en plus titillées par cette petite Humaine...

« J’ai quitté ma demeure il y a bien longtemps afin de faire mon éducation. J’ai été sous la tutelle de gens merveilleux qui m’ont appris que pour être une des meilleures humaines possibles je devais vivre parmi le peuple des Elfes. Je déplore que mon peuple ignore et dénigre votre peuple. »

Ignorer et dénigrer ? Vraiment... A cette pensée, il ne pu empêcher son sourire de s'étendre, puis de s'envoler dans un rire cristalin. Un rire puissant. Et il était beau, se rire ! Tellement merveilleux, tellement en harmonie avec son environnement, tellement chargé de magie, que la forêt, autours d'eux, se tû un instant pour écouter. Comme si les arbres, les oiseaux, les animaux, les insectes et jusqu'au vent dans les branches, comme si tous s'arrêtaient, pour savourer ce son... Et puis le rire se tû, mais son sourire ne mourru point avec lui.

« Ignorer et dénigrer mon peuple ? Vraiment... Voilà une chose que je n'ais jamais vue, ô impertinante Olympias... Tous vos... frères de races... que j'ai croisés, à quelques exeptions près, n'appliquaient pas vraiment ses verbes... C'étaient plutôt « craindre et respecter »... « Admirer et s'émerveiller »... Ou « avoir peur et s'enfuir »... Aucun jusqu'ici, ou presque, n'a osé me... dénigrer... après avoir vu ce que j'étais. Et il n'en eu pas un seul pour m'ignorer... »

Il fallait bien dire, aussi, qu'il était difficillement ignorable. Outre son aura elfique, généralement suffisante pour captiver les Humains, celle de Mage réussisait à retenir l'attention des autres êtres, ainsi que celle des rares représentants de ce peuple qui était d'un assez gros calibre pour aller au-delà de la première...

« Mais passons sur ces détails... Ce n'est pas bien important. De toute façon, tout Humain qui aurait la suprême imprudence que vous décrivez subirait bien vite le sort de notre infortuné ami... »

D'un geste tout à fait négligeant, il désigna les quelques morceaux de métal épart qui formaient les derniers vestiges du malheureux soldat...

« A moins bien sûr qu'il n'ait les moyens de me mettre en échec, ce qui hautement, très hautement improbable... Ou peut-être ceux de résister un instant, et, par là, d'attiser assez ma curiosité pour que je le laisse en vie... Au moins un temps... »

Oui, comme on pouvait le voir, Gil-Galad n'avait aucun scrupules à prendre les vies qu'il jugeait indignes, celles des créatures qu'on disait « intelligentes » mais qui étaient plutôt « grossières »... Les Fomoires, les Humains... Ce genre de nuisances... Il fallait bien dire, aussi, que certains côtés de son travail avaient de remarquables propriétés pour anéstésier rapidement les émotions les plus tendres et les plus... nobles ? Oui, sans doutes, surtout à l'égard de certains...

« Et justement, il y a cela... Vous, vous éveillez ma curiosité, petite Humaine... Vous avez vécu chez les Elfes, mais ne comprenez pas ce que je vous dit de votre Chant... Ces Elfes étaient-ils donc si peu subtiles ? Je ne le pense pas... Peut-être est-ce votre Chant qui l'est... Et de toute façon, je vais être plus précis... »

Avec sa fluidité habituelle, toute féline, il s'approcha encore un peu plus d'elle, et un de ses doigts fins et grâcieux s'approcha du frond de son interlocutrice.

« Votre Chant, le Chant de votre être et de votre âme, le Chant que possède toute chose, votre Chant, donc, parle de quelque chose de bien précis... Oh, ce n'est pas si criant que chez certaines personnes... Comme moi... Mais votre Chant... porte un murmure de Magie. »

Son propre regard en était chargé, de cette Magie, elle tourbillonnait doucement au fond des océans jumeaux dans ses orbites...

Gil-Galad, lui aussi, appréciait assez cette rencontre... C'était le genre qu'il avait espéré en venant jusqu'ici, au-delà de l'occasion de tester son sort de flux sur grande distance, hors de sa Forêt natalle... L'Humaine était plutôt de bonne compagnie... Enfin... Pour une Humaine, bien entendu...

« Mes frères de race, comme vous les appelez, ont un comportement bien différent lorsqu’il se retrouve en face d’un des votre… Nous sommes assez beau parleur… Et très souvent nos mots ne sont que des coquilles vides… »

Vraiment ? Elle était la première à oser lui dire ça... Mais il ne croyait pas qu'elle ait totalement raison. Lui mentire à lui était chose difficile, parce qu'en cas de doutes il n'hésitait pas, quand l'envie lui en prenait, à user de sort de vérité de sa confection, des sortillèges rôdés au cours de décénies de pratique au service de son Roi... Et beaucoup de ceux qu'il avait croisé avait pour eux un émerveillement difficilement falsifiable. Par contre, qu'ils aient penser autre chose avant de le croiser... C'était possible pour certain d'entre eux... Moui, peut-être bien, mais quelle importance, au fond ? Ceux qui avaient eu le malheurs de le montrer n'étaient plus là pour s'en venter...

« Dois-je comprendre de vos paroles que mon sort ne sera nullement différent de celui de ce soldat ? »

Un sourcil se leva, un sourire se dessina, un peu ironique... Croyait-elle vraiment ce qu'elle disait ? Ou bien était-ce un trait d'humour... Elle n'était pas comme cette brute en armure, et elle le savait bien. Il n'avait aucune raison de l'éliminer... pour l'instant tout du moins.

« Les elfes m’ayant accueilli chez eux m’ont éduqué. Je n’ai pas eu la chance, ni l’honneur d’être celle a qui ils se confiaient. Jamais, non jamais, ils ne m’ont fait de réflexion sur mon chant, peut être aussi parce qu’il m’est arrivé chez eux, je ne sais… »

Eduquée... Et ils ne lui auraient pas parlé de son Chant ? Etait-ce vraiment possible, ou bien mentait-elle pour une raison pour une autre ? Il ne lui semblait pas, en tous cas... Alors c'était « ce qui lui était arrivé chez eux » ? Possible, mais la question était alors de savoir ce qui lui était arrivé, justement, à cette jeune femme...

« Vous parlez de magie… Est-ce de ca dont vous voulez parler ? »

Et, avec légerté, elle désigna le panier à ses pieds, sur lequel il porta aussitôt son attention. Il utilisait peu d'herbe dans ses Arts, préférant se baser sur les Arcanes pures, mais il en avait bien sûr la maîtrise... Toutefois, à la composition, il ne reconnaissait pas la Magie des Mages, mais...

« L'Alchimie... »

Oui, oui... L'alchimie... Ca expliquait tout, y comprit le fait que les notes de Magie dans son Chant aient cette disposition qui semblait assez subtile. Gil-Galad connaissait cette branche de la plus noble des disciplines essentiellement par ses longues recherches sur tous les thèmes magiques dans la bibliothèque d'Alfirin, la bibliothèque Elfique, soit la plus grande et la plus nourrie qui soit au monde, probablement... Il releva son regard océanique vers elle.

« C'est cela, n'est-il pas ? Vous êtes une Alchimiste, petite Humaine. »

Ce n'était pas une question, mais une affirmation. Tout cadrait avec perfection, et puis il y avait son instinct, qui en l'occurence était parfaitement en accord avec le reste. Comme souvent... Il savait s'accorder avec sa fibre profonde, ça faisait partie de sa force et de sa supériorité.

« Hum... Vous êtes de plus en plus intéressante... Eduquée par des Elfes... Mais ignorante de son Chant... Pratiquant l'Alchimie... Et admirant visiblement mon Peuple... Hum... »

Il pencha de nouveau la tête sur le côté, l'examinant avec plus d'attention de ses yeux chargés de tant et tant de choses...

« Quels secrets me cachez-vous donc encore donc encore, Olympias ? »

Elle souriait encore, cette petite Humaine... Elle savait sans doutes qu'il pourrait la tuer en quelques gestes, malgré sa pratique de l'Alchimie. Il était Gil-Galad, et de toute façon elle ne serait jamais assez rapide pour ce protéger...

« Comment diable voulez vous que je ne sois pas en admiration devant votre peuple ! Vous possédez une sagesse incroyable, votre savoir et sans limite, je n’ose même pas parler de votre beauté ! »

Mais il ne la tuerait pas, non... Ou tout du moins il ne le pensait pas. Disons qu'elle savait comment lui parler. Et qu'elle avait une bonne vision de sa Race, en plus d'être d'assez agréable compagnie, pour une de son Peuple.

« Vous avez une chance incroyable d’être né elfe seigneur Gil-Galad. »

Elle avait dit cela en secouant la tête, et maintenant elle riait... L'enviait-elle, cette jeune fille ? Sans doutes, sans doutes... Qui ne l'aurait pas fait ? Toutefois, il songeait à part lui, un petit sourire aux lèvres, que la chance n'avait rien à voir là-dedans. Une âme comme la sienne ne pouvait trouver refuge que dans un corps comme le sien...

« Si je vous les disais, ce ne seraient plus des secrets. »

Et elle lui fit un clin d'oeil, appuier contre son arbre... Etait-ce un défis, ou bien une échappatoire ? En tous cas, elle admettait qu'elle en avait, des secrets, et c'était déjà quelque chose...

« Mais sachez qu’ils n’ont rien de très important. »

Mhoui... Tandis qu'elle se laissait glisser jusqu'à l'herbe tendre, l'Elfe songeait que des secrets de moindre importance n'auraient pas été caché... Elle avait bien volontiers mit en avant son art d'Alchimiste, ou les rapport qu'elle avait eu avec son peuple. Qu'est-ce qu'elle pourrait lui cacher de plus secret encore ? La curiosité du Mage pétillait dans son crâne en une pluie d'étincelles...

« Cela faisait très longtemps que je n’avais rencontré quelqu’un de votre espèce, et je dois vous avouer que malgré l’étrangeté de la situation, cette rencontre m’honore et m’enchante. »

Il inclina la tête, acceptant les fleures qu'elle lui lançait. Comment aurait-il pu en être autrement ? N'était il pas Gil-Galad, Gil-Galad Vorondwë ?

« Me feriez-vous l’honneur de m’accompagner dans une promenade ? »

Une promenade... Une promenade dans les bois, voulait-elle dire ? S'aurait été le plus probable. Il ne se promenait pas au milieu des Hommes... Pas pour l'instant, tout du moins, et pas tant que la Délégation ne l'y forcerait pas. Ah ! Maudit soit ce fichu « roi » Arthur, de le faire sortir ainsi de sa Forêt pour les faire se mêler, lui et les siens, à son peuple mal dégrossit !

« Savez-vous, petite Olympias ? Savez-vous les trois choses, avant tout et surtout, qui font un Mage de la Magie, au coeur des Bois Eternel et partout ailleurs ? »

Les océans jumeaux logés dans ses orbites semblaient agités de tourbillons changeant d'une malice aussi neutre que la nature et aussi profonde que toutes les eaux.

« D'abord, il y a la qualité primordiale. Le moteur et la joie. La curiosité. »

Il lui fit un bref clin d'oeil. Il ne renoncerait pas à découvrir ce qu'elle avait encore à lui révéler. Puisqu'elle était habitante de Camelot, il aurait pu prétendre qu'il faisait son devoir. Mais le Roi ne l'aurait probablement pas cru, alors quel intérêt ?

« Ensuite, le dosage essentiel. Garde fou, gouvernail et sauvegarde. L'imprévisibilité. »

Le temps d'un battement de coeur, et il était juste devant elle, la regardant de toute la hauteur de sa silhouette souple, drapée de noir.

« Et puis l'étoile. La source et le torrent... »

Un murmure, juste un murmure... Ce ne fût qu'un murmure qui suivit...

« La puissance... »

Ce simple mort, ce simple murmure, en était chargé. De puissance. Une puissance qui aurait pu détourner des fleuves. Une puissance capable d'arrêter des armées. Une puissance qui pouvait arracher à la mort une vie qui y entrait... Et y précipiter d'un geste une qui n'y aurait rien eu à faire autrement. Pendant quelques instants qui auraient pu être des siècles, l'aura de cette puissance sembla peser sur tout. Etouffant les sons, absorbant la lumière, occultant les odeurs, se répendant telle une nymbe d'argent, une nymbe qui aurait enveloppée un géant...

