Légende au coin du feu [Enide]

Sujet: Légende au coin du feu [Enide] Ven 5 Juin - 15:40

Quelques jours avant sa douloureuse rencontre avec des brigands en pleine forêt, Edwin et les Carpates avaient posés leurs bagages dans un modeste village bien connu de tous les voyageurs. Cet endroit était au carrefour de plusieurs routes fréquentés, ainsi les auberges ne désemplissaient jamais et pour une troupe comme celle des Carpates, un arrêt dans ce village était une très bonne source de revenu.

La nuit tombait, comme d'habitude s'était à Edwin de clôturer cette journée, le feu commençait à prendre le dessus sur la luminosité solaire. Des voyageurs dissimulés sous des capes de voyage se mêlaient aux villageois mais le public préféré du conteur était assit à ses pieds. Les enfants du village n'auraient guère loupé une occasion comme celle-ci et Edwin les amenaient très volontiers dans son monde. Des rumeurs courraient que des nobles se rendant à Caamelot étaient de passage dans une auberge mais personne ne les avaient vu. Peu être l'un d'eux étaient dissimulés sous une cape et écoutait notre Picte mais Edwin ne cherchait pas à découvrir l'intendité de son auditoire.

A moitié penché au-dessus des enfants, il observait ces yeux tout en contant son histoire, il lui suffisait d'un sourire pour rassurer les petites filles effrayées et d'un haussement de voix pour effaroucher les garçons les plus costaud. Conter les multiples péripéties de son héros intrépide lui prit un certain temps mais jamais il ne perdit l'attention des petits et des grands, lorsque enfin il arriva à la fin de son histoire le soleil disait adieu à cette terre et laissait la place à la lune. Tandis que les autres membres de la troupe récupéraient le généreux pécule des spectateurs Edwin se vu assailli de question et de commentaire par les plus jeunes. Notre Pictes s'accroupit et avec un sourire écouta et répondit à chacun. Puis les enfants s'éloignèrent peu à peu tandis que les Caraptes s'éclipsaient laissant les quelques adultes encore présent discuter librement.

Edwin, toujours accroupi, regarda les derniers enfants s'éloigner bruyamment. Son sourire perdura tandis qu'il se perdait dans ses pensées. L'excitation de son jeune auditoire était tellement plaisant à partager, s'en séparer serait une grande perte pour notre conteur.

Vous êtes un excellent conteur. Grâce à votre talent, bon nombre de mères auront ce soir du mal à coucher leurs enfants!

Edwin sortit de ses pensées au son de cette voix. Il leva les yeux vers la silhouette féminine encapuchonnée qui était suivit de près par une autre demoiselle. Les mains appuyés sur ses genoux, il se redressa en souriant à la nouvelle venue.

C'est possible mais ils en dormiront peu être mieux aussi.

Il n'y avait rien de plus efficace qu'une évasion au pays des rêves pour se reposer de toutes les émotions d'une journée. Edwin avait montré la porte aux enfants à eux de choisir de la passer ou non. Mais revenons à sa nouvelle interlocutrice, cette dissimulation physique laissait la porte ouverte à toutes les hypothèse. Et la présence de cette autre silhouette féminine pouvait très bien laisser penser quelques hautes lignées d'autant plus que Edwin n'était pas le dernier à avoir entendu les dernières rumeurs du village. Mais même si notre Pictes avait à faire à une noble temps qu'elle ne se dévoilerait pas il n'y avait aucune raison de se comporter différemment.

Et vous ? Avez-vous une suggestion, une question ou un avis à me donner ?

Les yeux d'Edwin se plissèrent légèrement tandis que son sourire se teintait d'un doux amusement. Tous les enfants qui s'étaient approchés de lui l'avaient fait pour formuler au moins une de ces choses alors autant continuer dans sa lancée.

Edwin plaqua son bras gauche contre son torse tandis que sa main droite agrippait la toila blanche de la chemise qui recouvrait son coude gauche. Son veston sans manche de cuir noir n'avait encore aucune entaille au niveau du ventre mais témoignait d'une vie bien rempli au grand air. Les habituelles bandes de tissus noirs recouvraient la totalité des avants bras du conteur jusqu'à ses mains, seul ses doigts voyaient la lueur du soleil et de la lune.