Avant de se dissiper dans un grand éclat de rire.

Redevenu simple mortel au milieu d'une clairière verdoyante, Gil-Galad riait, comme un cascade un ruisseau de montagne, à la fonte des neiges, clair comme la glace et lumineux comme le soleil, contenant le chant des oiseaux, et le murmure des bois, et toutes les choses de la forêt...

« Alors, cette promenade ? »

Imprévisible, en définitive, ou fou ? Lui-même n'aurait sans doutes pu le dire, souriant toujours, d'un sourire éclatant. Non, il n'aurait pu le dire... Même s'il s'était intéressé un instant à la question, ce qui était loin d'être le cas...

Gil-Galad lui-même n'aurait probablement pas pu dire ce qui l'avait poussé à faire ce qu'il avait fait. Un vent changeant dans le murmure de la Magie, une impulsion dans son esprit plus que tortueux, un mouvement des Arcanes... Il ne savait, et qu'importait ? Il vivait, il faisait, il accomplissait, voilà tout. Il se laissait porter par ses Arts autant qu'il les portait...

« Et bien… »

Visiblement, Olympias avait été quelque peu chamboulée par l'expérience... C'était vrai que cela avait dû être impressionnant, de son point de vue à elle. Il n'était pas sans grandeur, même parmi les Elfes, ô non, non point, surtout pas quand il usait de ses talents de Magiciens...

« Si vous acceptez de me laisser quelques instants pour me remettre de ce…. Spectacle ; j’arrive. »

Bien, bien... Elle était solide, visiblement. Elle encaissait sans problème le « spectacle », ce que tous n'auraient pas fait avec autant de facilité. Mais elle avait vécu chez les Elfes, elle avait un avantage sur les autres, sans doutes.

« Je suis prête ! »

Et, quittant le support de l'arbre, elle attrapa son panier et tourna sur elle-même, du bonheur dans son sourire. Le sien, en réponse, s'élargit un peu. Elle était si visiblement heureuse d'être avec lui, un Elfe, que cela faisait plaisir à voir. Bien sûr, il pouvait se tromper sur ses raisons, mais il pensait bien que c'était cela. Et il trouvait que c'était une excellente attitude.

« Que diriez vous d’aller au bord de la petite rivière qui coule un peu plus bas ? Vous aurez je le pense tout le temps de me questionner afin de découvrir quels sont mes odieux secrets ! »

Elle lui fit un clin d'oeil, et se mit en marche. Avec un petit rire chantant, comme le chant d'un oiseau, il lui emboita le pas, revenant rapidement à sa hauteur, et lui lança un regard, de ses yeux océaniques...

« Je pourrais les apprendre en quelques instants, savez-vous ? Bien des fois j'ai lancé les sorts de vérité, pour mon Roi... Bien des fois je les ais renforcés, remplacés lorsqu'ils ne suffisaient pas... Par des choses moins plaisantes... »

Une étincelle passa dans son regard, de rituels oubliés, dans la lumière de la lune, et de traîtres retrouvés amnésiques au matin... Et une pensée, distraitement, vint papillonner dans la partie consciente de ce qui lui servait d'esprit.

« Mais cela, vous n'irez pas le répéter, n'est-ce pas ? Un petit secret de plus... Qu'il vaudrait mieux pour vous ne pas trahir... »

Nulle menace dans sa voix, juste un avertissement. Cela faisait longtemps que Gil-Galad n'avait plus de scrupules, à force d'exécuter tous les ordres de son Souverain. Les scrupules étaient apparemment, chez lui, quelque chose qui s'affaiblissait par manque d'utilisation...

« Quant à ceux que vous possédez déjà, je pense que je vais plutôt jouer avec vous, pour les apprendre... Ce sera amusant. Mais soyez sure qu'au final je les connaîtrais. Il en est toujours ainsi, à la fin... »

La simple énonciation d'un fait. Sa curiosité était grande, et sa curiosité était toujours satisfaite, dans pareils cas... Presque toujours, au moins, mais ce n'était pas cette petite Humaine qui allait entrer dans le domaine des exceptions, certes non.

« Alors, jeune fille, comment voulez-vous jouer ? Voulez-vous que je mette quelque chose en jeu, de mon côté ? »

Il souriait, les mers jumelles de ses yeux pétillaient... Il s'amusait, en fait. Tout ceci était hautement divertissant pour l'imprévisible Gil-Galad... Pour le moment, en tous cas...

L'Elfe pouvait lire dans l'Humaine, et ce n'était pas bien difficile, son bonheur de se trouver en sa compagnie. Cette fois-ci, il n'y avait même plus l'ombre d'un doute. Etait-ce sa simple appartenance au Beau Peuple, ou bien l'addition de sa propre personne à ce fait ? Bonne question... Mais cela n'avait pas vraiment d'importance, au fond. Son bonheur le mettait lui-même de bonne humeur.

« Vous savez Gil-Galad … Puis-je vous appelez ainsi ? Je disais donc… Vous savez ; vous n’avez absolument pas besoin de sorts ou de quoi que ce soit si vous désirez entendre mes vérités… Et je ne pense pas que vous le feriez… Ce ne serait pas… amusant… »

Elle comprenait bien la situation, en fait. En effet, ce ne serait pas aussi « amusant », aussi intéressant. L'affirmation qu'il n'aurait pas besoin de Magie pour arrivé à ses fins était d'ailleurs déjà amusante en soit, pour lui, imprévisible Enfant des impérivisibles Arcanes.

« Sachez que mes lèvres resteront closes. Vos actions de concernent que vous, et votre peuple. »

Oh non, pas même son Peuple. Lui. Lui et son Roi. Voilà tout. Il aurait pu répondre cela à son murmure, mais il ne le fit point, n'en voyant pas l'intérêt, n'en aillant pas eu l'impulsive envie. Cela faisait partie des choses qui le regardaient, justement, et pas cette plaisante petite Humaine, qui restait mortelle, au final... Une simple mortelle, et les mortelles livraient bien facilement les secrets, quand ils étaient bien aiguillés. Nombre « d'immortelles » aussi, en fait...

« Ça, je pense que c’est a vous de le décider.. Je ne pourrais vous forcer, aussi bien par les charmes, l’esprit ou même la force, à faire quelque chose que vous ne souhaitez pas faire… Mais s’il vous plait de mettre en jeu quelque chose, faites donc je vous en prit ! »

Ne pas le forcer ? C'était une évidence... Par tous ses moyens, aucun membre de sa propre Race ne pouvait le forcer, alors elle ! Il ne servait que le Roi, et par loyauté. A part en usant d'autorité, et il en concédait bien peu sur lui, le forcer à faire quoi que ce soit était une tâche bien ardue.

« Pour répondre à votre question de tout à l'heure, oui, vous pouvez m'appelez Gil-Galad. Vous méritez bien de le faire, petite Olympias... Vous êtes indéniablement une des mes Humaines préférées. »

Il y avait de la malice dans sa voix, son sourire, de même que dans le bref éclat de rire qui franchit ses lèvres, tout joyeux. C'était décidément une bonne journée que celle-ci...

« Puisque vous m'en laissez si aimablement le choix, je vais moi aussi mettre en jeu quelque chose. Il faut savoir être juste, dans la vie, surtout quand cette vie est au service du plus grand des Rois de cette terre bercée de flots. »

Car, bien sûr, Arthur ne pouvait pas faire le poid face à Llandon. Il ne lui arrivait même pas au bas de la cheville, était à peine digne – tout juste, en était généreux ! – de lui servir de paillason pour s'essuyer les pieds....

« Je vous propose de jouer. A chaque question que je vous poserais, vous pourrez m'en poser une à votre tour, comme bon vous plaira... »

Un jeu en effet, un jeu d'enfant. Même lui, l'orphelin qui se promenait souvent, solitaire, il y avait mainte fois joué au cours de sa jeunesse...

« Bien sûr, je n'ais pas besoin de vous dire que me mentire serait une très mauvaise idée... Et quant à moi, par ma Forêt et par mes Arts, je jure de ne vous répondre que la vérité, sans une trace de mensonge... »

Quitte à devoir la tuer ensuite. Toutefois, il ne pensait pas devoir en arrivé là avec elle. Sinon il n'aurait sans doutes même pas lancé ceci... « Lancé », et pas « proposé », car il ne prit pas en compte son avis, qu'il supposait d'office positif...

« Commençons... Votre secret à t'il avoir avec... avec... hum... l'amour ? Les Humains se laissent toujours guidés par l'amour, semble-t-il... Au point de nous entraîné avec eux, parfois... »

Maïsara... Oh, amie, où pouvait-elle bien être, à présent ? Il espérait de tout son coeur qu'elle allait bien, et que son exil prendrait bientôt fin. Du reste, si le premier point n'était pas exact, les responsables en pairaient le prix, un lourd prix...

« Alors ? »

Il était revenu à l'instant présent, attendant avec curiosité la réponse de la jeune femme. Et avec une curiosité à peu près égale sa question à elle...

Elle riait beaucoup, et lui souriait en retour. Tout ceci était décidément bien présent, et cette Humaine valait bien mieux que la plupart de ceux de sa Race, sans conteste...

« C’est bien trop d’honneur et de flatteries que vous me faites la ! Je vais finir par y croire, et je deviendrai une humaine pleine d’orgueil qui ne mérite pas plus la vie que celui que vous avez supprimé tout a l’heure ! »

Non, il ne le pensait pas... Il avait bien précisé son peuple, et cela restait un fait inaltérable. Par rapport aux autres êtres humains, elle méritait bien de se sentir supérieure, même s'il ne pensait pas qu'elle le ferait. Après tout, il ne faisait que dire la vérité la plus stricte, et ce n'était pas les conventions des mortels qui allaient l'empêcher, lui, de dire ce qu'il avait envie de dire...

« Je vous remercie en tout cas, et j’espère rester digne de vos paroles. »

Il inclina la tête, en signe d'acceptation de cette espérence. Il ne doutait pas qu'elle y arrive. Des Elfes avaient prit le temps de la receuillir, il fallait bien que ce ne soit pas en vain... Non, l'éducation elfique, même secondaire, même sur une simple Humaine, valait mieux qu'une simple passade, assurément...

« Vous venez de me poser la une question a laquelle je ne sais que trop répondre… On peut tout autant dire que mon secret est lié à l’amour ; comme on peut dire qu’il ne l’est pas… C’est plutôt un choix, des convictions…. Renforcés par la perte d’un être cher.. Mon père.. Mais sinon il n’a absolument rien a voir avec un amour charnel et passionnel. »

Des convictions, renforcés par une perte... Et donc par la haine, née de l'amour. C'était intéressant. Ce secret devait être bien profond, alors, tenir une grande place dans le Chant de son coeur, dans la trame de sa vie. Sa curiosité n'était qu'un peu plus aiguisée par cette première réponse, et il comptait bien que le reste du jeu serait aussi intéressant que cette ouverture. Voir que toute cette rencontre.

« Mais… maintenant c’est a moi de vous poser une question. »

Oui, il ne l'avait pas oubliée. Cela aussi pimentait le jeu, au moins autant que ses réponses à elle. Les questions aussi pourraient peut-être être révélatrices.

« Voyons voyons… Je voudrais savoir ce qu’un elfe, de votre condition, fait à proximité humains, au beau milieu de ces bois. »

Question évidente. Il s'y attendait, à un moment ou à un autre, et la première place n'était pas du tout usurpée. C'était une base intéressante pour la suite...

« Vous savez, je ne craint pas vraiment que vous deveniez comme le soldat de tout à l'heure. Vous n'êtes pas de ce genre-là, Olympias, je vous fait confiance sur ce point... »

Ce qui était parfaitement vrai. Aussi imprévisible que le vent, plus encore même, il laissa s'échapper un petit rire argentin, comme un millier de clochettes.

« Pour vous répondre, je suis ici par devoir, bien entendu. Comme vous le savez peut-être, Arthur a envoyé des messagers pour demander aux Souverains de mon Peuple de venir le rencontrer à Caamelot. Suprême arrogance. Mais leurs Majestés, dans leur infinie sagesse, ont jugées bon d'accéder à sa requête. »

Lui aurait probablement transformé les messagers en oiseaux qui auraient été porté son non catégorique au roitelet breton. C'était une des raisons pour lesquelles Llandon était le Roi et lui son fidèle serviteur, sans doutes...

« Vois-tu... J'espère que tu m'autorises à te tutoyer ? Vois-tu, je suis le Mage Royal. Le premier et le plus dévoué des subordonnés du Roi. Il est bien entendu que je fais partie de la Délégation Elfique qui va venir à Caamelot, tout près d'ici... »

Il avait décidé de la tutoyer comme ça, sur un coup de tête. Il ne se demandait plus les raisons de certains de ses actes depuis longtemps... Et du reste il était sûr de son acceptation.

« Dans un premier temps, j'ai voyagé aux frontières de la Forêt puis loin d'elle pour tester d'éventuels affaiblissements de mon pouvoir... Aillant constaté leur absence et les autres effets que me donnait la nature loin de mon domaine, je me suis mis à aller de plus en plus loin. Par pure curiosité. Pour apprendre à connaître les Humains, les menaces qu'ils représentent, ce genre de chose... Et quand je viendrais avec Sa Majesté... Leurs Majestés, je serais à même de protéger la Délégation de la meilleure façon possible. »

Quand il disait qu'il serait sincère, il l'était. Et de toute façon, il ne pensait pas qu'elle puisse essayer de mal utiliser ces informations... Non, elle ne serait pas assez folle pour cela.

« A moi de nouveau ! Tu as dit que ça avait un rapport avec ton père... Sa mort... La haine... Hum... C'est complexe. Cela a-t-il un rapport avec... cette guerre-ci ? La guerre entre Morgane et Arthur ? »

Question large, comme la précédente. Ca ferait déjà un bon recoupement... Oui, il finirait par trouver, et après, peut-être continuerait-il ses questions, sur d'autres sujets ! En tous cas, tout cela l'amusait vraiment, oui, vraiment...

Gil-Galad ce montrait bien franc avec la jeune mortelle, en effet. Lui disait des choses dont certains pourraient faire un usage suspect... Mais il avait confiance dans le fait qu'elle soit assez respectueuse des Elfes et de lui, qu'elle tienne assez a la vie, pour ne rien dire. Si elle le faisait et que ça s'avérait nuisible au Beau Peuple de quelque façon que ce soit, et bien il lui faudrait la châtier, malheureusement, fût-ce par la mort...

« Pour répondre a vos phrases passées.. Je ne vois absolument aucun problème au fait que vous me tutoyez. »

Bien entendu. Il avait demandé plus par habitude, par convenance, que pour autre chose. Il remarqua toutefois qu'elle, elle en restait au vouvoiement. Usage, intimidation ou autre chose ? Il ne savait et pour l'instant ne s'en souciait pas. Si elle continuait et que ça finissait par le déranger, il réagirait, mais pour l'instant il n'en avait pas grand chose à faire...

« Et j’ignorais complètement que notre Roi avait appelé l’aide de votre peuple. Sans vouloir vous vexer, je trouve ce geste d’une infinie tristesse… »

Il inclina la tête en signe d'acquiècement. Oui, triste, bien triste, et bien dommage aussi. Il n'avait pas un autre avis sur la question, même si, au final, ça lui avait permis de faire connaissance avec Olympias, et une poignée d'autres Humains intéressant, et même quelques non-Humains. Son temps n'avait pas été totalement perdu... Non, pas totalement...

« Mais je ne dois pas m’égarer ! Mon secret est bien évidemment en rapport avec la guerre de Morgane et Arthur. Elle occupe tous les esprits humains, et il serait impossible de l’ignorer. »

Mhoui... Elle restait vague, et il s'en accomodait. Cela avait donc un rapport avec la haine, avec l'amour, avec des convictions et avec la guerre... Haine pour l'un, dévouement pour l'autre ? S'était possible... Oui, parfaitement...

« A moi… Que pensez-vous du Roi Arthur Pendragon de Bretagne ? »

Ah ! Une bonne question aussi, à poser à un Elfe, surtout à lui. Il sourit en l'entendant, ses yeux océaniques pétillants un instant. Il pencha la tête sur le côté un instant, comme à l'écoute de quelque Chant lointain, avant de répondre.

« Arthur, Arthur... Ce que je pense d'Arthur, hein ? Et bien... Il est des gens qu'il n'est pas approprié de tuer, sans doutes. Il est des gens dont la sentance de mort doit bel et bien être prononcé, et des matières où il est bon que la volonté du Roi s'exprime... »

Paroles un peu mystérieuses pour celle qui ne savait rien de sa rencontre avec le soit-disant monarque breton, mais le mystère faisait aussi partie de sa nature, dans une certaine mesure...

« Je pense que je l'aurais bien tué, que j'ai laissé le choix d'une telle décision à Sa Majesté, et qu'il est bien possible que cela m'agace avant la fin. D'un côté, je déteste qu'on me face quitter ma Forêt, et sans lui je n'en serais pas partit, mais de l'autre... »

Ses épaules bougèrent dans un geste vif et fugace, tandis que ses mains se soulevaient légèrement, dans un geste d'une certaine indiférence.

« ... je pourrais toujours le tuer plus tard, même si l'occasion était belle. »

Oui, fort belle. Il aurait pu le laisser mourir, ou le réduire en poussière, ou même le tuer, plus tard, de sa propre Epée qui s'était éteinte dans sa main. Mais il ne regrettait rien, car il avait fait le bon choix, alors : une telle décision méritait d'être soumise au Roi et non sommairement exécutée...

« Hum... Maintenant, je serais presque tenté de te retourner ta question, mais cela serait discourtoit, n'est-ce pas... Alors nous dirons plutôt... Que penses-tu de Morgane, l'Enchantresse, la Féé Rouge, ô petite Olympias ? »

Certes, il réduisait rapidement les possibilités, avec ses questions. Si son secret avait véritablement un rapport avec la guerre, un rapport intime, alors il tomberait bientôt... Mais Gil-Galad avait toujours été précis dans ses questionnements, quand ça lui prenait. Et du reste, leur conversation n'était pas obligé de s'arrêter là...

« Ce que je pense de Morgane… Et bien… Elle est pour moi bien plus apte à diriger notre royaume que peut l’être Arthur Pendragon. Pour être tout a fait honnête avec vous, je pense qu’elle mériterait mille fois de remporter cette guerre. »

Ses paroles étaient assez parlantes, mais, surtout, il y avait son regard... La lueur qui brillait dans ses yeux... Voilà un secret qui tombait, si elle était une résidente de Caamelot. Elle était totalement dévouée à la Fée Rouge, il pouvait le lire en elle, dans son Chant comme dans ses iris... Voilà qui n'était que plus intéressant ! Restait à savoir si elle la soutenait activement ou si elle n'avait qu'une admiration muette pour l'Enchantresse... Dans le deuxième cas, avec ses dons manifestes d'Alchimiste, elle pouvait être d'une utilité assez grande, non ? Peut-être même était-ce Morgane qui lui avait enseigné son art, ou qu'elle le lui ait fait enseigné, si elle les avaient apprit cehz les siens, par exemple. Tout ça avait du potentiel, c'était certains, et du reste, si les « traîtres » comptaient de telles personnes dans leurs rangs, son opinion sur eux n'en était que confortée...

Olympias soupira, peut-être désolée d'avoir si vite abattu sa carte. Il n'y avait pas de quoi, et pour le lui monter il lui sourit de nouveau, un sourire éclatant. Elle aussi souriait, quoi que plus légèrement toutefois... Et il percevait, tant par ses sens physiques que magiques, la proximité de l'eau dont la jeune femme lui avait parlé...

« Je pense ne plus avoir de secret pour vous Seigneur Gil-Galad…. Mais si vous le permettez j’aimerais vous demander ou vous vous placeriez dans ce conflit… »

Plus de secret... Tout le monde avait des secrets, non ? Quant à lui, il avait encore envie d'apprendre quelques petites choses sur elle...

« Où je me place, Dame Olympias ? Je me place toujours dans un seul et unique camp, le seul valable : celui de mon Roi. En toute occasion et en tous lieux, je suis son dévoué serviteur. »

Ce qui n'était que vérité pure. Son Monarque lui avait fait découvrir la Magie, lui avait permis d'exercer son Art, le plus grand et le plus beau de tous. Sa loyauté pour lui était absolue, surpassée seulement par sa passion sans borne pour les Arcanes, et jamais encore les deux ne s'étaient contrariées...

« Toutefois, j'ai bien entendu mes préférences, comme tout un chacun… même certains Elfes, surtout depuis que j'ai été forcé de sortir de mes Bois pour cette fichue Délégation Elfique que nous allons envoyer à Caamelot... »

Parce qu'avant, il avait à peine eu de vagues échos de ce qui se passait chez les Humains, et s'en était bien peu soucier. Ses Arcanes, et la politique du Beau Peuple, pour le Roi, l'occupaient beaucoup trop pour qu'il s'occupe des affaires mortelles... Oui, avant...

« A vrai dire, à mes paroles sur Arthur, il n'est pas difficile de comprendre que je ne l'apprécie pas vraiment... Vois-tu, je n'aime ni les voleurs, ni ceux qui me dérangent du plus profond de ma Forêt... »

Voleur, car ce fameux Graal, que les soit-disant chevaliers cherchaient tant et tant, était le Chaudron, le bien des Elfes... Et on ne volait pas les Elfes...

« Sans compter que Morgane est une praticienne de la Magie. »

Et sur cette remarque, il rit de nouveau. Oui, elle pratiquait le plus grand des Arts... Comment aurait-elle pu ne pas avoir sa préférence ?

« Oh, et n'allez pas croire que j'en ais fini avec vous... Je suppose que vous soutenez Morgane, petite Humaine... La soutenez-vous activement ? Je veux dire, êtes-vous à son service, l'aidez-vous dans l'ombre, alchimiste ? »

Son sourire, son sourire à elle, semblait plus doux à présent. La nature était belle, comme toujours, et sans doutes même pour les Humains en cet instant-là. Gil-Galad voyait toujours la beauté dans la Nature, la vraie, mais il savait que ce n'était pas toujours le cas de ces pâles mortels...

« Et si jamais la décision de votre Roi va à l’encontre de ce que vous estimez entre juste et bon ? Je comprends parfaitement que vous pouvez ressentir pour votre souverain mais…. »

En y réfléchissant un minimum, il aurait pu prévoir cette interrogation. C'était somme toute logique. Que faire, que faire, se demandaient les éphémères comme les feuilles qui bruissent, agitées par le vent, quand la loyauté et les valeurs sont en opposition ? Que faire, que faire, quand le juste, le bon et tout leur registre, venaient se dresser devant le devoir ? Que faire, que faire, quand scrupules et obéissances venaient se contrarier l'un l'autre. Oui, sans doutes se posaient-ils tous ces questions. Lui ne se souvenait pas quand il l'avait fait pour la dernière fois, si tant est qu'il l'ait jamais fait. Il n'avait pas de scrupules, pas d'état d'âme, surtout quand il était au service du Roi. Il était Gil-Galad, il était le soldat de l'ombre de Llandon, plus que son Mage Royal, son outil, son arme la plus terrible, entre toutes. Oui, il était tout cela... Et tout était si simple...

Pendant ce temps, ils étaient arrivés au bord de l'eau, et la jeune femme s'avançait vers le flot clair. Elle retira lentement ses chaussures, déposa son panier, releva sa robe, et entra les jambes dans l'eau. Amusé, il s'avança à lui aussi vers la rivière.