Je ne pense pas pouvoir trouver à redire sur votre talent. Néanmoins un peu de musique pourrait rendre vos histoires plus vivantes! Mais il s'agit là de l'art des ménestrels et je ne sais s'il vous plairait.

La réponse de la mystérieuse demoiselle s'avéra encore plus intéressante que prévu et notre Picte bascula, l'espace de quelques secondes, dans la réflexion. Il ne mit guère longtemps à répondre à cette judicieuse suggestion.

Cette absence de mélodie ne vient que du fait de mon passé. Aucuns instruments de mon village n'aurait su accompagner une histoire telle que j'ai conté ce soir. Mais il est vrai que depuis que je voyage j'ai rencontré bien des sons qui sauraient s'assembler à merveille aux contes.

Edwin observa le manège des deux demoiselles et à la vu de cette saynète le conteur en vint à fortement soupçonner d'avoir affaire à une demoiselle de haut rang. Mais notre ami n'avait aucun mal à se comporter normalement avec de telle personne, chez lui, même un roi est traité d'égal à égal, lui même était prince et n'avait que faire d'un respect non mérité ou feint.

Puis-je m'asseoir un moment près de votre feu ? La soirée est un peu fraîche et je n'ai pas encore envie de rentrer.

La question de son interlocutrice sortit le Pictes de sa songerie, il s'aperçut alors simultanément que la suivante s'était éloigné et que la demoiselle avait retiré le haut de sa cape. Edwin sembla quelques instants se perdre dans l'observation des fines lignes du visage de la jeune femme. Puis revint au présent d'un clignement de paupière et le sourire qu'il avait distraitement perdu revint rapidement s'installer sur ses lèvres.

Bien sur, prenez place je vous en prie.

Zacharie s'était éclipsé pour la nuit, Mazareth devait être en train d'aider Livia dans une quelconque tâche ou peu être était-ce l'inverse. Quand à Ysatis ... peu être attendait-elle le moment propice pour se montrer. Mais le duo n'était pas totalement seul des petits groupes d'hommes s'attardaient et discutaient de sujets diverses et variés. Edwin désigna donc les rondins disposés autour du feu, rien à voir avec un quelconque trône mais parfois la simplicité des choses rendait la vie plus agréable. Lorsque la jeune femme eu prit place le conteur fit de même, il ne manqua pas l'éclat brun doré dans une des mains de son interlocutrice mais ce n'est qu'une fois assit qu'il découvrit la lyre.

Assit sur un rondin Edwin se perdit dans la contemplation de la lyre qui avait trouvé sa place sur les genoux de la demoiselle. L'objet était certes beau mais notre conteur s'éclipsa rapidement dans le confins de ses pensées s'éloignant bientôt totalement de la musique pour tomber dans la nostalgie. Seule la voix de son interlocutrice le ramena, il releva ses yeux bleu sur elle et sourit.

Edwin

Peu être savait-elle déjà son nom s'il était là depuis le début de son histoire mais le conteur préférait jouer la sureté en se présentant lui aussi. Son mince sourire s'agrandit tandis que Enide se livrait à quelques confidence maintenant il en était certain. Cette demoiselle faisait partit des nobles qui avait fait escale dans ce village pour la nuit. Edwin détacha son regard de son interlocutrice, attrapa une mince tige de bois qui avait échappé au feu en tombant tout près du foyer et plongea une partie dans les flammes.

Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait.

Tandis qu'il murmurait cela le visage d'Edwin se ferma, l'espace de ces quelques mots il sembla se morfondre dans des souvenirs douloureux. Mais subitement il retrouva le sourire se visage se détendit et ses yeux rencontrèrent ceux de Enide.

Vers Caamelot ? C'est également notre route même si elle doit être plus tortueuse que la votre.

En effet la troupe avait prévu bien des escales avant d'arriver à la cité. Alors que ces nobles et chevalier devaient avoir prévu une route beaucoup plus droite et courte, ne voulant surement pas s'attarder sur ses plaines qui pouvaient être hostiles.