« Je ne pense pas que la vue de jambes d’humaine vous gène ou vous choque….. Quant a votre question… Je suis tapie dans l’ombre seigneur… Et je n’attends qu’un signe de Morgane ou de Méléagant pour en sortir… Je ne sais donc pas dans quelle catégorie je peux me classer… Je me prépare a l’attaque. Sans savoir quant elle arrivera… »

Un agent dormant, donc... Intéressant, oh oui, intéressant. Surtout lorsqu'ils seraient arrivés à Caamelot, si cela s'imposait. Pour contacter Morgane, pour un service ou un autre, pour tellement de choses ! Il était roué, il trouverait, et le Roi avait bien plus de ruse en réserve encore. Après tout, il était le Roi, et la seule intelligence n'aurait pu suffir... D'ailleurs, son esprit tortueux nota un autre détail de ses paroles, qu'il enmagasina également, comme il se devait.

« Savez-vous déjà si les elfes vont prendre une part active dans les combats ? »

Bien sûr, c'était la question... Si les Elfes entraient en guerre, ils balayraient leurs ennemis comme le vent le faisait de quelques fétus de pailles. Leur force, autant physique que magique, était tout simplement sans rivale, surtout parmi les mortels...

« Non, je ne sais. En théorie, nous ne le ferons pas. Nous ne répondons aux appels aux armes de personne. Nous sommes les Elfes. Nous pouvons envoyer nos propres Souverains pour faire comprendre à un enfant que toutes les reliques ne sont pas si faciles à contenter que son hochet, et que les voleurs sont toujours mal acceuillit. Nous le pouvons. Mais nous n'entrons pas si facilement en guerre, en vérité. »

Oh non ! Ils étaient une puissance ancienne, et pas une force de conquête. Quel intérêt dans la conquête des Hommes ? La Forêt était le coeur, ses racines croissaient à leur propre rythme.

« Tout cela ne me tracasse pas, et cela me permet aussi de répondre à tes interrogations. Ce que j'estime juste et bon, c'est la volonté de Llandon. Je n'ais ni scrupules, ni pitié, ni hésitation, ni remord. Rien de tout cela, quand je le sert. Une fois cela posé, et bien l'avenir nous dira ce qu'il en sera... Je suis Gil-Galad, Gil-Galad Vorondwë. »

Un Elfe d'Alfirin aurait comprit, bien entendu. Elle n'était qu'Humaine, comment diable aurait-elle pu comprendre ? Quoi que... Peut-être comprendrait-elle... Sinon, ça n'avait pas grande importance, de toute façon...

« Mais dis-moi, petite Olympias... Qui est donc ce Méléagant ? »

Et oui, ce n'était pas lui qui allait se soucier du nom de chaque chevalier de la Fée, et il n'avait donc pas idée de qui était le sanglant guerrier. Morgane, Accolon – qui avait eu la présomption d'écrire au Roi – et Mordred, c'étaient le seuls noms qu'il avait retenu. Il y avait aussi une pointe de malice dans sa question, parce qu'il était ce qu'il était, aussi malicieux qu'attentif aux tons, aux Chants...

La jeune femme avait semblée surprise, plusieurs fois, alors qu'il lui parlait... Il ne comprenait définitivement pas pourquoi. Quelle surprise dans son dévouement absolut à Llandon ? Quelle surprise dans la neutralité absolue et proverbiale des Elfes ? Quelle surprise dans leur côté imprévisible ? Sans doutes était-ce des différences culturelles, qui se faisaient sentir même pour elle, la petite Olympias qui avait vécu parmi eux. A moins que certains membres du Beau Peuple aient été dans l'impossibilité de le comprendre ? Se serait peut-être un point à creuser, plus tard, s'il en avait le temps. Après tout, s'ils ne comprennaient pas sa loyauté au Roi... Ca pouvait être un problème... Pour eux, bien sûr.

Mais présentement, il était surtout intéresser par la réponse de la jeune Humaine. Et oui, il était ce qu'il était, on l'avait déjà dit ! Aussi imprévisible qu'il était léger, quand les caprices chaotiques de son esprit vagabond le voulait !

« Méléagant… C’est un des chevalier de Morgane.. Un de ses plus fervents, si on ne compte pas Accolon. Il est l’opposé même de ce que doit être un des chevalier de la table ronde… »

Il y avait de la tendresse, dans le sourire d'Olympias, tandis qu'elle parlait, et de l'amusement dans celui de l'Elfe. Ah, les Humains et leurs passions ! Son amour pour ce chevalier était aussi limpide que l'eau à leur pied, pour lui tout du moins. Mais il était vrai aussi qu'elle ne cherchait probablement pas à le lui dissimuler non plus...

« Il est certes un excellent chevalier, mais il est orgueilleux, cruel, vaniteux, méprisant, sournois, égoïste, non croyants et blasphémateur, brutal, rancunier, colérique et tant d’autres choses encore… Bref, tout une liste de caractères répulsifs… Mais pourtant, il a su me toucher au plus profond de mon cœur… Et comme vous l’avez très probablement deviné, il est celui pour qui mon sang coule dans mes veines ; il est le seul qui puisse réussir a me faire inspirer, jour après jour ; secondes après secondes, les bouffées d’air que me sont vitales… »

Un portrait bien noir, et pourtant que de passion, que de passion ! Sans doutes l'amour était il l'amour... Et les Humains des Humains... Sur tous les plans qui soient...

« Vous entendrez parler de lui Gil-Galad ; j’en suis persuadée… »

Oui, elle en était persuadée... Mais en bien ou en mal ? Pour l'apprécier, ou pour le tuer, d'un mot de pouvoir chargé de Magie ? Cela, elle ne le dit point, et ce serait aux circonvolutions chaotiques du destin, façonné par l'Art, d'en décider.

Puis-je avoir l’audace de vous demander votre âge ? Je voudrais savoir combien d’époque vous avez traversées…..

Elle était proche à présent, elle le regardait les yeux dans les yeux, plongeant dans les océans jumeaux de ses iris. Et elle voulait savoir son âge... Il sourit de nouveau, d'un sourire éclatant.

« Oh, je crains de vous décevoir. Je ne suis qu'un bien, bien jeune Elfe en vérité. Je n'ais même pas deux siècles de vie derrière moi. »

Et pourtant, il était le plus puissant... Déjà... Après si peu de temps de pratique, il était au-dessus du lot... Et il savait très bien quel était son pouvoir, les mers de son regard le disait.

« Et si vous permettez cette question à un bien jeune Elfe, quelles sont les intentions des vôtres à propos de mon peuple ? »

Il s'était encore rapproché un peu plus près, glissant comme un courant d'air. Tout ceci lui plaisait, lui plaisait formidablement !

Si on lui avait demandé pourquoi il s'était encore approché de la jeune femme... Il aurait été bien en peine de répondre. En vérité, il n'en savait absolument rien ! Il se laissait porter, comme souvent, comme toujours, en fait, au fond du fond, par les vents vagabonds de la Magie et se sa folie... A moins bien sûr que les deux ne soient qu'une, tant elles se confondaient...

« Les intentions de miens a propos de votre peuple… Lorsque vous dites…… Les miens, vous souhaitez plutôt que je vous parle de la race humaine, ou de Morgane et ses alliés ? »

Cela lui avait semblé évident, et il sourit devant cette question. Comment aurait-elle pu répondre pour les Humains ? C'était un peuple bien trop dissolut et inconstant pour être traduit par la voix d'un seul, comme il le faisait avec les Elfes...

« S’il s’agit des humains, je ne sais ce qu’ils veulent ; très probablement rester dans leur bêtise : ce qu’ils ignorent ne leur fait pas de tord… »

Oui, un bon résumé de ce que pensaient probablement cette race mal dégrossie... Même s'ils étaient dans l'erreur, bien entendu... Ils ignoraient tout des Elfes, et que de tords auraient-ils pu leur faire, si telle était la volonté de leurs Souverains !

« S’il s’agit plutôt de Morgane et des siens ; j’ai ouïs dire qu’elle comptait vous laisser tranquille… Elle sait que vous n’aimez pas être mêlé aux stupides combats entre mortels. »

Moui... Il en avait eu écho. Mais elle avait tout de même eu l'audace, par l'intermédiaire de son lieutenant, de vouloir influancer leur conduite à propos de cette histoire de Délégation ! De la folie, tout simplement : personne ne manipulait Llandon. Il était le Roi. Et il était lui.

« Je parlais bien de Morgane, bien sûr, pas des Humains... Je ne vous demanderais pas de prêter la voix à une chose comme l'Humanité, j'ai bien trop de respect pour vous. »

Ce qui était parfaitement vrai, d'ailleurs, et ses yeux océaniques pétillèrent, au même titre que son sourire, qui se faisait bien présent, finalement...

« Vos propos sur Morgane me rassurent... Je dois dire que je n'aurais pas aimé que les Elfes doivent fondre sur elle comme une mer déchaînée, ce qui arriverait à coup sûr, si elle commettait une folie... Comme par exemple s'en prendre à la Délégation... »

Un sous-entendu, et aussi un avertissement, en quelque sorte. Que la Fée Rouge entendent donc ses paroles, d'une façon ou d'une autre, de la bouche d'Olympias ou d'une autre ! Ce serait un bon rappel, pour elle...

« D'autant que la protection magique de la Délégation sera mon affaire... Et que ça ne risque pas d'être du léger... »

Oh non, pour le surprendre et le vaincre, il faudrait y aller franchement, et plus que cela encore... Il était Gil-Galad, après tout...

« Et il va sans dire que si nous entrions en guerre, le camp qui aurait eu la folie de nous provoquer serait tout simplement rayer de la carte... »

Nulle arrogance dans ces paroles, non, aucune ! Juste l'énoncée très calme d'un fait indiscutable. Que pourraient les Humains contre la puissance des Elfes, hein ?

« Mais laissons tout cela... »

Oui, ils pouvaient bien laisser de côté cette série d'avertissements, qui n'avaient pourtant pas été fait sans raison... Il lui aurait déplu de devoir la détruir, même s'il l'aurait fais sans un instant d'hésitation pour son Roi...

« Il me semble que c'est à moi de poser une question... »

Un sourire, léger, fugitif comme la rosée... Ce qu'il fit ensuite, il aurait été plus en peine de s'en justifier que de son approche de la jeune femme, à supposer qu'il s'y soit essayer, ce qui aurait été hautement improbable, certes oui...

« Que dites-vous de... cela ? »

Et il l'embrassa, avec la vivacité de son peuple. Pas un petit bisou, non non, il l'embrassa, profondément, avec toute la technique nécéssaire, tout l'art, qu'il possédait dans ce domaine-là aussi, ses yeux aussi insondables que la brume sur la mer...

Il souriait beaucoup, en effet. C'était un de ses bons jours, sans doutes... Il n'avait pas eu trop de périodes « sombres », marquées par les humeurs détestables qui le prenaient parfois. Gil-Galad avait d'abord été un Elfe orphelin et solitaire, ensuite un élève parrainé par le Roi et enfin le plus étonnant de tous les Mages... Il n'avait jamais trop dû retenir ses humeurs... Mais bon, son humeur du moment été bonne, alors quelle importance ?

« Le message sera transmit, soyez-en sur… Nous ne nous risquerons pas a provoquer la colère des elfes contre nous. Nous préférons laissez a Arthur ce privilège… »

Oui... Il n'en avait pas douté, sur aucun des points. Mais un rappel à l'Enchantresse ne serait peut-être pas tout à fait superflux. Lui refaire savoir que le Beau Peuple était toujours là et qu'il gèrait ses affaires comme bon lui semblait n'était point chose inutile, du moins du point de vue du Magicien. Et au pire, il n'aurait gaspillé qu'un peu de mot, ce qui n'aurait pas été un bien grand mal...

Toutefois, les choses s'enchaînaient déjà.

On en arrivait au baiser.

Bien entendu, Gil-Galad en profita, pleinement. Il aurait été complètement stupide de se laisser guider par les vents vagabons de la Magie sans profiter à fond de l'expérience. Pire, s'aurait été une faute, une faute mineure mais une faute tout de même, dans le code de conduite personnel du Mage, un code qu'il n'était pas aisé de comprendre quand on était quelqu'un d'autre que lui... Peut-être parce qu'il n'avait jamais véritablement tenté de le comprendre lui-même, c'était plus instinctif qu'autre chose. Tout ça pour dire que, alors que sa langue s'insinuait dans la bouche de la jeune Humaine, que leurs lèvres se collaient les unes aux autres, que leurs poitrines se rapprochaient encore, l'Elfe, dans toute la magnifiscence de son elficité, profitait tout à fait de l'échange.

Ses sens, tant physiques que magiques, percevaient le trouble d'Olympias. Sa respiration, emballée, les battements désordonnés de son coeur, les notes mêlées de son Chant, la force de ses émotions, qu'il pouvait sans peine saisir à cet instant, avec cette proximité si grande. Il percevait tout aussi bien, et par les mêmes voies, les mêmes expressions, que la jeune damoiselle ne trouvait pas l'expérience déplaisante. Peut-être après, peut-être ensuite, mais pas sur le moment, non pas. Et lui aussi appréciait le baiser, sans quoi il l'eût rompu imédiatement, pour peu que son instinct l'ait poussé de pareille façon à le commencer, ce qui n'aurait probablement pas été le cas, car son instinct se trompait, et le trompait, très rarement...

Puisqu'il en était ainsi, l'Elfe prolongea un peu le baiser, à sa façon subtile. Mais il fini par le rompre, bien entendu. Ce genre de chose avait toujours une fin, cela faisait partie de ses caractéristiques. Avec douceur, il détacha ses lèvres de celles de l'Humaine, dans un mouvement dont la souplesse et la fluidité était toutes elfiques...

Sa « partenaire d'échange », si on pouvait dire, posa une main sur sa poitrine pour s'écarter légèrement de lui, et il la laissa faire, bien sûr. A aucun moment, il ne l'avait physiquement ou magiquement retenue. Tandis qu'elle se remettait de sa probable surprise, s'essuyant la lèvre inférieure d'un revers de la main, il sourit intérieurement, sans que rien, sur son visage où dans les profondeurs de ses océans occulaires jumeaux, n'en laisse paraître le moindre petit signe...

« Je…… Je….. »

Elle cherchait ses mots, ne sachant que dire. C'était compréhensible. Il était un Elfe, certes, et pas n'importe lequel. Tandis qu'elle fermait les yeux, rassemblant peut-être ses esprits, il resta calme, patient, fidèle à lui-même... Attendant avec la sérénité des arbres millénaires dans lesquels il jouait lors de son enfance orpheline...

« Pourquoi ? »

La question, bien sûr, que les Hommes, surtout, aimaient posés... Il pouvait lire, dans son soupir, son regard, son visage, qu'elle ne comprenait vraiment pas... Elle ne comprenait pas, et se sentait faible. Mais, avec toute la bonne volonté du monde, qu'aurait-il pu répondre ? Savait-il, lui, les raisons de son instinct si étrange, si imprégné, saturé presque, de Magie sauvage et libre ? Qui aurait pu comprendre les circonvolutions des Arcanes, le côté chaotique de l'Art des arts ?

Alors il lui fournit la seule réponse possible, la première et la plus juste...

« Pourquoi pas ? »

Quel meilleur miroir au fameux « pourquoi » que « pourquoi pas » ? Pourquoi ne l'aurait-il pas fait, au nom de quel interdit, pour quelle raison ?

« J'ai laissé parler mon instinct, les vents vagabonds... »

Il sourit de nouveau, un sourire réconfortant comme la lumière chaude du soleil sur l'herbe verte après l'hiver, rayonnant comme la lune qui dissipe les ténèbres de la plus noire des nuits, chaleureux comme le foyer sûr au coeur de la tempête.

« Cela ne t'aurait-il pas plu ? N'aurais-tu pas apprécier l'expérience ? En toute honnêteté ? »

Cette journée était décidément riche en surprises... D'une balade, il avait rebondit sur un meurtre, et puis sur... Ceci. Ce qui était beaucoup plus intéressant, du point de vue de Gil-Galad, que la simple élimination d'une brute humaine comme il en existait tant et tant ! Mais, heureusement, tous n'étaient pas ainsi... Il en avait un exemple sous les yeux.

« Je ne suis qu’une humaine…. »

Oui, certes... Ca reflétait une partie de ses pensées. Une partie seulement, toutefois. Elle appartenait à cette race en majorité indigne, mais elle n'était pas que cela. Elle était elle-même, et c'était bien suffisant pour la sortir du lot barbare de l'Humanité...

« La n’est pas la question Seigneur… Ce baiser n’aurait jamais du avoir lieu… Mais je dois reconnaître que je n’ai rien fait pour vous arrêtez ou pour vous repousser. »

Il faillit lui demander pourquoi, pour quelle raison, cet échange n'aurait jamais dû avoir lieu, mais il préféra la laisser pousuivre, son sourire, léger comme une bruine d'été, ne quittant pas ses lèvres. Non, elle ne l'avait pas repoussé, bien qu'il l'ait laissé totalement libre. En même temps, comment aurait-elle pu repousser un être tel que lui ?

« En toute honnêteté… »

Tout en parlant, elle s'était à nouveau rapprochée de lui, revenant à la position dans laquelle elle était avant quil ne l'embrasse. Voulait-elle jouer avec le feu ?

« Je ne pense même pas avoir besoin de vous dire ce que j’ai ressenti, je crois savoir que vous avez pu l’apercevoir… Jamais par le passé je n’avais ressenti cette impression. »

Elle disait vrai, il pouvait le lire dans chaque parcelle de son visage, dans son regard, et même dans son souffle, si proche. Sans doutes n'avait-elle jamais partager cela avec un membre du Beau Peuple... Et même si elle l'avait fait, peut-être l'expérience n'aurait-elle même pas pu rivaliser. Il était Gil-Galad, Gil-Galad Vorondwë...

« Maintenant Gil-Galad… Voulez-vous bien me dire pourquoi votre…. Instinct et les vents vous ont soufflé de faire ca ? »

Et alors, bien sûr, ce fût son tour d'éclater de rire. De l'envelopper de son rire, en vérité, un rire éclatant comme le sang et riche comme la sève. Il riait de Magie, et son rire en était tissé. Il était une réponse à lui seul, ce rire. Il était comme une toile faite d'Arcanes, et les vents vagabonds rebondissait en lui. Il disait la Magie, et le chaos de ses expressions, il disait la mer et l'ouragan, toutes les choses imprévisibles et insaisissables... C'était son rire, et plus que son rire, un véritable sortillège qui tourbillonna autour de la mortelle.

« Ah petite Olympias... Voilà que tu voudrais comprendre les vents vagabonds de de la Magie... Que tu me demandes de mettre des mots dessus... Comment le pourrais-je, dans cette langue bien imparfaite, alors que même dans un murmure elfique je ne pourrais l'exprimer parfaitement, que même au coeur de ma forêt je n'ais jamais pu ? »

Non, jamais. Certains le lui avaient demander, par curiosité, ou pour essayer de comprendre, de saisir, ce qu'était l'incroyable Mage.

« Que pourraient des mots quand il s'agit de cela ? »

Oui, que pourraient-ils, dans aucune des langues qui soit ? Même si le language pouvait servir de vecteur à la Magie, de par les sortillèges, aucun mot ne pourrait jamais en exprimer l'impossible et absolue perfection... Même l'esprit de la plupart des gens ne pouvaient la saisir...

« Mais dis-moi, pourquoi voudrais-tu une justification ? J'ai apprécier cet échange, toi aussi, je peux le voir en toi... Où est le mal ? »

Il pencha la tête sur le côté, curieux, et sourit de nouveau, de son sourire éblouissant. La jeune femme semblait encore même un peu plus proche qu'avant, et il plongea son regard dans le sien... Ou laissa plonger le regard de l'Humaine dans les océans de ses yeux, question de point de vue.

« Regretterais-tu que je l'ais fait ? Voudrais-tu... que j'efface ce moment ? »


Ses iris marines transmettaient le plus grand des sérieux. Il pouvait l'effacer, bien sûr. Le lui faire oublier. Il était ce qu'il était...

« Le souhaiterais-tu ? »

Sa voix était un murmure, un doux murmure, comme le bruissement des feuilles dans les arbres, au printemps, comme le chant des insectes dans les champs, comme les notes disparates des oiseaux, au fond des bois...

Elle avait rougit, visiblement un peu honteuse, devant son rire. Ca n'avait pas été le but. Il ne s'était pas moqué, il n'avait fait qu'exprimer son amusement... S'il avait été moqueur, son rire aurait été bien différent que cette mélodie chantante et tourbillonante !

« Je m’excuse d’avoir posé une question aussi dénuée de sens que celle-ci… Ma curiosité est plus forte que tout…. »

Il ne fit que sourire un peu plus devant ces quelques excuses. Comment aurait-il pu lui reprocher sa curiosité ? Il le lui avait dit, la curiosité était primordiale. Chaîne et trame. Le moteur, et l'inspiration. Le guide, et le souffle vital. Elle était tout. Elle faisait le Mage autant que les dons. Sans la curiosité, il n'aurait jamais été ce qu'il était, il ne pourrait tout simplement pas être ce qu'il était. Il était Gil-Galad, et la curiosité était tissée si profondément dans son être qu'elle n'aurait probablement pas pu en être enlevé sans mettre fin à son existance. Comment aurait-il pu lui en vouloir pour cela, comment donc ?

Il aurait pu lui dire tout cela, mais il n'en fit rien... Il préférait la laisser parler, la laisser s'exprimer... Avec pour seule raison sa propre curiosité.

« Je suis faible Gil-Galad… Bien trop faible. Ce moment va hanter mes jours et mes nuits pendant bien des jours…. Je vais en oublier quelles seront mes priorités. Et quand arrivera le jour ou je retrouverai l’homme que j’aime, je ne pourrai lui mentir, et croyez moi, sa réaction ne risque pas d’être des plus tendres… Pour moi tout du moins. »

La hanter... Etait-il donc si merveilleux ? Oui, sans doutes que oui. Il était un Elfe, il était un Mage, et tellement plus que cela ! Dans ses baisers, lui avait dit une amante – une amante appartenant au Beau Peuple, s'entend, car il n'avait jamais connu d'autres amantes, lui, l'enfant de la Forêt –, comme dans ses caresses, passait un peu de la Magie qui innondait son âme toute entière, comme la lumière de la lune inonde l'étang d'eau claire qui scintille alors, merveille en lui-même. Il avait apprécié le compliment, il l'appréciait toujours, et il en était venu plusieurs fois à ce dire qu'il était loin d'être faux, car il n'était certes point immérité...

Pendant ce temps, Olympias réfléchissait à sa proposition d'oubli, les yeux fermés, et lui il la laissait faire, bien sûr. Elle fini par rouvrir ses paupières, plongeant encore dans les océans jumeaux qui logeaient dans ses propres orbites. Et puis, ô audace, elle vint poser ses mains sur lui, une sur son torse, une sur son visage, sa mâchoire. Il la laissa faire, encore, même si ça aurait pu parraître moins évident... Pour quelqu'un d'autre.

« Non… Je ne veux pas oublier. Votre magie ne serait pas assez puissante pour me faire perdre des sensations déjà enracinées au plus profond de mon être. »

Il aurait pu s'offusquer d'une telle remise en cause de ses talents, mais il voyait en elle qu'elle ne faisait qu'utiliser une image. Il lui rendit son sourire espiègle, quoi que pas avec les mêmes émotions... Le sien était simplement... Eblouissant.

« Vous ne voudriez tout de même pas enlever un merveilleux souvenir a une pauvre innocente…. »

Non, pas si elle ne lui demandait pas... Sinon il ne lui aurait pas fait ce cadeau, car s'en était un, entre autres choses. Mais déjà, de plus en plus audacieuse, décidément, elle se mettait sur la pointe des pieds, pour l'embrasser à son tour. Un baiser plein de timidité et de tendresse. C'était touchant. Et aussi agréable, il fallait bien le reconnaître. Spontanément, Gil-Galad répondit à son baiser, avec une douceur infinie. C'était une autre sorte de magie du corps, pas semblable à la profonde passion de leur présédent échange, mais néanmoins apparentée. C'était plus doux, plus frais, plus subtil aussi, mais merveilleux, comme toujours avec lui.