Vous avez l'air d'être habitué aux voyages, cela doit être tellement merveilleux de vivre au gré du vent.

Le vent ne nourrit pas malheureusement et il ne protége pas de tout les dangers. S'il le faisait je serais ravi de vivre ainsi. Mais c'est vrai que l'on peut ressentir un vent de liberté lorsque l'on voyage ainsi et j'avoue que c'est une sensation exaltante.

Edwin observait le feu et peu à peu les flammes semblèrent chasser cette vague noir de souvenir et de nostalgie. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être aussi morne, c'était sans doute l'impression de fondre dans la gueule du loup de Caamelot qui lui faisait cela ... Quoiqu'il en soit, le conteur s'interdit de retomber à nouveau dans ce genre de dérive, il n'était pas fait pour ruminer le passé. Le sourire franc du Pictes revint et ses yeux se tintèrent de leur habituelle étincelle de douceur et de curiosité.

Vous avez raison. Après tout les chevaliers de ces terres travaillent dans ce but.

Même si ces Bretons menaçaient et occupaient sans regret la terre des Pictes ... Edwin chassa ces pensées, à quoi bon repenser à ça, ses origines il les avaient laissé loin derrière lui pour mieux fuir. Le regard d'Edwin se posa sur la demoiselle qui semblait à son tour se débattre avec son esprit. De tout évidence elle estimait que ses envies de voyage et de découverte ne seraient jamais satisfait. Ce qui était en partie possible étant donné son rang et sa condition de femme. Encore une aberration Bretonnes ...

Temps que votre esprit pourra voyager il pourra vous mener où vous le souhaitez. Les pays où lui vous emmènera seront, pour la plupart, plus merveilleux que la réalité.

Edwin observa le visage d'Enide cherchant les mots capable de sortir ce doux visage de la mélancolie dans laquelle il l'avait plongé. L'homme fit une légère moue d'étonnement lorsque la demoiselle s'excusa de ses propos.

Vous n'avez pas à vous excuser de mot qui sortent du cœur.

Edwin qui observait la demoiselle tourna son regard vers le feu lorsque cette dernière répondit. La commissure de ses lèvres tressauta l'espace de quelques seconde, formant un sourire amusé qu'il effaça bien aussitôt par politesse. Ce n'était pas d'Enide dont il se moquait mais plutôt du concept qu'elle venait de défendre. A cacher ainsi les paroles de son âme on pouvait perdre énormément mais cela il l'avait apprit par lui même et c'était sans doute un passage obligatoire pour comprendre l'absurdité qui se cachait derrière le voile.

Edwin entreprenait de faire griller une brindille qui avait échappé au bucher lorsque la demoiselle reprit la parole. L'homme leva donc son regard bleu sur son interlocutrice tout en préservant un sourire serein qui s'accentua lorsqu'il lui répondit.

Ce que je vois c'est une jeune femme partagé entre deux envies dévorantes, toutes les deux la mèneront au milieux de joie et de peine. Mieux vaut cela qu'un chemin de peine.

Edwin se tourna vers sa brindille, il plongea sa pointe dans le feu et, lorsqu'elle s'enflamma, la retira pour observer, d'un air distrait, les minuscules flammes la consumer. Notre Pictes ne redressa pas son visage lorsque Enide reprit la parole il conserva son sourire tandis qu'une certaine crainte mêlé à une pointe de méfiance lui firent légèrement hausser les sourcils. Mais cela ne dura pas longtemps, il était passé maître dans la dissimulation et savait parfaitement comment jouer de cette discipline. Et la demoiselle semblait plus être dans la perspicacité et la sincérité plutôt que dans le véritable intérêt et curiosité.

Il y a des poids qu'il faut porter seul car on perdrait beaucoup plus en le partageant que en le gardant pour une seule personne.

Edwin lâcha la brindille enflammé des yeux et essaya de transmettre silencieusement le message qu'il n'en dirait pas plus et que le sujet était clos. Toujours souriant paisiblement il bascula son regard sur le feu où il lança le bout bois.

Sujet: Re: Légende au coin du feu [Enide]