Et puis, quand le baiser commença à s'affaiblir, il passa un bras autour de son cou à elle, dans un mouvement fluide comme l'eau claire, et approfondit à nouveau échange. Comme la première fois, et plus encore. S'était un baiser absolut, total. Le faisceau vagabond de ses pensées chaotiques s'étaient concentré dans cet instant, et avec lui la Magie sauvage et libre qui était étroitement mêlée à lui. Cela ne dura pas plus que quelques battements de coeur, et pourtant le temps s'étira dans cette embrassade, dans cet espace inexistant entre leurs deux lèvres, dans leurs langues entremêlée.

« Voudrais-tu jouer encore un peu plus avec le feu, petite Olympias ? »

Sa voix était un murmure à peine articulé, une fois sa bouche détachée de la sienne, mais séparée d'elle par quelques fractions de millimètres à peine. Et ce murmure était une caresse, délicieuse, qui ne courait dans l'air et ne demandait nulle réponse... Pour l'instant.

« Ou alors cherches-tu à te brûler toute entière dans ce brasier puissant qui flambe entre nous ? »

Il la tenait toujours aux creux de ses bras, l'enveloppant non seulement de ceux-ci mais aussi de son aura, douce, chaude et sensuelle comme le sont les Elfes, avec grâce et voluptée.

« Que désires-tu ? »

C'était une vraie question, cette fois, qui la laissait bel et bien répondre. Pourtant, avant cela, impulsivement, il l'embrassa encore, passionnément. Il se concentrait sur elle, aillant cesser de voir le reste du monde, même s'il le percevait toujours, comme le percevait un Mage elfique. Ce n'était pas là une perception qui demandait la moindre attention...

La jeune femme s'était laissée aller contre lui, après leur baiser, venant nicher sa tête entre son épaule et son cou. Elle s'abandonnait, et il pouvait sentir, Mage parmi les mages en vérité, que cet abandon n'était pas que physique. Elle semblait avoir laissé derrière elle ses dernières réticences, ses dernières craintes, ses derniers scrupules... Elle avait réussi, par ces deux baisers, à oblitérer tout ce qui n'était pas eux, leurs corps, leurs émotions, et ce qui passait entre eux... Et c'était très bien comme ça. Gil-Galad percevait toujours tout ce qui l'entourait, mais cela ne le gênait pas le moins du monde. La nature, la forêt, la rivère, les bruissements des feuilles et des animaux, tout cela formait un cadre parfait autour de lui, ne faisant qu'épanouir un peu plus son aura. Il était un Elfe, et il était lui-même, l'écrin de verdure où ils se trouvaient lui convenait parfaitement.

Elle avait sourit à ses premières questions, il l'avait sentit sans le voir, et encore une fois, en s'écartant légèrement après leur quatrième baiser. Il lui sourit, lui aussi, toujours égal à lui-même... Peut-être même plus éblouissant encore, la laissant passer une main dans ses cheveux désordonner et s'écarter un tout petit peu plus, comme pour le contempler tout entier. Il se savait beau – il était un Elfe après tout – et même fascinant... Fût-ce aux yeux de certaines de ses soeurs de race. Il en avait eu des démonstrations tout à fait convaincante au fil des ans. Alors comment elle, qui n'était qu'Humaine, aurait-elle pu ne pas être sensible à son charme ? Son attitude était très facile à comprendre, en fait...

Et lui ? Et la sienne d'atitude. Même si Olympias était plus, au fond, qu'une simple Humaine, pourquoi agissait-il ainsi ? Certes, la jeune femme était plus vive, plus intelligente et plus plaisante à regarder que beaucoup de membre du Peuple des Hommes. Certes, elle comprenait bien la place des Elfes dans le monde – la première place au fond – et pour cela, entre autre, il l'aimait bien. Mais elle restait Humaine, malgré toutes ses qualités. L'amour aurait pu expliquer une telle folie, mais il n'était pas le moins du monde amoureux d'elle... Il n'aimait que la Magie, et ses infinies circonvolutions. Et certes pas cette jeune mortelle.

Alors... Peut-être était-ce tout de même l'amour, mais cet amour des Arcanes, qui avait façonné plus encore son esprit, l'avait doucement poussé dans la pleine folie. Gil-Galad était fou, et il en avait pleinement consience. Tout un paradoxe, mais il s'en souciait bien peu. S'il n'y avait eu sa loyauté absolue et son affection profonde pour la Forêt, il serait déjà depuis longtemps une créature d'ombre et de lumière, qui rôderait à jamais sur les chemins du monde, cherchant la Magie et étant guidé par elle. Et les vents de son âme semblaient le pousser vers cette proximité avec Olympias... Sans compter la curiosité, bien sûr, toujours, main douce qui avait peut-être aiguiller les imprévisibles chemins de son labyrintique esprit...

Dans le monde matériel, la petite Humaine le poussa doucement contre le tronc de l'arbre le plus proche, et il se laissa faire, l'entraînant naturellement dans son sillage. Mains quittèrent le torse où elles s'étaient posser pour retourner dans ses cheveux, ses lèvres retrouvèrent les siennes en un nouveau baiser plein de passion, auquel il répondit avec une ardeur au moins égale.

« Pour l’instant… Je ne désire que toi. »

Il sourit à nouveau, amusé, d'une joie douce, et presque attendrit – si une telle chose avait été possible, bien sûr – et l'embrassa à son tour.

« Alors se sera un plaisir de satisfaire tes désires... »

Ses mains, agiles et fluides comme l'eau de la rivière toute proche, coururent sur sa peau en une délicate caresse.

« Car tu es aussi tout ce que je désire en cet instant. »

Et, l'enveloppant autant ses bras puissants et pourtants délicats que de son aura presque irréelle tant la Magie l'imprégnait, il l'embrassa encore.

« Et à présent, petite Olympias, que désires-tu de moi ? »

De la malice, dans sa voix, une malice pleine de douceur et aussi de la tendresse... Comme quoi il ne fallait pas douter de la possibilité de toute chose, quand il était question de lui...

Elle souriait beaucoup, entre les mots et les embrassades, visiblement heureuse... Comblée ? On pouvait sans doutes le dire. Et quoi de plus normal, là, nichée entre ses bras, abreuvée à la source profonde de ses lèvres, rafraichie dans les océans jumeaux de son regard marin ? Quelle femme n'aurait pas été comblée, touchée par son charme... hum... magique. Non pas qu'il se serve d'un quelconque sortillège. Il n'en avait nul besoin. La Magie imprégnait son être tout entier, et transparaissait en lui comme dans un miroire, bien imparfait pour un miroire malgré la perfection qu'il semblait avoir. En de tels instants, même cette petite mortelle si douée pouvait la sentir, et elle participait sans nul doutes à la... magie... l'alchimie... de l'instant.

Présentement, Olympias faisait gliser ses mains sur sa nuque, et sa bouche sur sa machoîre fine. Elle remonta ensuite jusqu'à son oreille pour lui murmurer sa réponse.

« Dois-je vraiment te le dire ? Mon corps et mon esprit ne le crient-ils pas assez ? »

Il aurait pu répondre tant de choses à cela ! Bien sûr qu'il le lisait, dans son corps, dans son Chant, dans ses yeux... En elle, tout simplement. Mais l'entendre parler, jouer un peu avec elle, malicieux, pour mieux profiter de ce qu'ils partageaient, faisait partie du jeu qui s'entamait, et qui était, par certains côtés, tellement plus qu'un jeu. Egal à lui-même, il ne lui répondit pourtant rien, se contentant de sourire, de son sourire envoutant qui semblait encore magnifié par la tendresse, une tendresse bien réelle, même s'il n'avait aucune idée de pourquoi elle l'était. Sans doutes cela faisait-il partie du côté magique de leur échange présent...

Ils tournoyèrent ensuite, non sans s'embrasser encore, bien entendu, jusqu'à changer de place, jusqu'à ce que ce fût la petite Humaine qui se retrouve dos à l'arbre, solide et fiable, qui, pour le Mage, ne faisait qu'ajouter sa note à la véritable tapisserie qu'était le Chant qui les entourait. Une des jambes d'Olympias remonta le long de sa personne, avant de venir s'enrouler autour de sa taille. Les yeux pétillants, il l'embrassa de nouveau, passionnément et très, très longuement. Son corps répondait déjà, se colant au sien comme s'il aurait voulu fusionner avec lui, dans une étreinte qui ne contenait aucune trace de brutalité. Au contraire, il y avait une grande douceur en elle, en plus d'une grande chaleur.

Quand le baiser se rompit finalement, il laissa échapper un éclat de rire, clair, joyeux et léger, cascadant comme une infinité de clochette, comme le ruisseau, comme le vent d'été, comme tellement de chose. La tête rejeté en arrière, il exprimait... Tant et tant de choses, encore... Et puis, tandis qu'il reportait son regard si intense sur elle il murmura quelques mots, chacun comme un frisson plein de Magie, chacun chargé de son extravagant pouvoir, qui semblait absolut en ces instants intimes.

Alors ils furent nus, tous les deux, leurs vêtements visiblement évanouis dans l'air. Drapé dans la perfection de sa nudité, Gil-Galad s'allongea dans l'herbe verte et riche, entraînant Olympias avec lui, et, enveloppé dans le Chant de la nature, ils firent naître leur propre Chant à eux deux, avec leur corps, qui fusionnèrent finalement, et leurs âmes magnifiées...


Plus tard, bien plus tard lui semblait-il, le Mage était encore allongé dans le doux tapis herbeux, la jeune Humaine blottie dans ses bras puissants. Avec douceur et tendresse, il remit en place une mèche de ses cheveux blonds, et, avec la même douceur et la même tendresse, il lui sourit à l'ombre du feuillage de l'arbre, témoin de leurs « amours »...

Ils étaient restés longtemps un long moment silencieux, après avoir fait l’amour. C’était là un silence que Gil-Galad appréciait, comme nombre d’autres silences, certes, mais plus que beaucoup d’entre eux. C’était comme si leurs ébats avaient été si intense que le Chant qui s’était dégagé d’eux avait imprégné la symphonie du coin de verdure où ils se trouvaient, avait teinté la mélodie du grand arbre proche d’eux et des autres, plus loin, entourant la clairière. Celle du ruisseau qui la traversait, et celle des brins d’herbes caressés par la brise. Celles des insectes bourdonnant doucement et des petits animaux en harmonie avec la Nature. Et qu’à présent, tout ces éléments la fredonne encore, tout doucement, comme pour eux-mêmes, pour eux seuls, et pour les deux amants toujours allongés sur le tendre tapis herbeux. C’était un genre de silence profond et tissés d’infimes bruits naturels, que ce Chant, et l’alchimie résiduelle de leurs corps, si profondément fusionnés un instant plus tôt.

Et puis il l’avait doucement effleuré, remettant en place une mèche de cheveux. Il lui avait sourit et elle, en retour, lui souriant aussi. Un sourire qui exprimait sans nuls doutes, à moins que son art ne lui face à présent défaut, ce qui était hautement improbable, pour ne pas dire impossible, un grand et profond bonheur. Il était vrai que leur échange avait été intense, et délicieux. S’il y avait réfléchit, et il le ferait probablement un peu plus tard, il aurait pu s’étonner d’avoir prit tant de plaisir à cela. Mais ce n’était pas un instant pour réfléchir à de telles choses, et quand il le ferait, il se rappellerait bien vite que son instinct ne le trompait que rarement, et que son instinct, en l’occurrence, l’avait seul guidé pour le baiser qui avait déclencher tout cela.

Après s’être délicatement étirée, Olympias se blottit un peu plus contre lui, ses mouvements imprégnés d’une certaine langueur, et vint poser ses lèvres sur son cou, pour embrasser celui-ci. Réalisait-elle seulement que si elle les avaient plutôt poser sur ses lèvres, avec assez de passion, leurs étreintes auraient très bien pu reprendre ?

« Merci. »

Un seul mot, tout simple, mais chargé d’une grande émotion et d’une grande sincérité. Il lui sourit en retour, d’un sourire qui semblait fait d’ombre et de lumière dans l’éclairage tamisé que laissait passer les feuilles de l’arbre qui les surplombaient tous les deux. Sans doutes avait-il lieu de le remercier, en effet. Il était un Elfe, elle était Humaine… Il était Mage, et pas n’importe lequel, pas de n’importe quelle Magie ou de n’importe quelle façon, et elle était une petite Alchimiste. Le baiser avait été un cadeau, entre-autres choses. Et ce qui avait suivit le baiser aussi, oui, tout ce qui avait suivit, jusqu’aux sommets brûlants de leur passion partagée.

À présent, aillant laissée échappée un petit soupir dont la cause n’était pas si difficile à déterminer, pas pour lui tout du moins, son amante avait entreprit de grimper sur son corps elfique et robuste… Il la laissa faire, la regarda faire, la laissa libre de se positionner comme il lui plaisait. Elle ne pouvait lui faire de mal, après tout…

« Lorsque tes bras auront quitté mon corps et que nos chemins se seront quittés ; nous reverrons-nous un jour ? »

Il ne lisait que trop bien, dans son regard qu’il avait fait croisé le sien, ce qu’elle lui demandait véritablement. Il était si facile de lire en elle, en cet instant ! Peut-être à cause de ce qu’ils avaient partagés, peut-être à cause de ses émotions, peut-être parce qu’elle ne voulait rien lui cacher… Ou plutôt un peu de tout cela.

« Oui, nous nous reverrons. »

Sa voix était douce, à présent, comme une mélodie gracieuse et teintée d’un peu de tendresse. Le doigt qu’il posa aussitôt sur ses lèvres généreuses qui avait tant embrassées les siennes, était tout aussi doux et tout aussi tendre.

« Attend, ne dis rien. Nous nous reverrons, certes. Tu es une noble de la cour d’Arthur, et je serais le Mage de la Délégation. Nos routes se croiseront encore… »

Il ne la quittait pas des yeux, ne laissant pas son regard quitté les flots apaisés de ses océans oculaires. Nulle brutalité, nulle contrainte dans cette retenue… Il n’en avait nul besoin. Pas ici, pas maintenant, pas avec elle.

« Je peux même t’avouer que te revoir ne me déplairait pas. Au-delà même de ce que nous venons de partager, car ne doutes pas que si je t’ais fait un cadeau tu m’en as fait un aussi, au-delà de cela, je t’aime bien, petite Olympias, et j’apprécie ta compagnie. »

Son sourire éclaira son visage, resplendissant, s’étendant jusqu’à un pétillement dans ses yeux. Mais son doigt n’avait pas quitté les lèvres de son amante, ni son regard le sien.

« Mais la question n‘est pas là. Je suis l’imprévisible Mage du Roi Llandon, et je suis en outre bien assez doué pour échapper aux regards de n’importe quel membre de la Délégation, ou presque. »

Oui, presque… Varda, Lahir peut-être, et peut-être le duo Royal. De toute façon, il ne cacherait jamais rien à son Souverain… Dans ce cas, il n’en aurait nul besoin.

« La question, ô ma douce amante, est de savoir ce que toi, tu veux. Veux-tu me revoir autrement que de loin, dans le cortège ou à un banquet ? Et si oui, comment veux-tu me revoir… Comme amant, ou juste comme ami ? »

Cette fois, son doigt descendit de la bouche d’Olympias en une douce caresse, pour la laisser répondre. Il l’avait laissé libre, il la laissait libre, il la laissait choisir… Il le fit passer, comme un flux de sa marée océane, entre leurs deux regards…

Olympias, si elle n'avait bel et bien prononcé aucune parole pendant qu'il s'exprimait, comme le lui commandaient ses mots et le doigt sur ses lèvres, avait par contre eu nombre de petits gestes, des petits gestes tendres. Elle avait, plusieurs fois, embrassé doucement le doigt posé sur sa bouche pleine, lui avait sourit de façon plus ou moins constante, mais avec plusieurs nuances, toutes charmantes, s'était penchée sur lui, avait passé une main dans ses cheveux, les faisant courir sur son corps... Autant de petites manifestations de tendresse qui attendrirent un peu le Mage. Cela aurait pu étonner bien des gens, vu ce qu'il était, mais c'était justement parce qu'il était ce qu'il était, au-delà de toute norme, de tout moule. Gil-Galad, magnifiquement imprévisible et glorieusement fou...

Et quand il laissa son doigt quitté ses lèvres généreuses, carressant, celles-ci vinrent se poser sur ses propres lèvres, en un baiser plein de douceur, qu'il lui rendit avec une tendresse qui n'était pas la passion qui avait éclaté un peu plus tôt, mais qui était bien loin d'être fade ou dénué de charme... S'était chose impossible, avec lui...

« Je serais on ne peut plus ravi de te retrouver, a la cour ou n’importe ou ailleurs. »

Bien entendu. Il s'y était attendu, c'était tellement naturel ! Il lui rendit son sourire... A moins d'être craintive et frigide, elle n'aurait rien pu répondre d'autre. Et si elle l'avait été, jamais son chaotique instinct ne l'aurait poussée dans ses bras puissants. C'était la suite qui était un peu imprévisible, ce qui était loin, bien loin de lui déplaire...

« Et te voir seul, sans un autre homme ou un autre elfe, serait un bonheur inestimable ; je crois que je t’aime bien aussi ! »

Une évidence encore plus criante ! Comment, comment aurait-elle pu ne pas « bien l'aimer », au minimum ? Il était le fascinant Gil-Galad, le bel Elfe, le Mage imprégné de son Art. Le reste de ses paroles le fit sourire encore, et il lui caressa doucement les cheveux tandis qu'elle revenait dans sa position intiale, au creux d'un de ses bras, tout contre son corps.

« En ce qui concerne ta dernière question… Je pense que tout dépendra du moment et de notre humeur. Pour l’instant je ne rêve que de retrouver l’étreinte de tes bras jour après jour ; mais c’est chose impossible et qui peut changer…. »

Une réponse bien sage. La morale lui aurait sans doutes commander de ne jamais recommancer, et elle avait dit qu'elle rêvait de ses bras, ce dont il ne doutait pas. Sa réponse nuancée était on ne pouvait plus admirable. Oui, ils se reveraient... Et alors ils aviseraient. Mais il trouvait bien improbable que son envie de ses étreintes disparaisse brusquement...

« Puis-je savoir de quel cadeau tu parlais ? »

Un cadeau ? Celui qu'il avait mentionné un peu plus tôt ? Il eût un léger rire, mélodieux comme la trille d'un petit oiseau, sa main toujours posées dans les boucles blondes de sa partenaire, les caressants avec douceur.

« Toi, bien sûr. »

Avec vivacité et non sans expièglerie, il l'embrassa doucement. Un baiser qui n'était pas là pour raviver la passion brûlante comme un brasier éclatant, mais pour en savourer les braises délicieuses et sucrées...

« Tu es un cadeau bien suffisant, ma petite Olympias, pour tout un tas de raison... Plaisir, curiosité, passion, esprit, corps... Tant d'éléments... »

Il lui sourit encore, plus éblouissant même qu'à l'accoutumée. Il était bien, dans ce havre de verdure magnifique... Il en profitait pleinement.

« Quant a nos rencontres, soit, nous aviserons une fois en présence. Mais je peux te promettre que nous nous reverons encore, fût-ce pour parler... Seulement... Même si serait dommage, d'une certaine façon. »

Ses yeux pétillèrent. Les promesses de Gil-Galad n'étaient pas souvent faites à la légère, et celle-ci ne l'était pas. Il n'y était qu'une chose qui pouvait généralement les casser... Sa loyauté, son implacable loyauté. Mais il savait comment présenter la chose au Roi... Une fenêtre à la fois sur Morgane et sur Arthur, même s'il n'y avait pas pensé un instant en l'embrassant et en l'étalant sur l'herbe généreuse... Toutefois...

« Dis-moi, tu ne me l'as pas demandé... Ne crains-tu pas que je t'utilise, douce jeune femme ? Aurais-tu une si grande confiance en moi ? Si pleine ? Si totale ? »

Il se le demandait vraiment, curieux de la chose comme de tant de choses, et plus, sans doutes, que d'une large gamme d'autres choses...

La jeune femme l'avait embrassé elle aussi, légèrement plus fougueuse qu'il ne l'avait été. Savait-elle que leur passion pouvait renaître en quelques instants, le brasier de leurs échanges pouvait être ravivé de ses cendres le temps d'un battement de coeur ? Peut-être, peut-être pas... On verrait de quelle façon l'imprévisible chaos de son âme s'orienterait...

« Je te crois…. »

Bien sûr qu'elle le croyait, comment aurait-il pu en être autrement ? Pendant ce temps, Olympias faisait courir ses doigts sur son corps, sur son torse d'abord, puis sur son ventre. Lui se contentait pour l'instant d'une simple main passée dans ses cheveux d'or. Non pas qu'il ne sache point très bien qu'il lui aurait suffit d'une longue caresse sur sa peau douce pour lui faire totalement perdre la tête... Il était toujours pleinement conscient de son pouvoir, de cette sorte-là comme de toutes les autres qu'il possédait...

« Je dois dire que si je ne t’ai pas posé cette question, c’est que je n’y ai tout simplement pas pensé. »

Elle avait rit avant de dire cela, posant sa main sur la sienne, et il avait sourit. Ainsi donc elle n'avait pas pensé à cela... Il la regarda, souriant toujours, respectant son silence, comme tout les silences, qu'il appréciait tant...

« Ma confiance en toi est effectivement totale ; ne me demande pas pourquoi, je n’en sais rien… Mais… je pense aussi que si tu avais voulu te servir de moi, ou me manipuler, je n’aurais rien pu y faire… Si tu veux le faire un jour, ou peut être même le fait tu déjà, je ne pourrait pas réagir, et tu le sais bien… »

Oui, il le savait, mais il était intéressant de voir qu'elle en était totalement consciente, et ne semblait pas vouloir fuir son contact ou même en être contrariée. C'était plus révélateur de l'emprise qu'il semblait avoir sur elle, en cet instant, que tout le reste. Elle était manipulable à souhait, elle le savait... Et elle en redemandait, heureuse. Décidément, il l'aimait bien cette petite Humaine. Non pas que ça l'aurait empêché de la tuer sans hésitation ou même de la torturer s'il le fallait ou si son Roi le lui demandait...

« Si ton Roi t’interdit de me revoir, me le feras-tu savoir ? Que je ne t’attende pas jusqu’au jour de ma mort…. »

Elle avait à nouveau grimpé sur lui, se penchant sur son visage, avec une main de chaque côté de celui-ci. Avec un petit sourire, il vint prendre en croupe son menton, de la main qui avait quitté sa chevelure quand elle avait bougé, caressant sa peau d'un mouvement du pouce.

« Je croyais que tu me faisais confiance, ma douce Olympias... Si je te dis que nous nous reverons, c'est que nous nous reverons. Le Roi me le permettera. Fait mon confiance... »

Abaissant le visage de la jeune femme d'une pression ferme mais pleine de douceur, il se souleva légèrement lui-même pour l'embraser profondément, un long moment... Il la relacha ensuite, se laissant retomber sur l'herbe moeleuse.

« Mais soit, si ça peut te faire plaisir, je te promet aussi cela. Dans l'inverssemblable possibilité où je serais empêché de te revoir pour de bon, je te le ferais savoir. »

Sa main n'avait pas quitté son visage, jusque là, et elle en descendit en une longue caresse, passant le long d'un de ses bras nus, comme le reste de leur personne à tous les deux.

« Que dirais-tu d'un moyen de communication, pour apaiser ton petit coeur, ma belle amante ? Comme ça tu n'aurais aucune crainte que je t'abandonne sans nouvelles et sans préventions, même si je ne ferais jamais ça... »

Ses yeux pétillaient comme des sources remplies de bulles, la parcourant toute entière du regard. Elle était belle, pour une Humaine... Son instinct avait bien choisit. Comme toujours, en fait, même si ce n'était pas vraiment la beauté le premier attribu de la jeune femme. Pas pour l'Elfe.

« Et toi, si on t'interdisait ma compagnie, là où tu vis ou chez Morgane ? M'abandonnerais-tu, ma petite Olympias ? »

Il y avait une malice tendre dans sa voix, mais c'était une véritable question, malgré la main qui était tout naturellement revenue se poser dans sa longue chevelure...

S'il était parfaitement exact que Gil-Galad n'aurait pas eu le moindre scrupule à éliminer Olympias s'il l'avait fallu, s'il était même vrai qu'il n'aurait pas laisser cette tâche à qui que ce soit dans une telle éventualité, il ne voyait aucune raison, pour le moment, de le faire jamais. Il ne pensait pas un seul instant que le Roi puisse se ranger du côté d'Arthur, encore moins après l'avoir rencontré. Le plus probable serait la neutralité, comme toujours, ou à la limite une aide à Morgane... C'était tout du moins ainsi qu'il le voyait, quand il n'était pas bien, bien loin de telles pensées... Comme en cet instant...

« Je te fais confiance ; je ne serais pas dans tes bras a cet instant très précis si ce n’était pas le cas. Je ne faisais que poser une innocente question. Tu es un elfe et je ne suis qu’humaine, certains peuvent voir cela d’un mauvais œil… Sache aussi que mon cœur n’est pas si petit que ca. »

Mhoui... Il n'aurait pas parié qu'elle ne soit pas dans ses bras pour la seule raison qu'elle ne lui aurait pas fait confiance. Il était lui, après tout, et son charme tenait autant à la Magie qui coulait à flot dans ses veines, comme un torent, qu'à la beauté de sa Race. Quant aux regards désaprobateurs, bien sûr qu'ils étaient là. Toujours. Mais le Roi était avant tout rusé – le plus rusé et le plus intelligent d'entre-eux – plutôt que conservateur. Il verrait comme personne tous les avantages de la situation, sachant bien que leur coeur de son Mage ne risquerait rien... Comme il l'avait dit à une amie, son unique et impérieux amour, c'était son Art...

« Et avoir un moyen de communication l’apaiserait… Beaucoup. »

Il sourit, autaut pour ses lèvres sur sa machoire que pour ses paroles ou le propre sourire de son amante. Il crérait un moyen de communication, alors... Plus tard. Un peu plus tard...

« En ce qui concerne ta question…. Penses-tu très sincèrement qu’un seul de ces rapaces de la Cour est le droit de me donner un ordre ? Je ne crois pas non plus qu’un ordre du roi Arthur pourrait t’arrêter. Pour Morgane.. Elle n’aurait aucun intérêt à faire cela. Le seul a pouvoir m’interdire ta compagnie serait Méléagant….. Mais s’opposer a la grande Fée Rouge ne serait pas vraiment une bonne idée. La question ne se pose donc même pas ! »

Morgane ? Aucun intérêt à les séparer, vraiment ? Penserait-elle donc pouvoir le manipuler, lui ? Ou pouvoir obtenir la moindre information à travers lui ? S'aurait été une grossière erreur... Sans compter qu'il n'avait même pas à craindre pour sa vie : le tuer, c'était déclancher une guerre avec les Elfes, et ça... Ca signifiait la défaite ! Mais bon, il était peut-être vrai qu'elle pourrait en tirer quelque avantage... Il faudrait qu'il y réfléchisse : de toute façon, ils seraient des plus mineurs comparés à ceux du Beau Peuple.

« Cela te gênerait-il tant que cela que je….. t’abandonne ? »

Il éclatat de rire, avant de s'élever vers elle et de l'embrasser encore. Tout ceci était terriblement... Hum... Rafraichissant. Et aussi hautement plaisant, même s'il n'aurait sans doutes jamais pu dire pourquoi, à supposer qu'il réfléchisse jamais à la question.

« Mmmh... C'est une question. Mais une question qui ne se pose même pas. Je ne tolèrerais pas que tu m'abandonnes, ma douce Olympias. Si tu essayes, j'irais te chercher dans ton château de pierres froides et je te ramènerais jusqu'à moi. On ne m'abandonne pas ainsi... »

Nulle menace dans sa voix, pas plus que dans le mouvement de sa main, qui remit en place une de ses boucles d'or un peu rebelle.

« De toute façon... Crois-tu vraiment que tu pourrais m'abandonner, même sans cela ? »

Il l'embrassa encore, une main derrière sa nuque, mais cette fois il l'atirra ensuite avec lui, écartant doucement ses bras... Pour mieux la serrée dans les siens, son corps nu tout contre son corps nu...

« Voudrais-tu jamais m'abandonner, ma douce amante ? »

La question avait été murmurée tout contre son oreille, d'une voix aussi mélodieuse que son rire, aussi chargé de Magie que tout ce qui était en lui... Une de ses mains passa sur la peau de la jeune femme en une langoureuse caresse...

La jeune femme, qui s'était sans peine laissée attirée à lui, avait aussi gémit doucement sous sa caresse langoureuse. Plus les choses avançaient, et plus Gil-Galad sentait doucement s'attiser les braises de passions dans son corps...

 « Tu me donnes presque envie de m’enfuir, juste pour le plaisir de te voir venir me chercher... »

Le plaisir... Ce n'en serait sans doutes pas vraiment un pour tout le monde,et ça ficherait totalement sa couverture de gentille damoiselle sans histoire aux orties. Le Mage ne ferait probablement pas dans la dentelle... Enfin, disons que ça dépendrait de son humeur du moment. Et en cet instant précis, son humeur était excellente, tandis qu'Olympias entourait sa tête à la brune chevelure indisciplinée de ses bras.

« Crois tu que j’arriverais à partir ainsi alors que tu m’as rendu, en très peu de temps, dépendante ? »

Elle l'embrassa, et il lui rendit son baiser avec la même passion, le même désir. Etrange qu'il puisse désirer une Humaine, mais après tout, « étrange » aurait pu être un de ses noms... Il laissa courir ses doigts dans le cou de son amante.

« Je ne veux pas, et je ne peux pas t’abandonner. »

Bien sûr qu'elle ne voulait ni ne pouvait ! Il le savait parfaitement, avant même de demander quoi que ce soit, mais il lui plaisait de lui entendre dire, qu'elle comprenne toute l'histoire. Visiblement, elle comprenait bel et bien, et n'avait pas l'air de s'en plaindre. Tout était donc pour le mieux. Il lui sourit, heureux de l'instant qui se tissait...

« D’ailleurs… N’en as-tu pas assez que tous te tombent entre les bras ? »

Il rit de nouveau, avant de l'embrasser en la serrant dans ses bras, de son étreinte chaude, tendre et puissante.

« Moi non plus je ne t'abandonnerais pas, douce Olympias. Je n'en n'ais pas la moindre petite envie, vas savoir pourquoi... »

Son sourire pétillait autant que son regard. De plus en plus passionné, il l'embrassa encore, longuement et profondément, avec une passion infinie...

« Et tous ne me tombent pas dans les bras. Je n'ais pas pour habitude d'embrasser les Humaines que je croise, de les prendre dans mes bras... De me dévétir et de les dévétir, pour ensuite m'allonger nu avec elle dans l'herbe verte... »

Ses mains se mirent à courir dans son dos, la massant avec vivacité et agilité, comme seul pouvait le faire un Elfe, passant sur tous l'arrière de son dos...

« Il n'y a qu'avec toi que je me permet toutes ces folies... »

Il l'embrassa encore, serrant encore son corps contre le sien... Ils avaient toute la journée devant eux, après tout.

« Pourquoi voudrais-je de « tous » dans mes bras, je t'ais déjà toi ? »

Avec un éclat de rire joueur, il roula dans l'herbe avec elle, jusqu'à ce qu'ils échangent les places, lui au-dessus et elle en-dessous. Puis il alla de nouveau s'abreuver à ses lèvres...

Avec un sourire aussi charmant qu'étincelant, Gil-Galad sentit la caresse des doigts sur son flanc, et de ses lèvres, de ses dents, sur son oreille. Il pouvait lire dans son regard autant que dans son corps ou son Chant les braises qui s'attisaient en elle... En elle aussi...

« Puis-je savoir ce qui m’a valu l’honneur de toutes ces folies ? »

Il répondit à son sourire par une moue capricieuse, les yeux pétillants. Non, elle ne pouvait pas le savoir... Pas encore tout du moins, même s'il finirait par lui dire. Mais... un peu plus tard, voilà tout. Ainsi le dictaient les vents vagabonds de sa si chaotique Magie et de son âme tortueuse... Qui n'étaient, comme souvent, qu'un seul et unique souffle.

« Je suis une personne dont on se lasse facilement, je deviens prévisible et agaçante… Je n’ai rien de plus que bien des femmes de ton royaume et du mien….. »

Ses doigts coururent sur ses épaules tandis que les siens arrivaient dans sa nuque. Tandis que ses mains descendaient encore un peu dans son cou, en un doux et délicat effleurement, il secoua légèrement la tête. Non, elle n'était pas cela... Ou alors les Humains étaient plus stupide encore que ce qu'il ne pensait. Elle avait retenue son attention, à lui, celui de son instinct fluctuant. C'était un signe qui ne trompait pas... Jamais.

« Pourquoi pourrais tu tous les vouloir… Pour le changement, pour ne pas te lasser, pour le plaisir et l’amusement…. »

Elle l'attirait à elle de sa jambe passée autour de sa taille, et il la laissait faire, tout doucement. Oui, sans doutes aurait-il pu... Sans doutes... Mais ce n'était pas le cas. Il était lui. Inexpliquable et à jamais, probablement, inexpliqué.

« Pour une infinité de chose. »

Un petit rire, léger comme la brume, s'échappa de ses lèvres. Il avait voué sa vie à la Magie... Cette infinité-là lui suffisait emplement...

« Mais tu m’as mal comprise ô grand elfe.. Je voulais savoir ce que cela te faisais de savoir que partout ou tu va, des regards se détourne sur toi, que des rêves particuliers naissent après ta venue ; et que plusieurs me tueraient pour être a ma place a cet instant très précis. Tu es un ange de la perfection Gil-Galad… Et je ne sais pour quelle raison, mais c’est moi que tu as choisis…. »

Il lui rendit son sourire, ne tenant pas compte de sa larme solitaire – il n'y avait pas de tristesse en elle, de toute façon, il le sentait parfaitement – tout en se lovant contre elle, souple comme un fauve au repos, et tout aussi doux...

« Je ne suis pas un courtisan... Je ne cultive pas mon apparence... Ou ma beauté... Ou quoi que ce soit d'autre de ce genre. Il est des Elfes dont la douloureuse perfection blesserait tes yeux mortels. Avec eux je ne cherche pas à rivaliser. »

Ce qu'il ne pourrait pas faire, de toute façon, même s'il l'avait voulu... Ce qui n'était pas le cas une seule seconde. Ce genre de choses n'avait jamais eu d'importance, même dans son enfance orpheline, avant que le Roi ne détecte son potentiel, avant la Magie...

« Je suis un Mage. Le plus grand et le plus doué de tous. Les plus mystérieux aussi. Certains sont attirés par ce mystère, d'autres troublés, d'autres fascinés. Je n'ais pas à m'en lasser, ma douce Olympias. Je suis ce que je suis... C'est largement suffisant. Fuir ou regretter ce que ça entraîne serait stupide et inutile. Autant qu'en totale contradiction avec ma nature... »

Sa bouche vint trouver celle de la jeune femme, pour l'embrasser un long, long, long moment, avec profondeur et passion. Ses doigts dansaient sur sa peau, sans qu'il cherche à les retenir.

« Quant à savoir ce qui t'as valu ceci... Ou la raison de mon choix... Ou ce que tu dis être... Hé bien c'est très simple : j'avais envie de toi. J'ai envie de toi. Primordialement. Pour une tapisserie de raisons. Ne te rabaisse pas... Mon instinct t'as poussée dans mes bras, je te remercierais de ne pas l'insulter. »

Il lui sourit, malicieux, avant de l'embrasser encore. « J'ai envie de toi »... Oui, il avait encore envie d'elle... Maintenant.

« Et pour l'instant... Je ne veux personne d'autre que toi. »